Pénurie d’acier : les prix s’envolent, les délais explosent !

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Désormais, c’est la pénurie d’acier qui menace nos industries. Si l’on pense bien évidemment en premier à l’automobile décidément bien malmenée, ce n’est pas le seul secteur industriel à consommer de l’acier. Vélos, électroménager, et même ameublement, l’acier est omniprésent bien que dans des quantités forts disparates.

Partout les tensions se font sentir, les prix s’envolent avec une hausse de 25 % et surtout les délais de livraison se comptent en mois. 3 à 4 mois actuellement pour être plus précis ce qui entraîne des arrêts de chaînes de production et aussi d’entreprises entières.

Voici quelques extraits de cet article du Moniteur qui revient sur la situation du secteur de l’acier.

« D’une disponibilité quasi-immédiate on est passé à des délais plus longs, jusqu’à même 3 ou 4 mois sur certaines familles de produits », confirme Maxime Poux. « La fièvre sur les prix a commencé par les tôles puis les tubes du côté de la filière minerai, puis ça a atteint la filière ferraille… »

« La filière « minerai », ce sont les produits des hauts-fourneaux soit les tôles et les tubes d’acier. Ces produits qu’on utilise, galvanisés, pour la construction modulaire, la signalisation routière, le mobilier urbain. Alors que la tonne d’acier de hauts-fourneaux se négociait autour de 250 € avant novembre, elle tourne aujourd’hui autour des 600 € ».

De 250 euros à 600 euros la tonne nous sommes loin d’une augmentation de 25 %, nous parlons plutôt d’une hausse de 240 %!!! Diantre, cela fait bigrement beaucoup en si peu de temps.

Quelles sont les raisons d’une telle envolée ?

« Avec la crise sanitaire, l’arrêt brutal de l’activité industrielle en Europe mi-mars, et un effondrement de la demande finale, les sidérurgistes ont décidé d’arrêter les hauts fourneaux », explique Laurent Clisson, dirigeant de la branche acier du groupement de négociants Socoda. « Une dizaine ont été arrêtés, ce qui représentait environ 50 % de la production européenne ! Avec le redémarrage économique au printemps, tant que la demande est restée faible les stocks ont suffi », poursuit Laurent Clisson. « Puis à l’été la situation s’est rééquilibrée. Et à partir de la rentrée de septembre il y a eu un redémarrage progressif de la demande. Mais en parallèle les producteurs ont fait le choix de ne pas redémarrer les hauts-fourneaux. Les stocks excédentaires se sont épuisés mais la demande a continué à croître puis s’est envolée à la fin de l’année. Ce décalage entre le manque d’offre et une forte demande a créé des tensions sur les prix que nous négocions, de gré à gré, au mois le mois ».

Des tensions d’autant plus fortes que l’importation s’est tarie. « Depuis deux ans, l’Union européenne avait mis en place des quotas d’importation », explique Laurent Clisson. « Les pays exportateurs ont épuisé leurs quotas qui n’ont pas été renouvelés et ils se sont tournés vers l’Asie notamment ».

La hausse brutale des prix s’est donc accompagnée également d’une raréfaction des produits voire d’une pénurie, notamment sur les produits galvanisés.

D’ici quelques semaines nos usines seront contraintes de s’arrêter dans leur grande majorité faute de composants électroniques en nombre suffisant, mais également d’acier.

Toujours dans les semaines à venir d’autres pénuries vont se faire jour et devenir problématiques.

Quelles seront les conséquences de ces multiples pénuries ?

Une baisse importante de la productivité globale.

Une augmentation des coûts sociaux liés au chômage technique en plus du chômage partiel largement utilisé actuellement.

Une baisse de la production, et donc de l’activité et du CA notamment de nos entreprises industrielles et du secteur du BTP.

Il y aura donc in fine un impact visible sur la croissance économique française que l’on peut chiffrer au doigt mouillé et au moment où j’écris ces lignes à un point de PIB et de croissance si ces pénuries sont peu durables.

Il y aura aussi un impact sur les finances publiques puisqu’il y aura plus de dépenses sociales et moins de rentrées fiscales puisque moins d’activité.

Ce n’est pas une bonne nouvelle, et les services de Bercy comme les économistes et autres prévisionnistes ne travaillent pas suffisamment sur cette problématique des pénuries en particulier industrielle.

Ce qui se passe pour l’acier, se passe en réalité pour presque tout.

La crise sanitaire et l’arrêt de l’économie en mars 2020 a nécessité de redimensionner rapidement les niveaux de production qui ont été réduits drastiquement. La « reprise » bute donc sur les capacités de remise en route de l’ensemble de l’industrie mondiale, une industrie globalisée et interconnectée.

L’absence de visibilité n’incite pas ni à investir ni à redémarrer les usines trop vite.

Les chaînes logistiques sont très tendues parce que désorganisées et fragilisées par 12 mois de pandémie et de perturbations majeures dans les échanges.

Les mesures barrières, la distanciation sociale et autres mesures de lutte contre la pandémie viennent fracasser les niveaux de productivité atteints et il n’est pas possible de faire autant qu’avant, tout marche au ralenti.

En conclusion ?

Le redémarrage sera plus poussif que ce que l’on pouvait attendre à la lecture des prévisions enthousiastes des mamamouchis en charge de l’économie.

Le rebond sera moins fort que prévu, les comptes de la nation encore plus dégradés.

Mais, ce n’est pas grave.

Les bourses montent.

Logique.

C’est la fameuse règle du plus c’est pourri plus c’est une bonne nouvelle car les banques centrales seront encore obligées de verser plein de sous dans l’économie, ce qui profitera aux marchés financiers à défaut d’être utile aux populations.

Restez à l’écoute.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

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