COVID, Great Reset et zombification de la démocratie : faut-il avoir peur ?

Le Great Reset s’est proposé d’utiliser la pandémie de COVID pour zombifier les masses et les démocraties libérales. Dans la pratique, de nombreux pays occidentaux se sont laissés tenter par la doctrine de Davos, en désincarnant au maximum nos vies sociales et en nous réduisant le plus possible à de simples agents de production et de consommation, sans interaction entre eux. Il est d’ailleurs assez curieux de voir que le Great Reset fait la promotion de la « connectivité » entre les individus pour en prôner son interruption et sa mise sous surveillance au moyen d’outils de « tracing » ou de « tracking ». Mais cette ambition a-t-elle vraiment une chance d’aboutir ?

Le Great Reset aime la zombification des masses et propose explicitement d’utiliser la pandémie de COVID pour la mener à bien. La zombification n’est rien d’autre que ce processus par lequel on transforme un humain en ombre de lui-même, le condamnant à ne plus pouvoir vivre en dehors des raisons utilitaires que chaque individu peut avoir pour le groupe. Foin de la liberté individuelle, de la vie privée, de la pulsion de vie qui traverse la société. La vie doit se résumer à une vaste obéissance passive sous la surveillance constante de l’Etat, sans le moindre esprit critique, et sans la moindre envie d’un autre chose.

La zombification comme solution à la contestation

En prenant le temps de lire le Great Reset entre les lignes, on comprend le mouvement fondamental du livre, qui consiste à anticiper des crises sociales, et notamment des revendications salariales dans les entreprises à l’issue de la pandémie, et surtout à cause de la crise économique qu’elle entraîne. De ce point de vue, Klaus Schwab, le fondateur de Davos, voit assez juste lorsqu’il écrit en juillet 2020 que les premiers et seconds de corvée (pour reprendre la terminologie macronienne) n’accepteront pas éternellement d’être mal rémunérés tout en jouant un rôle systémique essentiel en cas de confinement. On pense aux livreurs en tous genres, par exemple, qui ont frappé à des millions de portes pendant le confinement, portes derrière lesquelles se cachaient souvent des malades susceptibles de les contaminer. Peuvent-ils indéfiniment travailler dans des conditions précaires ?

Chez Klaus Schwab, il existe une grande peur de voir ces revendications enrayer la profitabilité de grandes entreprises déjà fragilisées par la mutation écologique du marché. Désamorcer les risques de contestations, quels que soient leurs canaux d’expression, devient une urgence. Et pour cette raison, la zombification est une solution.

Étouffer pulsion de vie et instinct de liberté en chacun

La zombification telle qu’elle est proposée repose sur plusieurs leviers dont la France, comme tant d’autres pays industrialisés, a donné la démonstration opérative pendant un an.

Le premier levier est celui d’une saturation du débat public par la peur de la maladie et de la mort. En France, le COVID a occupé 50% du temps des journaux télévisés en 2020. À ce niveau, ce n’est plus de la propagande, c’est du bourrage de crâne, du lavage de cerveau en bonne et due forme. Aucun Français n’a pu échapper à un délire hypocondriaque quotidien le mettant en garde contre un péril mortel dès qu’il sortait de chez lui.

Le deuxième levier a consisté à curiacer et stigmatiser toute opposition à la politique officielle de zombification. Les thuriféraires du régime, médias subventionnés en tête, ont passé leur temps à minimiser, banaliser, au besoin nier l’étouffement des libertés dont nous avons fait l’objet tranche par tranche. Il y a eu le choc du confinement, puis la mise en place d’une surveillance généralisée, puis les décrets autorisant le fichage et la reconnaissance faciale, la loi de sécurité globale couvrant ces dispositifs, l’interdiction absurde des offices religieux, et autres rodomontades qui ont plu comme les obus à Gravelotte, toujours justifiées par de petits cire-pompes prêts à mentir pour nous expliquer que l’urgence sanitaire n’avait rien à voir avec une dictature sanitaire où la liberté est mal en point. Tous ceux qui ont osé exprimer un doute sur ces discours à la Coué ont été traînés dans la boue du complotisme, de l’extrémisme ou du populisme.

