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L’exceptionnalisme américain, comme le confirment actuellement la COVID-19 et les dérives du capitalisme, ressemble aujourd’hui davantage à une comorbidité qu’à une lumière directrice.
Malgré sa réputation de leader mondial en matière d’innovation, de résolution de problèmes et de santé, les États-Unis connaissent un nombre record d’hospitalisations dans un pays qui représente 5% de la population mondiale et concentre pourtant 25% des infections au coronavirus.
La crise sanitaire est un signe d’échec, et non d’exceptionnalisme.
Il en va de même pour la crise actuelle du capitalisme américain.
Dans sa forme la plus pure, le capitalisme est un système exceptionnel, mais il est malheureusement en train de se transformer en quelque chose qui est tout sauf exceptionnel.
UN TOURNANT DÉCISIF
Indépendamment des points de vues légitimement discutables quant à la manière dont les individus et les décideurs politiques (des responsables des banques centrales aux organismes de santé) ont géré la crise sanitaire, nous pouvons tous convenir que la COVID-19 représente un tournant décisif.
La question est maintenant de savoir si ce sera un tournant pour le pire ou pour le meilleur.
Une façon de prévoir cette évolution est de surveiller la santé actuelle du capitalisme américain.
RÉÉVALUATION DU CAPITALISME
Aujourd’hui, avec la poursuite par les banques centrales d’un politique socialiste évidente à Wall Street, où les taux artificiellement réprimés et l’assouplissement quantitatif illimité ont directement profité aux deux plus grandes catégories d’actifs aux États-Unis, à savoir l’immobilier et les actions, on ne peut nier les causes à effet (ainsi que les bénéficiaires) de ces « accomodements ».
80% de ces actifs sont détenus par le top 10. Ceci est un fait objectif.
Est-ce que cela ressemble à un capitalisme opérant au niveau national, ou à quelque chose de beaucoup plus ciblé et beaucoup moins axé sur le « marché libre » ?
Le concept même de capitalisme soutenu par la banque centrale (et par le Congrès, influencé par les lobbies) est lui-même un oxymore, et exige une réévaluation honnête (et quelques interrogations complexes) concernant la véritable signification du capitalisme.
Est-ce qu’un système, un marché ou un secteur directement et exclusivement soutenu par des milliers de milliards provenant de la création monétaire et de décennies de taux d’intérêt artificiellement réprimés (et anormalement bas) peut être qualifié de « libre marché », « naturel » ou même « capitaliste » ?
Soyons honnêtes.
Et est-ce que les 6 000 milliards de dollars et plus, créés par la Fed depuis 2008 ont vraiment « profité » à l’économie réelle ou est-ce qu’ils ont principalement profité aux marchés des actifs à risque comme les actions du S&P 500…
…ou aux propriétaires de biens immobiliers et courtiers rémunérés à la commission :
Prix de vente médian des maisons aux États-Unis
Encore une fois : soyons honnêtes.
Que vous vous trouviez dans les 10% les plus riches ou dans les 10% les plus pauvres, la réponse à ces questions fondamentales est empiriquement évidente.
Une telle inflation du prix des actifs (c’est-à-dire les bulles) dans tous les secteurs, depuis les actions technologiques jusqu’à l’immobilier en bord de mer, n’est pas symbolique du « darwinisme » naturel et prôné par le capitalisme compétitif et de libre marché.
Au lieu de cela, ces bulles pour les 10% les plus riches et la disparité de richesse qui en résulte pour le reste du pays sont de dangereux indicateurs d’une sorte de féodalisme post-moderne dans lequel une cabale douteuse de décideurs politiques subventionne une minorité distincte de bénéficiaires et nomme ensuite le résultat « stimulus économique » alors que le reste du pays s’appauvrit de jour en jour.
Mais encore une fois, est-ce cela le capitalisme ?
Le capitalisme, qu’il soit défini par Adam Smith ou détourné par Gordon Gecko, est un sport de contact dynamique et complet, avec une compétition presque sanguinaire, pratiqué sur un terrain de jeu égalitaire, avec des idées innovantes, des coûts de capitaux égaux et un effort individuel.
De plus, le vrai capitalisme, celui que nos pères ont connu, était également conçu pour créer une vaste classe de gagnants et pour assurer la prospérité au fil du temps plutôt que de bénéficier seulement à une minorité de personnes.
Les graphiques ci-dessus montrent-ils qu’il y a une vaste catégorie de gagnants ?
Le capitalisme, bien sûr, doit récompenser les dirigeants. Mais dans quelle mesure ?
Depuis 1978, la rémunération des PDG a augmenté de 940%, alors que celle des travailleurs a augmenté de 12% sur la même période. En 1965, le rapport moyen entre le salaire des PDG et le salaire médian des employés était de 21:1, aujourd’hui il est supérieur à 320:1.
