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Dans le cadre de la crise du Covid-19, la Banque centrale européenne a acheté 95% du surplus de dette émis par les principaux États de la zone euro. L’orgie de liquidité continue, mais l’inflation ne part pas à la hausse. Comment expliquer un tel phénomène, contraire à la théorie économique? Explications de l’économiste Jean-Jacques Rosa.
La planche à billets de la Banque centrale européenne (BCE) a-t-elle remplacé les marchés? La question est légitime si l’on se penche sur les récents calculs de Deutsche Bank, qui montrent que la BCE a acheté presque tout le surplus de dettes émis cette année par les principales économies de la zone euro.
«Tout ceci mène à de la création monétaire et en augmente sensiblement le stock», explique au micro de Sputnik l’économiste Jean-Jacques Rosa.
Il faut noter que face à la crise économique inédite provoquée par la pandémie de coronavirus, les États de la zone euro ont sensiblement augmenté leurs programmes d’émissions obligataires. Les Échosnotent par exemple que la France a fait «passer son objectif de levée de dette à moyen et long terme à 210 puis 245 et enfin 260 milliards d’euros». Ses partenaires européens ont agi de manière similaire.
Les principaux États de la zone euro ont émis 610 milliards€ de plus qu’en 2019 pour lutter contre le Covid… la #BCE en a acheté 95%
➡️La planche à billets en folie, la BCE remplace les marchés, bientôt l’#inflationhttps://t.co/9ptnTxsI4c— Philippe Herlin (@philippeherlin) September 8, 2020
Ainsi, d’après les données de Deutsche Bank, les 10 plus gros emprunteurs de la zone euro ont-ils émis 610 milliards d’euros de dette supplémentaire depuis le 1er janvier par rapport à la même période en 2019. Ce surplus concerne autant la dette à court qu’à moyen terme.
«Chaque accident économique appelle à plus de création monétaire»
C’est particulièrement le cas pour certains États comme les Pays-Bas, dont les émissions de dette toutes maturités confondues ont atteint 224% de leur montant de 2019. C’est 213% pour l’Allemagne et 129% pour la France.
Un contexte qui a poussé la Banque centrale européenne à se montrer proactive. Pour faire face à la chute de PIB abyssale à laquelle va devoir faire face la zone euro –elle devrait atteindre 8,7% selon les prévisions de la BCE–, cette dernière a sorti l’artillerie lourde.
En plus de son programme de rachat d’actifs publics baptisé PSPP, un programme d’achat urgence pandémie (PEPP) de 1.350 milliards d’euros a été mis sur la table. Et il est rudement mis à contribution, à en croire Ioannis Sokos, stratégiste chez Deutsche Bank, cité par Les Échos: «Les achats de dette publique par la BCE au travers du PEPP et du PSPP sont estimés à 584 milliards d’euros depuis le début de l’année, ce qui signifie qu’elle a absorbé 95% du surplus d’émission.»
«Depuis la crise de 2008, chaque accident économique appelle à plus de création monétaire de la part des Banques centrales», souligne Jean-Jacques Rosa, également professeur des universités.
À l’instar de ses homologues étrangères, comme la Réserve fédérale américaine (FED), la BCE a effectivement recours depuis plusieurs années à une création monétaire massive pour soutenir l’économie. Et la crise économique actuelle ne fait pas exception. Alors que son bilan était d’environ 5.000 milliards d’euros en mai dernier, il devrait atteindre 6.500 milliards d’ici la fin 2020. C’est environ la moitié du PIB de la zone euro.
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