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Au lendemain d’une brusque chute des prix du pétrole, pour lequel Moscou et Riyad ont été désignés comme responsables, le géopoliticien Philippe Sébille-Lopez revient dans un entretien accordé à Sputnik sur les causes y ayant conduit et évalue les motivations et intérêts des acteurs majeurs du marché du brut.
Donald Trump a réagi lundi 9 mars sur son compte Twitter à la baisse record des prix du pétrole: «C’est bon pour les consommateurs, les prix de l’essence sont en baisse». Cette déclaration suit celle où il fait porter la responsabilité de la crise pétrolière à la Russie et à l’Arabie saoudite, à leur désaccord. Dans son analyse pour Sputnik, le géopoliticien Philippe Sébille-Lopez, spécialiste des hydrocarbures et directeur de Geopolia (cabinet d’études, conseil et formation en géopolitique et intelligence économique), précise que «par rapport au choc pétrolier auquel on assiste, chaque pays va avoir sa vision des causes de la crise».
«Quand M.Trump accuse l’Arabie saoudite et la Russie du choc actuel, on peut dire que c’est une des causes», précise Philippe Sébille-Lopez. «Si on remonte plus loin dans le temps, l’autre cause, c’est la forte hausse de la production des pétroles de schiste américains. Tout dépend de l’angle sous lequel on se place».
Pour l’expert, l’Arabie saoudite répond au refus de la Russie, de son côté la Russie a refusé parce que, depuis un certain nombre d’années, «à chaque fois que la production de pétrole de schiste américain augmente, c’est l’Opep plus la Russie et une dizaine de pays qui réduisent leurs quotas de production».
En se plaçant du point de vue de Moscou, Philippe Sébille-Lopez considère que son refus peut se justifier par le fait que la Russie voit la situation des pétroles de schiste américains comme «bien moins bonne qu’elle n’était lors de la dernière grosse baisse des cours du brut entre fin 2014 et 2016». La situation «moins bonne» s’explique par le fait que les compagnies pétrolières américaines officiant dans le domaine du pétrole de schiste «ne versaient à l’époque aucun dividende aux actionnaires et aux capitaux investis». Mais depuis les années 2018-2019, ces compagnies pétrolières sont obligées de verser ces dividendes aux investisseurs suite aux pressions des investisseurs.
«Le rapport de force aujourd’hui avec le pétrole de schiste américain n’est plus du tout le même qu’après le précédent choc pétrolier [de] 2014-2016», détaille Philippe Sébille-Lopez.
Mais qu’attend les grosses compagnies américaines, telles Exxon ou Cheron qui ne sont arrivées que récemment dans le secteur du pétrole de schiste? Comme l’explique Philippe Sébille-Lopez, elles bénéficient d’un avantage: elles ont des projets ailleurs et ne dépendent donc pas exclusivement d’une source de revenus.
«Comme [ces acteurs, ndlr] avaient beaucoup investi dans ces pétroles de schiste, ils vont avoir une année très difficile. Ils pourront en partie compenser par ce qu’il se passe ailleurs. La baisse est globale, cela va être très, très délicat pour ces compagnies».
Les seuls qui vont gagner à court terme, ce sont évidemment les consommateurs de carburant particuliers.
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