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Même les banques centrales envisagent le retour de l’inflation, voilà qui devrait alerter tous les épargnants et tous les investisseurs de la planète. Pour rappel, les banques centrales ont été créées au XIXe et au début du XXe siècle (pour la Fed) afin de garantir la valeur de la monnaie, c’est-à-dire de lutter contre le dérapage des prix. Suite à la déconnexion du dollar et de l’or décidée par Richard Nixon le 15 août 1971, et à l’inflation à deux chiffres qui a suivi, l’indépendance des banques centrales a été renforcée, au moins formellement (on s’en rappelle lors de la création de la Banque Centrale Européenne).
Et l’inflation a été vaincue. La croissance des années 80 et 90 dans les pays de l’OCDE s’est accompagnée d’une nette modération des prix. Tout change en 2000 : après le krach du Nasdaq en 2000 et les attentats du 11 septembre 2001, la banque centrale américaine ne veut surtout pas de récession (qui serait interprétée comme une victoire du terrorisme) et décide alors de baisser nettement son taux directeur. Le crédit, notamment immobilier, s’envole, et on connaît la suite : crise de 2008, crise de la dette souveraine en Europe en 2011, planche à billets, taux zéro… Mais pas de dérapage des prix (à la consommation, mais l’immobilier grimpe).
Avec la récession due au coronavirus et à un déconfinement lent et erratique, les banques centrales font chauffer comme jamais leurs rotatives, et cette fois l’inquiétude d’un dérapage généralisé des prix se répand. Mais, sûres de leurs forces, elles répondent aussitôt : « ne vous inquiétez pas, nous maîtrisons la situation ! »
Ainsi, le président de la Fed, Jerome Powell, a indiqué le 27 août que l’inflation pourrait désormais rester au-dessus de l’objectif de 2,0 % « pendant un certain temps » avant que l’institution n’ait à agir en augmentant les taux d’intérêt pour la contenir. Voilà, ce n’est pas compliqué : si l’inflation fait son retour, nous augmentons les taux d’intérêt et tout se calmera et reviendra comme avant. Rideau.
Quelle blague ! Quelle déclaration grotesque ! La montagne de dette, publique et privée, rend la politique des banques centrales irréversible. Une remontée des taux d’intérêt étoufferait les débiteurs. Les États se réjouissent secrètement que leur dette ne sera jamais remboursée, soit, mais il y a tout de même quelque chose à payer tous les ans, ce sont les intérêts sur cette dette, la « charge de la dette », inscrite comme telle dans le budget. Avec la baisse des taux, à zéro et même en territoire négatif, cette charge a diminué ces dernières années, malgré la hausse du stock. Une situation idéale, pousse-au-crime. Avec une remontée des taux, l’effet négatif est double (hausse de la charge + hausse du stock), puisque le déficit continue. Le déficit budgétaire devient même incontrôlable car la charge de la dette s’impose comme le premier poste en valeur, avec une forte dynamique, ce qui rend tout retour à l’équilibre impossible. La hausse des taux provoquera aussi la faillite des sociétés zombies maintenues en vie par la dette, l’effondrement des structures à effet de levier (type LBO), l’explosion des impayés dans les crédits immobiliers, étudiants, de consommation… une crise type 1929. Les banques centrales n’auront d’autre choix que d’accélérer leurs planches à billets, et après l’inflation viendra l’hyperinflation.
Jerome Powell croit-il en ce qu’il dit ? La question importe peu, son affirmation n’a aucune vraisemblance, c’est une blague. Il ne faut pas croire les banques centrales, il faut parier contre elles avec des actifs réels, c’est-à-dire qui ne dépendent pas de la monnaie. Chacun se déterminera en fonction de son patrimoine et de son appétence au risque, mais dans tous les cas l’or physique en fait partie.
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