Dans le cas de Jeff Bezos, PDG d’Amazon, le rapport est de 1,2 million pour 1.
Ces données sont-elles le signe d’un capitalisme en pleine évolution ou l’indicateur d’un phénomène bien plus inquiétant ?
CONCURRENCE LOYALE VS. JEU TRUQUÉ
Malheureusement, il existe d’autres signes de plus en plus évidents de politiques truquées (de la part de la Fed, du Congrès, de la Securities and Exchange Commission ou de la Maison Blanche) qui ont moins à voir avec la concurrence loyale et la récompense – les fondements d’un capitalisme sain – que le paradigme du favoritisme, c’est-à-dire la tricherie, largement répandu mais ignoré par les médias.
Aujourd’hui, une sorte de pseudo-capitalisme a émergé, qui n’est ni empathique (ni bénéfique) pour la nation hôte.
Nous avons au contraire un modèle de capitalisme biaisé dont les bénéfices et l’empathie sont uniquement destinés à un groupe (parasitaire ?) unique d’entreprises, d’individus et de marchés.
Ainsi, chaque membre du Congrès compte au moins quatre lobbyistes financiers (des banques et des grosses entreprises de technologie) qui s’empressent d’influencer (c’est-à-dire d’acheter) des décisions politiques favorables.
Cela laisse entendre qu’un capitalisme sain est sous l’influence de la corruption et non de la politique, et des accords conclus en coulisses plutôt que de la concurrence loyale.
Bien sûr, tout système intrinsèquement truqué, comme les World Series de 1919, est par nature imparfait.
Le capitalisme, lorsqu’il est truqué, n’est pas moins honteux.
Nous assistons à ce jeu truqué en temps réel, alors que la majorité fragile s’affaiblit et que la minorité forte se renforce, dans un contexte qui n’est pas celui de la « survie du plus fort » capitaliste, mais plutôt celui de la survie féodale des mieux connectés.
La disparité record des richesses ainsi que la déconnexion flagrante et honteuse entre une économie en panne et un marché des valeurs mobilières en hausse (soutenu par la Fed) ne sont pas un hommage au capitalisme, mais plutôt la preuve évidente de son échec.
TESLA, APPLE ET AMAZON – LE NOUVEAU CAPITALISME ?
Prenons Tesla. C’est une société visionnaire, mais son action a grimpé en flèche en raison de ses prévisions de croissance et de ses coûts d’emprunt historiquement bas, lesquels sont facilement manipulés par l’inflation exagérée du prix des actions.
En mars, elle était l’entreprise automobile avec la 4ème valorisation la plus élevée au monde. Aujourd’hui, elle est la plus chère et vaut plus que Daimler, Toyota et Volkswagen réunies.
Ou encore Apple. Il a fallu 12 ans pour obtenir une capitalisation boursière de 1 000 milliards $, mais seulement 5 mois pour atteindre récemment les 2 000 milliards $.
Ces histoires de croissance sont-elles la conséquence d’un capitalisme de marché libre qui serait équitable, légitime et naturel, ou ont-elles bénéficié d’un avantage déloyal de la part des responsables politiques ?
Regardons Amazon.
Avec la montée en flèche des ventes en ligne, alors que les citoyens sont confinés chez eux, Amazon a recruté des centaines de milliers d’employés d’entrepôt au salaire minimum pour faire livrer les colis.
Nous pouvons féliciter Amazon pour la création d’emplois et pour le relèvement du salaire minimum.
Mais n’oublions pas le tableau d’ensemble dans lequel AMAZON a manipulé les collectivités locales à travers son absurde plan HQ2 qui transfère les richesses de la police municipale, des pompiers et des établissements scolaires à ses actionnaires.
N’oublions pas non plus que malgré des années de bilan sans profit et d’évasion fiscale légale, la bulle boursière d’Amazon lui a permis de littéralement tuer, vider de leur substance et enterrer les petites entreprises de tout le pays.
Dans le même temps, en prenant possession des réseaux ferroviaires et en adoptant un comportement anticoncurrentiel tout en pratiquant le dumping des produits et des prix en raison de leur accès à des capitaux bon marché (contre lesquels aucune autre entreprise ne peut rivaliser), Amazon a massacré, plutôt que de niveler, le « terrain de jeu » équitable sur lequel le vrai capitalisme était censé se jouer.
Au lieu de cela, des noms comme Amazon, Tesla et Apple ont incité des leaders d’opinion ouvertement pro-capitalistes comme Scott Galloway à se demander si la pandémie a été créée, ou du moins cooptée, pour avoir fait passer les 10% les plus importants dans les 1% les plus importants tout en envoyant les 90% restants vers le bas.
