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Emmanuel Macron a évoqué la nécessité d’«inventer un deuxième temps de la relance» afin de soutenir la reprise économique post-Covid. Pour l’économiste Philippe Herlin, il s’agit surtout d’un calcul politique visant à éviter une vague de défaillances d’entreprises avant l’élection présidentielle de 2022. Il a confié son analyse à Sputnik.
Alors que seulement 30 milliards d’euros sur les 100 du plan de relance ont été engagés et que la France n’a toujours pas reçu le premier versement au titre du plan de relance européen, Emmanuel Macron évoque déjà un possible soutien supplémentaire.
Le gouvernement n’écarte plus un deuxième plan de relance
➡️Bien sûr, il faut éviter que l’inévitable tsunami de faillites ne se produise avant l’élection présidentielle ! Alors allons-y, endettons-nous encore plus…https://t.co/wZqebUijx0— Philippe Herlin (@philippeherlin) May 3, 2021
Le 30 avril, le chef de l’État a évoqué une «grande concertation» dans les prochains mois afin d’«inventer un deuxième temps de la relance». Pour le moment, le flou règne quant à savoir quelle forme cette initiative prendra. Le locataire de l’Élysée a parlé d’«une simplification drastique, un réinvestissement dans les secteurs dont nous avons le plus besoin et une accélération».
Et quid d’un nouveau shoot d’argent public?
«C’est extrêmement tentant pour le gouvernement. La politique de taux zéro est un véritable pousse-au-crime. Cela ne coûte quasiment rien de s’endetter. La charge d’intérêt a baissé ces dernières années alors que la dette a fortement augmenté», analyse au micro de Sputnik l’économiste Philippe Herlin.
L’auteur de France, la faillite? (Ed. Eyrolles) faisait récemment remarquer sur Twitter que «de 2010 à 2020, la charge d’intérêt a baissé de 20 milliards d’euros alors que la dette a augmenté de 770 milliards d’euros», traitant au passage les gouvernements successifs d’«irresponsables».
«Les dettes anciennes, qui étaient remboursées avec des taux d’intérêt relativement élevés, se renouvellent avec un taux proche de zéro», ajoute l’expert.
Un constat fait par l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) qui estimait fin janvier que Paris pourrait doubler le plan de relance de 100 milliards d’euros en profitant de ces conditions d’endettement favorables.
«L’objectif de Macron n’est pas de relancer l’économie»
Des conditions permises par la politique monétaire ultra accommodante de la BCE qui, en plus de garder des taux proches de zéro, a acheté «la quasi-totalité» du surplus de dette causé par le Covid-19, note Philippe Herlin. Le bilan de l’institution dirigée par Christine Lagarde avoisine les 7.500 milliards d’euros. Une somme qui représente les deux tiers du PIB de la zone euro.
Les gouvernements s’en fichent d’augmenter la dette de la France parce qu’avec la baisse des taux d’intérêt, elle coûte de – en- cher
➡️«De 2010 à 2020, la charge d’intérêt a baissé de 20Md€ alors que la dette a augmenté de 770Md€»
Les irresponsables
✅ https://t.co/kXEymAgEYZpic.twitter.com/PMuMXPpAzh— Philippe Herlin (@philippeherlin) May 3, 2021
En attendant, l’exécutif français va tendre l’oreille aux élus locaux et autres acteurs économiques durant l’été. «On fera le bilan à l’été de tous les dispositifs» et de la situation économique, a expliqué le 3 mai sur RTL le ministre de l’Économie Bruno Le Maire. Il a précisé qu’il faudrait attendre septembre pour évaluer «à ce moment-là s’il est utile pour le pays […] de rajouter ou non de l’argent dans le plan de relance».
«Ma conviction est que l’objectif de Macron n’est pas de relancer l’économie. Il veut éviter une vague de faillites avant la présidentielle», estime pour sa part Philippe Herlin.
Ce dernier met en avant le différé d’un an accordé pour les remboursements des prêts garantis par l’État (PGE). De quoi, selon lui, gagner du temps et éviter un certain nombre de faillites. Au 16 avril, 137,3 milliards d’euros avaient été accordés par les banques avec une garantie de l’État. La très grande majorité des prêts avaient été octroyée à des très petites entreprises (88,48%).
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