La pièce d’or, témoin de l’histoire politique et de la puissance des nations

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Quel est le point commun entre les statères d’or de Philippe de Macédoine, l’aureus romain, le Louis d’or, le Napoléon ou le Souverain britannique ? Chacune de ces pièces d’or a été la pierre angulaire d’une puissance politique, économique ou militaire à une période de l’histoire. Pour certaines, ce sont aussi des pièces qui restent une référence pour les investisseurs. Après avoir marqué leur époque, elles ont conservé des qualités reconnues. Pour d’autres, c’est une façon d’essayer d’asseoir la puissance du pays sur la scène internationale.

Napoléon 20 Francs : témoin de l’histoire politique de la France de 1803 à 1914

La place occupée par le Napoléon 20 Francs, tant auprès des investisseurs que des collectionneurs, tient à plusieurs éléments. Elle a d’abord une valeur historique et politique importante. Elle est frappée dès 1803 pour prendre la place du Louis d’or qui termine sa carrière avec Louis XVI. C’est la pierre d’angle d’un nouveau système monétaire basé sur le bimétallisme. Elle doit représenter la France à l’international, dans un contexte de changement politique profond et de rayonnement culturel français. Elle sera frappée en continu, du début du XIXème siècle et ce pendant plus d’une centaine d’années. Au total, ce sont 500 millions de Napoléon 20F qui seront frappés, soit 2900 tonnes d’or. C’est plus que le stock actuel de la Banque de France (2500 tonnes environ).

Mais cette pièce n’est pas uniquement liée à Napoléon Bonaparte. Elle va en fait connaître plusieurs versions et c’est véritablement à partir de 1852 qu’elle circule le plus.

Avec le Second Empire, sous Napoléon III, la France est dans une période de forte croissance économique et le Napoléon 20 Francs est au cœur de cette dynamique commerciale : c’est une pièce frappée pour circuler et s’échanger. Le Napoléon 20 Francs tête laurée par exemple, ou la Marianne Coq 20 Francs qui est frappée jusqu’en 1914. La pièce se décline aussi avec des valeurs faciales de 10 francs (demi-Napoléon), ou de 50 francs.Publicité

La pièce en or française socle de l’Union latine

Plus qu’économique, le Napoléon 20 Francs est aussi une référence européenne avant l’heure. C’est la pièce de référence pour l’Union latine. Dans ce système monétaire commun mis en place avec la Belgique, la Suisse et l’Italie à partir de 1865, les pièces sont frappées aux mêmes dimensions, et avec le même poids en or : 5,81 grammes d’or fin pour un poids total de 6,45 grammes et un diamètre de 21mm. Le Napoléon 20 Francs peut ainsi être utilisé pour commercer en Suisse ou en Belgique, tout comme la 20 Francs Vreneli ou la lire Marengo peuvent être utilisées à Paris. D’autres pays rejoignent l’Union latine : la Grèce, la Roumanie ou la Russie par exemple frappent des pièces dont les dimensions et la valeur répondent à celles du Napoléon 20 Francs.

1871 : le Napoléon 20F, Génie IIIème République

Après la défaite de Sedan, la France doit se réinventer. Napoléon III a perdu la guerre face à la Prusse, il est en exil en Angleterre. La IIIème République est proclamée en janvier 1871. On découvre sur cette pièce « Génie IIIème République la devise Liberté, Egalité, Fraternité mais aussi, parce que nous sommes avant 1905, « Dieu protège la France. Le « design » est très inspiré des symboliques grecques et latines. On trouve aussi un ange qui tient dans ses mains les tables de la Loi. On est bien dans l’esprit de cette deuxième partie du 19ème siècle avec l’avènement du Paris Haussmannien par exemple.

La Marianne Coq, la plus républicaine des Napoléon !

A partir de 1898, 1899, on voit apparaître de nouveaux Napoléon 20 Francs. Comme la République Française a besoin de se reconstruire, de retrouver de la puissance ; 1870 a laissé des traces dont la perte de l’Alsace et la Lorraine. On y trouve une Marianne avec une couronne…de feuilles de chêne. On laisse tomber les lauriers, on préfère cette symbolique de puissance et de solidité. La feuille de chêne orne aussi les casquettes des préfets et des commissaires de police. Sur le revers , un coq très fier prend toute la place. L’aigle impérial est donc remplacé par ce volatile qui représente le peuple français. On trouve toujours sur la tranche la mention : Dieu protège la France. Ce sont les premières Marianne Coq.

En 1905, la loi pour la séparation de l’Etat et du Clergé va entraîner une modification des Marianne Coq. Ainsi, à partir de 1907 et jusqu’en 1914 de nouveaux Napoléon sont frappés avec sur la tranche la devise : Liberté, Egalité, Fraternité. Toute référence à Dieu a disparu !

Entre 1951 et 1960, le Napoléon 20 Francs est remis en circulation : ce sont les « refrappes Pinay », sur la base de Napoléon Marianne Coq initialement frappées entre 1907 et 1914. Ce projet devait permettre de donner une meilleure assise au Franc par rapport au dollar… et soutenir le pays face à la puissance grandissante des Etats-Unis.

Pourquoi le Souverain est la pièce d’or qui montre la puissance britannique ?

Avec un milliard de pièces frappées depuis le 15e siècle, le Souverain britannique est une pièce d’or remarquable à bien des égards, et pas seulement pour sa grande longévité. C’est aussi une pièce qui symbolise et rappelle le « siècle impérial britannique », cette période entre 1815 et 1914 où l’Empire britannique est à son apogée. C’est une puissance qui rayonne jusqu’en Inde, au Canada ou en Australie.

Le Souverain britannique a été frappé pour la première fois en 1489, sous le règne d’Henry VII. Mais c’est véritablement après la défaite de Napoléon que l’Empire établit une frappe régulière de cette pièce, avec un poids en or normalisé. Le Souverain britannique pèse 7,988 grammes pour un diamètre de 22,05 mm, avec un titre de 916,667 ‰. La pièce est un allié de poids pour l’armée britannique, présente sur tous les continents. Le dessin de Saint-Georges terrassant le dragon, qui figure sur leur revers, vaut aux pièces d’être surnommées « l’armée de Saint-Georges ». Sur son avers, la pièce porte l’effigie du roi ou de la reine à la tête du royaume. George III, George IV, Guillaume IV… mais surtout la reine Victoria, dont le portrait orne les Souverains or de 1837 à 1901.

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