Carnage en vue sur les banques européennes ?


Les banquiers se préparent à la plongée économique en cours, avec la résurgence du Covid-19. Car ils savent l’amélioration sera lente et surtout différenciée, entre faillites et succès.

Les banquiers se préparent à la plongée économique en cours, avec la résurgence du Covid-19. Car ils savent l’amélioration sera lente et surtout différenciée, entre faillites et succès.

Les banquiers sont ce l’on voudra, mais tout sauf idiots. Ils savent qu’ils sont depuis longtemps dans une période hostile et que le COVID-19 sera là pour longtemps. C’est d’abord l’économie qui fléchit durablement, avec l’inflation et les taux d’intérêt, bases de leur chiffre d’affaires, avec donc la montée des risques, qui menace leurs résultats. C’est ensuite la révolution technologique, qui permet souvent de fonctionner sans eux, notamment dans les activités qui étaient les plus rentables. Ce sont enfin les banques centrales (!), qui veulent une économie plus réactive à leurs politiques, donc une plus grande sensibilité des entreprises et des ménages aux marchés financiers. Ceci implique, notamment en zone euro, plus de financement de l’économie par les marchés, donc des banques plus solides, mieux capitalisées, donc moins nombreuses. Et tout cela se passe quand vient et revient le COVID-19 !

Donc il faut comprendre que les « meilleurs résultats » des banques au deuxième trimestre, tout étant relatifs, sont seulement la préparation à la bourrasque qui vient. Ces « meilleurs résultats » viennent largement en effet des soutiens budgétaires, avec des crédits assortis de garanties d’état et des accords de chômage partiel qui ont amorti le choc, sachant qu’ils ne pourront suffire à éponger les pertes à venir dans l’industrie, les commerces (petits et grands) et plus encore les services (restaurant, hôtel, tourisme, locations…). Amortir le pire au deuxième trimestre 2020, avec le répit procuré par le déconfinement, ne saura suffire : le virus revient partout. Fin 2020 sera donc une nouvelle baisse d’activité, peut-être début 2021 une récession s’installe, en tout cas une « année difficile », comme on dit. Ensuite, l’amélioration sera lente et surtout différenciée, entre faillites et succès. Vallourec proposera à ses créanciers de devenir plutôt actionnaires, et l’on ne comptera plus les entrées en bourse retentissante (IPO).

Déjà, les banquiers revoient leurs budgets pour 2021 et 2022. Ils accélèrent, tous, leurs efforts pour « améliorer leurs structures », autrement dit réduire leurs coûts, cesser des achats jugés de confort, demander à leurs fournisseurs de diminuer leurs prix, abandonner ou réduire des activités peu ou pas assez profitables, et surtout revoir les augmentations de salaires, sauf aux plus bas, pour mettre l’accent sur les primes, bonus, intéressement et participation. Ensuite les banques les plus fragiles vont hâter leurs préparatifs pour ne pas être achetées par plus gros et disparaître : elles fusionnent au plus vite avec des banques de taille semblable. Enfin les plus grosses veulent étendre leur empire, pour devenir de plus en plus paneuropéennes ici, et plus mondiales quand elles sont américaines.

Concentration avec plus moins de problèmes politiques : en Espagne (encore) peu, en Italie davantage. L’Espagne est un cas d’école des restructurations bancaires en cours en zone euro, après la crise des années 2000-2010. Contre 60 grandes banques et caisses d’épargne alors, on y en compte onze (Santander, BBVA, CaixaBank, Bankia, Sabadell, Bankinter, Unicaja, Liberbank, Kutxabank, IberCaja et Abanca), sachant que Caixa et Bankia vont se rapprocher, en attendant BBVA et Sabadell, puis Unicaja et Liberban (à voir). L’Italie est dans une phase permanente de concentration de ses structures souvent médiévales, derrière ses deux leaders (Intesa San Paolo et Unicredit) qui font leurs emplettes sans trop susciter d’oppositions locales (et nationalistes), tandis que Crédit Agricole avance pas à pas. Le problème bancaire italien est double : accroître les tailles des entités pour gagner en efficacité et réduire les crédits non performants, « en souffrance » selon l’expression italienne. Ils datent de dizaines d’années et freinent toute expansion. D’où la question : comment se concentrer en étant ainsi plombés, sans aide massive et permanente de l’état, tout en restant italien ?

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