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Le professeur Marc Chesney, enseignant en finance à l’Université de Zurich, prédit un possible krach sur des marchés, où règne ce qu’il qualifie de «finance-casino». Au micro de Sputnik, Josse Roussel, professeur à la Paris School of Business, partage cette inquiétude. En cause notamment, la dette et l’opacité des produits dérivés.
«Un krach est probable. Tous les signaux sont au rouge: pandémie, environnement, instabilité financière.» Dans une récente interview au quotidien suisse Tagesanzeiger, le professeur Marc Chesney qui enseigne la finance à l’Université de Zurich, s’est livré à de sombres prédictions, notamment si, comme que le craignent de nombreux investisseurs, les taux devaient remonter.
Des inquiétudes que partage au micro de Sputnik Josse Roussel, professeur à la Paris School of Business et chercheur sur la finance et les politiques monétaires, la numérisation du management et le capital humain:
«Les taux d’intérêt sont si bas qu’ils ne peuvent plus baisser et si d’aventure ils venaient à remonter, cela entraînerait une réaction en chaîne, car beaucoup d’acteurs ne pourraient pas soutenir les niveaux de dette qui ont été accumulés.»
Selon le maître de conférences à l’université de Paris VIII, ces derniers sont en hausse tant chez les acteurs privés que pour les États, qui ont dû augmenter massivement leurs dépenses à cause de la pandémie. «Après une courte période de réduction de l’endettement suite à la crise de 2008, nous sommes repartis vers des sommets inégalés», explique-t-il.
Une économie qui a perdu en potentiel de croissance
Josse Roussel note que cette augmentation de la dette a également concerné un certain nombre de pays émergents, comme la Chine: «L’économie chinoise performe plutôt bien depuis la crise de 2008, mais cela s’est fait au prix d’un endettement considérable, notamment du secteur privé.»
«Cet endettement massif au niveau mondial est un facteur de risque pour l’économie, car il est susceptible de provoquer des défauts de paiement», prévient Josse Roussel.
L’espoir se situe au niveau des campagnes de vaccination qui pourraient permettre une sortie de crise et un rebond économique, estime le professeur de la Paris School of Business. Mais ce dernier prévient: «Il s’agira d’un rattrapage par rapport aux récessions et aux dégâts économiques entraînés par le Covid.»
«On va se retrouver à la sortie de cette pandémie avec un endettement considérable des acteurs privés et publics, une économie qui a perdu en potentiel de croissance et des marchés financiers qui sont complètement déconnectés de l’économie réelle», poursuit-il.
D’après Marc Chesnay, l’environnement de «crise permanente de la finance-casino» illustré récemment par le séisme Archegos est propice à un incident majeur. Pour mémoire, Archegos, fonds d’investissement spéculatif chargé de faire fructifier la fortune de l’homme d’affaires Bill Hwang, s’est trouvé au centre d’une débâcle qui a fait trembler plusieurs Bourses. Le 26 mars, Archegos n’a pas été en mesure de couvrir ses appels de marge suite à des investissements hasardeux dans des produits dérivés.
Le tout a entraîné la liquidation de nombreux titres. Bloomberg a parlé de plus de 20 milliards de dollars quand le Wall Street Journal évoquait près de 30 milliards. Déjà mis en difficulté par le scandale Greeensill, Crédit suisse a fait partie des établissements les plus touchés par le fiasco, Les Échos évoquant le 13 avril des pertes d’un montant de 4,7 milliards de dollars.
Les produits dérivés sont problématiques pour Marc Chesney. De nombreux spécialistes de la finance dénoncent régulièrement la place trop importante qu’ils prennent sur les marchés. Ce sont déjà eux qui ont été à l’origine de la crise financière de 2008.
Produits dérivés en Suisse: 26.000 fois le PIB du pays
S’il est très difficile d’obtenir des chiffres précis quant aux montants en jeu, en octobre 2018, l’Autorité européenne des marchés financiers a publié des données concernant 2017, qu’ont relayés Les Échos: «Les montants notionnels des CDS, swaps de taux, futures sur matières premières et autres Contracts for difference ont progressé de 9% en 2017 pour atteindre 660.000 milliards d’euros en notionnel.» Quant à Marc Chesney, il estime que la valeur nominale des produits dérivés pour la Suisse équivaut à 26.000 fois le PIB du pays…
«Le problème principal des dérivés est leur opacité. Il est très compliqué de savoir qui sont in fine les porteurs du risque lié à ces produits financiers. C’est souvent une fois l’incident révélé que l’on perçoit la véritable chaîne des risques et ceux qui seront touchés», souligne Josse Roussel.
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