Au point que ne pas obéir aveuglément à la propagande d’Etat la plus grossière est devenu une tare, et même une haute trahison, en mode purges staliniennes.

Le troisième levier est passé par une mise au pas de la société par une bureaucratie sanitaire irresponsable, qui a en permanence plaidé pour un enfermement maximal des individus, et pour leur mise sous cloche définitive. Entre les attestations de sortie, les confinements généraux, les appels au confinement, la fermeture des lieux publics, y compris les plages, la France n’a pas manqué d’experts médicaux ou sanitaires bien décidés à lutter contre la maladie par la méthode la plus moyen-âgeuse qui soit : la mise à l’isolement quasi-permanente de tous les individus.

Pendant ce temps, rien n’était fait pour commander des masques, puis des tests, puis des traitements, puis des vaccins.

Un peuple vide d’âme et de volonté : le fantasme élitaire

Dans l’esprit des élites qui nous enjoignaient (et nous enjoingnent encore) de nous confiner, la lutte contre la maladie et ses nécessités ont rencontré un autre déterminant fondamental : la représentation dégradée du peuple français, et des peuples vivant en démocratie en général (mais à des degrés divers selon les pays), sous la forme de barbares hirsutes, de « Gaulois réfractaires » qui doivent être tenus et domestiqués par une élite romanisée, porteuse de la civilisation et du progrès ,pour la France, d’abrutis nationalistes aimant le Brexit en Grande-Bretagne, de crétins fascisés au Brésil ou aux Etats-Unis.

Dans la discrète anthropologie du sous-homme qui structure la vision du peuple par nos élites, il faut mettre sous surveillance ces gens dangereux, ces partageux, ces êtres faits d’émotion et d’irrationalité qui hantent les rues de nos villes, et surtout de nos banlieues et de nos campagnes. Le COVID a constitué, de ce point de vue, pour les élites françaises, l’opportunité idéale pour une revanche à prendre après le douloureux épisode des Gilets Jaunes.

Que ces gens rétifs à l’ordre élitaire soient réduits à ce qu’ils sont : des créatures utiles pour la production, mais dont il n’y a rien d’autre à tirer ! Qu’ils craignent, pourvu qu’ils obéissent !

La violence du mépris avec laquelle ont été traités tous les dissidents qui contestaient cette vision a d’ailleurs pris les allures d’une réaction très aristocratique contre les concessions que la contestation populaire a imposées aux élites. Après Trump, après le Brexit, après les samedis de contestation, le COVID et son état d’urgence ont donné l’occasion d’un défouloir pour des petits marquis qui se sentent humiliés chaque soir par le succès d’Eric Zemmour à la télévision.

Pourquoi cette zombification ne durera pas

La grande force de ces quelques petits marquis en dentelle est d’avoir persuadé le peuple que la zombification était une victoire éternelle. D’où la conviction chez beaucoup de Français qu’il faut se résigner et que le combat pour les libertés est perdu d’avance.

Il n’y a, en vérité, rien de plus faux.

Sur le fond, le rapport de force dans la société est éminemment défavorable aux élites. La meilleure preuve de cette victoire prévisible du peuple se trouve dans la crainte exprimée par Emmanuel Macron lui-même, depuis plusieurs semaines, de décider un nouveau confinement. Si la zombification pratiquée depuis plus d’un an avait été si efficace, le pouvoir en place ne craindrait pas à ce point de remettre le couvert une nouvelle fois.

Au contraire des objectifs poursuivis par certains, il est évident que la vitalité populaire n’est que très partiellement émoussée. Le Carnaval de la Plaine qui s’est déroulé à Marseille ce dimanche a donné un visage incontestable à une résistance spontanée qui se fait jour partout.

Beaucoup de Français ont intériorisé la peur de l’ordre et le fantasme de la toute-puissance des élites que celles-ci s’efforcent de rendre plausible. Mais chassez le naturel, il revient au galop : les petits marquis ne représentent qu’eux-mêmes, et ils ne sont pas si nombreux.

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