[ad_1]
A la tête de la Cour des comptes, a fait part de son inquiétude concernant l’explosion de la dette publique française. Elle pourrait en effet selon lui atteindre prochainement 140% du PIB. Un contexte «qui risque de peser sur les prochaines générations». Au micro de Sputnik, l’économiste Bruno Tinel donne une tout autre version.
«La dette a autant augmenté en quelques mois qu’au cours des dix années précédentes.» Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, a tiré la sonnette d’alarme dans les colonnes du Parisien. D’après l’ancien commissaire européen, l’explosion de la dette publique qu’a entraîné la crise du coronavirus est un problème à ne pas sous-estimer.
Pierre Moscovici : «A la fin, il faut bien que la dette soit remboursée»
➡️ https://t.co/x1iXS9P7EIpic.twitter.com/jgzz6zc5wZ— Le Parisien Politique (@leParisien_pol) October 3, 2020
Selon les chiffres donnés par Pierre Moscovici, la dette publique française était d’environ 2.400 milliards d’euros avant l’épidémie de Covid-19, soit presque 100% du produit intérieur brut (PIB). Au deuxième trimestre, elle a augmenté de 200 milliards d’euros pour atteindre 114,1% du PIB fin juin, selon l’Insee. Cette augmentation de 12,7 points par rapport à fin mars représente la plus forte hausse jamais enregistrée depuis 1995 et le début de la publication de ce type d’indicateur.
«Quelque chose est en train de se passer»
«Entre le coût de la crise sanitaire et les effets de la crise économique, la dette a augmenté de l’ordre de 6.500 euros par Français… C’est dire l’ampleur du problème. Ne le sous-estimons pas», s’alarme Pierre Moscovici dans son interview au Parisien. D’après lui, sans maîtrise des dépenses, la dette pourrait prochainement atteindre 140% du PIB.
Economiste aux positions hétérodoxes, auteur de l’essai «Dette publique: sortir du catastrophisme» (éd. Raisons d’agir, 2016), Bruno Tinel se dit quant à lui «très inquiet», mais «pas pour les mêmes raisons que Pierre Moscovici»:
«Comme Pierre Moscovici, beaucoup s’inquiètent de l’ampleur de la dette. Est-ce cela le plus préoccupant ou l’état dans lequel se trouve l’économie, les faillites à venir et les gens qui perdent leurs emplois?» s’interroge, au micro de Sputnik, l’économiste Bruno Tinel, maître de conférences à l’université Paris 1.
Face au désastre économique provoqué par la pandémie, le gouvernement a décidé de maintenir tant bien que mal l’économie à flot, notamment par un dispositif de chômage partiel, des exonérations de charges et des prêts garantis par l’État. Une stratégie qui coûte très cher. Le plan de relance présenté en septembre par l’exécutif se chiffre à 100 milliards d’euros. «À période exceptionnelle, réponses exceptionnelles. Il était nécessaire de sauvegarder l’économie et la cohésion sociale. Mais cela rend la mission de la Cour d’autant plus nécessaire: dépenser beaucoup impose de dépenser bien», lance au Parisien Pierre Moscovici.
«Une trajectoire de dette à la hausse indique que quelque chose est en train de se passer et qu’il faut donc la modifier. Mais pour ce faire, il convient de s’interroger sur les raisons de l’augmentation de cette dette. Elle ne se fabrique pas toute seule et résulte d’une politique économique. Comment cette politique est-elle menée et dans quel contexte macro-économique?», questionne Bruno Tinel.
Actuellement, la France bénéficie de conditions d’emprunt exceptionnelles avec un taux à dix ans à environ -0,25%. Comme le souligne Pierre Moscovici, le pays «a beaucoup d’atouts». Mais il rappelle également que «les taux finiront bien par remonter un jour».
L’un des risques identifiés concerne le plan de relance de l’Union européenne, qui se chiffre à 750 milliards d’euros, sur lequel les 27 se sont mis d’accord le 21 juillet. Le processus de ratification de ce dernier est toutefois encore bloqué par la Hongrie et la Pologne. Varsovie et Budapest mettent la pression sur leurs partenaires car ils veulent des précisons sur le mécanisme qui doit conditionner le versement des aides au respect de l’état de droit. De quoi faire capoter le plan de relance et provoquer une hausse des taux sur le marché obligataire? Pierre Moscovici se refuse d’y croire, comme il l’a expliqué au Parisien: «La reconnaissance par l’Union européenne d’une solidarité et d’une réponse collective et massive est une conquête absolument essentielle. C’est un plan d’intérêt général. Il n’y a pas d’alternative.»
Ce dernier est une petite révolution en Europe. Pour la première fois, l’Union dans son ensemble fera appel aux marchés obligataires pour lever 390 milliards d’euros, qu’elle redistribuera aux pays et régions les plus touchés par la crise. Un pas vers une mutualisation de la dette au niveau européen? Pour Pierre Moscovici, nous en sommes encore loin: «Certains enfin misent sur une mutualisation de cette dette avec le plan européen. Il représente une percée fondamentale mais il reste limité.»
Annuler la dette?
Pour Bruno Tinel, ce n’est pas vers l’Europe qu’il faut regarder en priorité: «Je partage l’idée qu’il serait souhaitable d’avoir davantage de solidarité au niveau européen. Mais ira-t-on plus loin que ce qui va se faire dans le cadre du plan de relance? Je ne sais pas. Selon moi, c’est d’abord la solidarité au niveau national qui prime.»
[ad_2]