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L’UFC-Que Choisir lance un avertissement. D’après l’association, des établissements de crédit semblent «bien décidés à tirer profit de la crise». Dans une étude choc, elle estime que les défauts de paiement pourraient augmenter de 40% en 2021. Analyse.
C’est un véritable cri d’alarme que lance l’UFC-Que Choisir. La célèbre association de défense des consommateurs a publié le 16 décembre une étude choc afin de sensibiliser ses lecteurs «à la déferlante attendue des difficultés de remboursement des crédits à la consommation».
L’@UFCquechoisir rend publique une étude qui lève le voile sur la distribution irresponsable du #crédit#conso, pour les consommateurs comme pour l’économie, et appelle à la prudence avant de souscrire un crédit à la #consommation.
▶️ https://t.co/RHwC1mGSwvpic.twitter.com/vRlr266YIs— UFC-Que Choisir (@UFCquechoisir) December 16, 2020
Malgré une situation compliquée pour beaucoup de ménages français, crise du Covid-19 oblige, l’UFC-Que Choisir note que «les difficultés budgétaires n’atténuent pas les tentations» et que «les établissements de crédit semblent bien décidés à tirer profit de la crise».
«Leurs vannes sont si grandes ouvertes que le débit du crédit conso a battu un record vieux de la dernière crise, en 2012 (3 milliards d’euros sur le seul mois de juin)», explique l’association.
L’UFC-Que Choisir avance des chiffres qui donnent le tournis: «Les crédits conso en défaut pourraient, selon nos estimations, dépasser les 12 milliards d’euros (+40%) en 2021.» Une situation provoquée notamment par la perspective d’une forte augmentation du chômage. Comme le souligne l’association, «900.000 consommateurs s’apprêtent à perdre leur emploi» alors que le second confinement vient de s’achever et que la France n’est pas à l’abri d’une troisième vague et donc d’un nouveau coup d’éteignoir sur l’activité.
Des «établissements prêteurs pyromanes notoires»
Ce scénario noir apporterait encore son lot de drames économiques, comme le rappelait récemment au micro de Sputnik Bruno Ducoudré, économiste du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE):
«Évidemment, ce serait terrible pour l’économie, car cela toucherait encore les mêmes secteurs. Malgré les aides apportées, plus ces derniers sont durablement impactés, plus l’on va voir les faillites s’enchaîner et les emplois être détruits.»
À ce contexte économique difficile, porteur d’accidents financiers dans les ménages, s’ajoute, d’après l’association, l’attitude des établissements de crédit. Ces derniers rivaliseraient d’inventivité pour diffuser des publicités «pousse-au-crime»:
«Quand Sofinco incite à souscrire des crédits qui pourront être remboursés après les fêtes, ses confrères de la location de longue durée (LLD) automobile, comme Toyota Financement, proposent des reports de loyer de six mois!»
De quoi attirer des clients en difficulté, susceptibles de se retrouver pris au dépourvu quand l’échéance sera venue. L’UFC-Que Choisir ne mâche pas ses mots et parle d’«établissements prêteurs pyromanes notoires»:
«À ces pratiques irresponsables, loin d’un prétendu « crédit responsable », vient s’ajouter une distribution bien trop laxiste. Avant même la crise, les banques françaises ont ainsi accumulé 9 milliards d’euros de dette que leurs clients ne sont pas capables d’honorer. Par ménage emprunteur, ces impayés dépassent 1.000 euros, soit près de dix fois plus qu’en Allemagne.»
Tous les établissements ne se valent pas selon l’étude. Si 2,7% des crédits à la consommation français sont en défaut, certaines banques dépassent largement la moyenne. C’est le cas de la Société générale avec 5,6% d’impayés et de BNP Paribas avec un mauvais score de 7,1%. D’autres, tels que le Crédit mutuel ou le groupe BPCE, font office de bons élèves avec des taux de défaut inférieurs à 2%.
Alors pas assez regardants, les établissements de crédit? Ce n’est pas l’avis de la Fédération bancaire française (FBF), invitée par l’AFP à réagir à la publication de l’UFC-Que Choisir. D’après elle, «les banques sont engagées à accompagner les clients dans leurs projets, et ne partagent pas les constats alarmistes de l’UFC-Que Choisir».
Ainsi, d’après la FBF: «Les indicateurs permettent de montrer que les taux de défaut sont bas, comme l’ont d’ailleurs confirmé les autorités récemment, et que, même dans les circonstances actuelles, les risques sur les crédits aux particuliers évoluent très peu.»« Les banques sont extrêmement attentives sur ce point et sont mobilisées pour prévenir la montée des difficultés et faire face ensemble», ajoute-t-elle.
L’organisme professionnel qui représente 340 banques rejette également toute accusation de négligence dans l’attribution des prêts. Il assure que «les banques prêtent de manière responsable». D’ailleurs, il souligne qu’elles n’ont «aucun intérêt à voir leurs clients ne pas pouvoir payer».
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