Depuis le mois de mars, un large mouvement de désaffection touche les contrats d’assurance vie avec des mouvements de décollecte mensuelle de 2 milliards d’euros en moyenne ces derniers mois. Du jamais vu depuis 2011.
Alors que les foyers français n’ont quasiment jamais autant épargné via le Livret A lors des six premiers mois de l’année à cause de la crise du coronavirus, dans un mouvement inverse, ils n’ont jamais autant puisé dans leurs assurances-vie pour faire face à cette crise.
Le secteur a en effet essuyé en juin un quatrième mois consécutif de sorties nettes d’épargne, portant à près de 5 milliards d’euros le montant de la décollecte depuis le début d’année, a annoncé jeudi la fédération du secteur, atteignant des niveaux qui n’avaient plus été vus depuis 2011. L’an passé, au premier semestre, le secteur avait moissonné jusqu’à 15 milliards d’euros.
Menace sur l’investissement
En juin, les épargnants ont placé 9,9 milliards d’euros sur leurs contrats d’assurance vie, tandis que les sommes retirées ont atteint 10,5 milliards d’euros. D’où une décollecte nette d’environ 700 millions d’euros, selon des chiffres diffusés par la Fédération française de l’assurance.
“Tous les milliards qui sortent, corrélativement ce sont des milliards qui ne sont pas investis dans les entreprises. (…) S’il y a moins d’actifs, il y a moins d’investissements aussi. C’est une très mauvaise nouvelle pour l’économie”, a estimé cette semaine Florence Lustman, présidente de la fédération.
En dépit de ce nouvel épisode de décollecte en juin, “le retour progressif à la normale de l’activité économique entraîne une augmentation des cotisations en assurance vie”, sensiblement supérieures à celles des mois d’avril et de mai, de 6,4 et 5,7 milliards d’euros respectivement, met toutefois en avant le lobby de la profession, qui espère une inversion de la tendance ces prochains mois.
Montée en puissance des unités de compte
Dans le détail, le montant des cotisations collectées par les sociétés d’assurance entre janvier et juin a atteint un peu plus de 54 milliards d’euros, contre 74 milliards d’euros sur la même période en 2019.
Les versements sur les supports en unités de compte, des placements plus risqués mais potentiellement plus rémunérateurs, ont représenté 19 milliards d’euros au premier semestre, soit 35% des cotisations.
Les prestations versées par les sociétés d’assurance se sont quant à elles élevées à 59 milliards d’euros, soit grosso modo le même montant que sur la même période en 2019. L’encours des contrats d’assurance vie s’élevait à la fin juin à 1.766 milliards d’euros.