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François Ecalle, magistrat de la Cour des comptes, vient de publier de sombres prévisions concernant la trajectoire de la dette publique française. Ses divers scénarios la voient presque tous exploser d’ici à 2030. De quoi mener à une nécessaire hausse des impôts afin de la résorber?
La crise du coronavirus a plus que jamais remis la question de la dette publique au centre des débats. Les aides accordées par le gouvernement aux employés et entreprises touchés par le choc économique qui secoue la France ont eu pour effet de faire exploser la dette française. Cette dernière devrait atteindre 117,5% du PIB à la fin de l’année.
Dans mon nouveau billet sur le site de FIPECO https://t.co/6d3u1QppQ0 je présente l’évolution du déficit et de la dette publics jusqu’à 2030 sans nouvelles mesures fiscales dans plusieurs scénarios de croissance du PIB et des dépenses publiques pic.twitter.com/47jKWNvSAa
— fipeco (@ecallefipeco) October 14, 2020
Et la situation risque fort de se dégrader, à en croire François Ecalle, expert des finances publiques et magistrat de la Cour des comptes en disponibilité. Il a imaginé plusieurs scénarios publiés dans un billet sur son site Fipeco. «Le rapport économique, social et financier (RESF) annexé au projet de loi de finances pour 2021 présente une trajectoire prévisionnelle d’évolution des finances publiques au cours des années 2020 à 2025. Elle conduit à un déficit public de 2,9% du PIB et à une dette publique de 117,4% du PIB en 2025. Ce billet présente l’évolution du déficit et de la dette publics jusqu’à 2030, sans mesures fiscales nouvelles, dans différents scénarios de croissance du PIB et des dépenses publiques», explique le spécialiste.
Des déficits et une dette qui explosent
Autrement dit, François Ecalle imagine l’évolution du déficit, ainsi que de la dette publique, à l’horizon 2030 dans le cas où il n’y aurait pas d’augmentation d’impôts, une promesse maintes fois martelée par le gouvernement.
Le souci, c’est que François Ecalle voit la tâche ardue concernant la manière dont la France pourrait résorber sa dette et ses déficits sans nouvelles mesures fiscales. Il imagine bien un scénario A, qui verrait des comptes équilibrés pour 2030 et une dette qui serait redescendue à 106% du PIB. Problème: il serait nécessaire que la croissance économique française atteigne 1,4% en moyenne annuelle. De plus, dans ce scénario «la croissance en volume des dépenses publiques est de 0,3% par an». Or, comme le souligne le magistrat de la Cour des comptes, elle n’a été contenue sous la barre des 0,4%… qu’une seule fois en 30 ans. L’expert juge donc que «la probabilité d’un tel scénario est très faible.»
Dans une autre projection, le magistrat de la Cour des comptes imagine toujours une croissance annuelle de 1,4% jusqu’à 2030, mais cette fois avec une hausse des dépenses publiques de 1%. Une dimension comptable qui change absolument tout, puisque «le déficit public diminue beaucoup moins vite et ne revient qu’à 3,3% du PIB en 2030. La dette publique augmente à partir de 2023 pour atteindre 122% du PIB en 2030.»
C’est encore pire dans le cadre du scénario C, qui prévoit une nouvelle fois une croissance de 1,4%, mais une augmentation des dépenses publiques dans les mêmes eaux. «Dans ces conditions, les taux de croissance des recettes et des dépenses publiques étant identiques, le déficit public est stabilisé à 5,2% du PIB à partir de 2023. La dette publique s’accroît beaucoup plus rapidement et atteint 130% du PIB en 2030», analyse François Ecalle. Ce dernier assure que «si ces taux de croissance du PIB, des recettes et des dépenses publiques étaient maintenus indéfiniment, le déficit resterait égal à 5,2% du PIB.» C’est bien au-delà de la sacro-sainte règle européenne des 3% maximum de déficit. Pire, «la dette publique convergerait, à un horizon infini, vers 173% du PIB», explique l’expert.
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