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La Fed s’est mise à acheter des obligations d’entreprises en direct sur le marché secondaire.
L’activisme inédit et massif des banques centrales biaise l’évolution des marchés d’actions. Drogués par les liquidités de la Fed et de la BCE, ils ont déjà effacé 50% du krach boursier de février-mars.
Les investisseurs ont été ballottés ces derniers jours au gré de séances de panique (-4,7% pour le CAC 40 le 11 juin) et d’optimisme (+2,8% le 16 juin) mais aussi de spectaculaires variations intrajournalières.
Une fébrilité qui ne surprend guère, tant les symptômes d’exubérance (irrationnelle ?) affluaient après trois semaines de puissante accélération haussière. Wall Street et son compartiment technologique, en particulier, ont franchi début juin des seuils inédits : 10.000 points pour le Nasdaq Composite, 1.500 milliards de dollars de capitalisation pour Apple, 1.000 dollars pour l’action Tesla…
No limit
Puis l’atmosphère s’est alourdie sur le front sanitaire, avec l’apparition de nouveaux foyers d’infection à Pékin et à Tokyo, et une accélération du nombre de cas dans plusieurs États américains. Les investisseurs gardent néanmoins l’espoir qu’une seconde vague massive n’adviendra pas – voire que quand bien même, des systèmes de santé mieux préparés permettraient d’éviter une nouvelle paralysie des économies.
C’est plus certainement la Fed qui, en balayant le 10 juin tout scénario de reprise économique en «V», a allumé la mèche de la panique. Avant de l’éteindre, cinq jours plus tard, avec l’annonce de nouvelles largesses monétaires.
L’institution s’est mise à acheter des obligations d’entreprises en direct sur le marché secondaire – et non plus seulement via des ETF (fonds indiciels cotés) –, en plus de ses acquisitions d’emprunts d’État et de crédits hypothécaires. «Si vous avez un vieux vélo à vendre, c’est peut-être le moment de le proposer à la Fed», ironise Tangy Le Liboux, stratégiste chez Aurel BGC.
Quant à la BCE, elle ne ferme plus totalement la porte à l’éventualité de racheter des actions. «Il ne faut jamais dire jamais», a rétorqué le gouverneur de la banque centrale autrichienne, Robert Holzmann, interrogé à ce sujet.
Sphère réelle
L’activisme des grands argentiers, massif, inédit et synchronisé de par le monde, semble désormais sans limite. Leurs rachats d’actifs déversent des torrents de liquidités dans le système financier, qui rejaillissent en partie sur les marchés d’actions.
Malgré ses récents soubresauts, le CAC 40 a effacé 50% de sa chute depuis mi-mars. Un regain qui semble déconnecté de la sphère réelle. Tous les conjoncturistes en tombent d’accord : après un rebond technique de court terme, l’élan va se tasser.
L’économie sera ralentie par les pertes d’emplois massives et une vague de faillites, qu’on observe généralement six mois après le creux d’activité. Le choc devrait être amorti pour les grandes entreprises cotées, qui ont un accès bien plus aisé aux sources de financement. Il n’empêche, les analystes anticipent une chute de 36% des bénéfices par action du CAC 40 cette année.
Le retour aux niveaux de profits de fin 2019 interviendrait courant 2022 seulement. Des fondamentaux qu’il est bon d’avoir à l’esprit, même si les dés du marché sont pipés par le jeu des banques centrales.
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