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Christine Lagarde s’est exprimée devant la presse ce jeudi à l’issue de la première réunion de l’année de la BCE. L’ancienne directrice du FMI a précisé les contours de sa revue stratégique de politique monétaire.
Atlantico.fr : Christine Lagarde s’exprimait devant la presse ce jeudi après-midi à l’issue de la première réunion de l’année de la BCE. Une réunion durant laquelle l’ancienne directrice du FMI et nouvelle présidente de la BCE depuis 3 mois, a précisé les contours de sa revue stratégique de politique monétaire. Revue stratégique qui aura lieu tout au long de l’année et qui est la première en trois ans.
La BCE étant souvent accusée d’être de plus en plus inefficace, la revue stratégique tout comme la conférence de presse de Christine Lagarde étaient extrêmement attendues. Face à une croissance modérée de la zone européenne et une BCE de plus contestée, que dire des annonces de Christine Lagarde ? Cette revue stratégique peut-elle avoir un quelconque impact sur la manière dont la BCE est perçue ?
Jézabel Couppey-Soubeyran : Le communiqué de presse est assez prometteur puisqu’il laisse entendre que la BCE va examiner et pourrait donc réviser tant sa cible d’inflation que les instruments utilisés pour l’atteindre et qu’elle étudiera même dans le cadre de cette revue stratégique « comment d’autres considérations, en rapport avec la stabilité financière, l’emploi et le développement durable, peuvent être prises en compte dans le cadre du mandat de la BCE ». Ça laisse donc envisager une réorientation substantielle. Il ne faudra cependant pas décevoir avec des changements trop à la marge.
D’après Christine Lagarde « compte tenu des perspectives d’inflation toujours modérées, la politique monétaire doit rester très accommodante pendant une période prolongée ». Ce choix ne condamne-t-il la zone européenne à garder une croissance faible ?
C’est plutôt, à l’inverse, la croissance faible qui condamne la politique monétaire à rester accommodante et à le rester d’autant plus longtemps qu’elle ne sera pas plus efficace qu’au cours des dix dernières années. Ce manque d’efficacité tient pour partie au fait que, dans la zone euro, la politique monétaire supporte pratiquement seule tout le poids de l’ajustement macroconjoncturel. Autrement dit, on attend tout, et donc trop, de la politique monétaire. Il faudrait absolument que la politique budgétaire vienne compléter son action pour réaliser des investissements de long terme dans la santé, l’éducation, et bien sûr la transition écologique. Il faudrait également coordonner à cet ensemble des mesures de prévention des déséquilibres financiers qu’une politique monétaire durablement accommodante contribue à accroître car elle nourrit les bulles de prix d’actifs immobiliers et financiers.
Un autre aspect du manque d’efficacité de la politique monétaire tient au choix de ses instruments. Le refinancement ultra accommodant des banques (à travers les LTRO – Long term refinancing operations pour opérations de refinancement de long terme, 3 ans – puis les TLTRO – Targeted longer-term refinancing operations pour opérations ciblées de refinancement) et le QE depuis 2015 n’ont pas produit les effets attendus en grande partie parce qu’ils se sont heurtés à un canal de transmission obstrué. En zone euro, les banques sont censées constituer le principal canal de transmission de la politique monétaire. Or leur activité, trop peu centré sur le crédit à l’investissement des entreprises, n’a guère transmis les effets attendus. Résultat, l’investissement n’a guère progressé, l’emploi ne s’est guère amélioré, la demande n’a guère été entraînée et ainsi, ni la croissance ni l’inflation n’ont été véritablement ravivées.