DEUX AMÉRIQUES, ZERO CAPITALISME
Une étude récente de la Fondation Robin Hood, par exemple, a révélé que 32 % des habitants de New York, le berceau de Wall Street, ont été contraints de se rendre dans une banque alimentaire depuis le début de la pandémie.
Il y a plus de gens dans l’Empire State qui cherchent de la nourriture gratuite que ceux qui possèdent un diplôme universitaire.
Parallèlement, un tiers de la grande Amérique s’inquiète pour le paiement de son loyer.
Nous vivons aujourd’hui, du point de vue purement mathématique, dans un contexte dickinsonien où c’est le « meilleur des temps » pour une infime minorité (des courtiers immobiliers aux investisseurs Facebook) et le « pire des temps » pour la population en général.
Est-il vraiment juste de fustiger la vraie Amérique en la qualifiant de « perdante » dans une compétition dite capitaliste dont les règles et les politiques truquées ont permis de déterminer qui seraient les gagnants avant même que le jeu soit lancé ?
Le jeu truqué qui se joue juste sous notre nez aux États-Unis n’est pas le libre marché du capitalisme, tout comme un indice S&P installé au sommet d’un gros coussin gonflable de la Fed de plus de 7 000 milliards $, n’est certainement pas un marché libre.
La détermination naturelle des prix, comme le savent tous les honnêtes vétérans de Wall Street, n’existe plus depuis des années. Remerciez Greenspan, Bernanke, Yellen et Powell.
En tant que membre de l’élite de Wall Street qui a bénéficié d’un tel capitalisme anticapitaliste, je ne peux pas ignorer les faits pour soulager une fausse conscience.
La simple vérité est que les marchés, la concurrence et la politique actuels des États-Unis n’ont rien à voir avec une concurrence loyale et donc rien à voir avec le capitalisme.
LE NOUVEAU FÉODALISME
Comme l’a récemment observé Galloway, « L’Amérique est en train de devenir le fief de 3 millions de seigneurs régnant sur 350 millions de serfs »simplement parce que la politique américaine a décidé de favoriser les entreprises au détriment des populations alors que le capitalisme « s’effondre sur lui-même ».
Cette version moderne du soi-disant capitalisme ne peut pas non plus compter sur la générosité des milliardaires comme Bezos ou Musk pour sauver le système.
Le comportement moralisateur des PDG surpayés ne ramènera pas la classe moyenne mourante à ses jours de gloire.
Franchement, c’est aux citoyens eux-mêmes de s’informer plutôt que de se mettre en colère.
La connaissance donne de meilleurs résultats que la rebellion.
L’Amérique ne tombe pas seulement parce que le capitalisme a perdu son sens ou que les PDG soutenus par des politiques n’ont pas le même caractère et les mêmes responsabilités que par le passé.
C’est parce que les citoyens et leurs dirigeants (corrompus) – républicains, démocrates ou un mélange des deux – ont perdu la raison et se crient dessus plutôt que d’ouvrir un seul livre d’économie, de mathématiques, d’éthique, d’histoire ou de lutte contre les monopoles.
Aujourd’hui, la foule s’instruit via des tweets et des bavardages, et non par le biais de réflexions éclairées, d’un leadership solide ou de la lecture de livres.
PAIN ET CIRQUE, PEUR ET DIVISION
Cela rend, bien sûr, la majorité mal informée (c’est-à-dire les 90%) plus facile à piéger et à manipuler.
Les grands décideurs, de la Rome antique à Herr Goebbels, ont toujours compris, et donc exploité, une ignorance aussi répandue.
En bref, les anti-héros politiques servent à une population mal informée, un cocktail mixte : 1) du pain et du cirque (de Netflix aux célébrités, qui expriment publiquement leurs opinions pour souligner à quel point ils sont vertueux par rapport aux autres) ou 2) de la peur (de la « distanciation sociale » au taux de mortalité lié à la COVID-19) pour maintenir la foule ignorante, divisée et effrayée.
Aujourd’hui, la plupart des citoyens américains ignorent les bases rudimentaires de la politique de la Fed, la dévaluation de la monnaie, les astuces du lobbying, les principes de la lutte contre les monopoles, ou même les informations relatives au coronavirus.
Ainsi, alors que la classe moyenne vacille et qu’un nouveau féodalisme financier remplace le véritable capitalisme, la foule folle ne sait pas où exprimer son affolement, si ce n’est de le transmettre à l’autre, dans une ère de division historique où la politique identitaire remplace tout ce qui ressemble à une politique ou à des politiques éclairées et unifiantes.
Pendant ce temps, les actions d’Amazon grimpent alors que le vrai capitalisme rampe, et les actifs anciens comme l’or montent, alors que les devises affaiblies comme le dollar, s’effondrent.
Ce sont les symptômes du féodalisme moderne. Préparez-vous à en voir d’autres.
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