Danger sur l’économie européenne ? Une remontée des taux ne serait pas soutenable

Si les Bourses européennes font pour le moment fi des tensions en cours sur le marché obligataire, le danger inflationniste est-il une menace pour l’Europe? Moins qu’aux États-Unis, affirme Josse Roussel, professeur à la Paris School of Business, qui note cependant au micro de Sputnik qu’une remontée des taux serait plus dangereuse pour l’Europe.

La Banque centrale européenne est attendue au tournant. L’institution dirigée par Christine Lagarde doit se réunir le 11 mars dans un contexte de tensions sur les taux obligataires et de crainte d’un retour de l’inflation.

Pour le moment, les marchés du Vieux Continent résistent bien, l’indice Euro Stoxx 50 a largement fini dans le vert le 8 mars. Reste que les taux obligataires de la zone euro connaissent des tensions. Comme le relève auprès de l’AFP Éric Dor, directeur des études économiques à l’IESEG School of Management, le rendement de l’emprunt à 10 ans a notamment pris, depuis le début de l’année, 0,31% en Allemagne, 0,32% en France et 0,24% en Italie.

​Pour Josse Roussel, économiste et professeur à la Paris School of Business, la menace est surtout réelle pour les marchés nord-américains, comme il l’a expliqué au micro de Sputnik. Car bien souvent, en matière d’économie, l’origine de ces tensions sur les taux obligataires trouve sa source aux États-Unis.

«La situation y est assez différente de ce que l’on peut voir en Europe. La remontée des taux a été beaucoup plus spectaculaire aux États-Unis. Le taux à 10 ans a dépassé 1,5% alors qu’il évoluait autour de 0,5% en août 2020. Tout cela s’inscrit dans le sillage de véritables anticipations concernant un retour de l’inflation.»

Josse Roussel explique notamment ces anticipations par le fait que le Sénat américain a approuvé le gigantesque plan de relance d’un montant de 1.900 milliards de dollars voulu par le nouveau Président Joe Biden. «C’est conséquent. Cela représente plus de 10% du PIB des États-Unis», note Josse Roussel, auteur de Vers l’entreprise numérique (Ed. Gualino).

Il s’agit du troisième plan du genre depuis le début de la pandémie, après un premier d’un montant de 2.000 milliards de dollars et un deuxième de 900 milliards, débloqués il y a environ trois mois. Les acteurs de la finance anticipent une reprise économique, ce qui pousse à une montée des rendements souverains. «Les marchés obligataires américains devraient rester très volatils cette semaine», avertissent les experts d’Aurel BGC auprès de BFM Bourse.

«Un risque de surchauffe économique n’est pas à exclure au second semestre 2021 aux États-Unis. Cela me semble une hypothèse probable si on combine le facteur de ce plan de relance avec une campagne de vaccination massive et rapide qui laisse espérer une sortie de crise plus rapide qu’en Europe», analyse Josse Roussel.

D’après l’économiste, «les tensions inflationnistes pourraient être plus fortes que prévu» du côté de l’Oncle Sam. «Ceci d’autant plus que la politique monétaire aux États-Unis est toujours extrêmement accommodante. La Réserve fédérale américaine (Fed) continue d’injecter 120 milliards de dollars par mois dans l’économie en achat d’obligations et dérivés de crédit», souligne-t-il.

​Un tel contexte soulève des craintes car un retour de l’inflation trop brutal contraindrait les banques centrales à mettre le holà sur la création monétaire. Or cette dernière agit comme un véritable carburant pour les marchés. La Fed est d’ailleurs loin d’être la seule à se livrer à une politique monétaire expansionniste. C’est aussi le cas de Banque d’Angleterre (BoE), de la Banque du Japon et, évidemment, de la Banque centrale européenne (BCE). Cette dernière a sorti l’artillerie lourde pour soutenir une économie de la zone euro rudement mise à l’épreuve par le Covid-19. Son outil principal dans cette lutte contre la crise économie se nomme Programme d’urgence contre la pandémie (PEPP). Et il est fort d’une enveloppe de 1.850 milliards de dollars.

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