Monnaies numériques de banques centrales : le piège

Mais pourquoi donc les banques centrales parlent de plus en plus de lancer leurs monnaies numériques ? Précisons de quoi il s’agit : l’euro numérique existe déjà, il circule dans les banques et sur nos cartes bancaires depuis longtemps, et les billets n’occupent qu’une part marginale en valeur, mais plus courante en nombre de transactions. Cet euro numérique que nous connaissons circule dans les banques commerciales, celles que les particuliers et les entreprises utilisent. L’euro numérique, lui, serait géré directement par la banque centrale, grâce à une invention récente, la blockchain, un registre informatique décentralisé crée pour la première fois pour le bitcoin, mais qui serait ici une blockchain privée, non ouverte au public, seule la banque centrale pouvant suivre les transactions. On parle ainsi de Monnaies numériques de banque centrale (MNBC, ou central bank digital currencies, CBDC).

Pour l’utilisateur, l’avantage est une meilleure praticité. Il lui suffit de télécharger un portefeuille sur son smartphone, possiblement celui de sa banque, qui rentre ainsi dans le circuit, afin de pouvoir envoyer instantanément de l’argent à un ami, ce qui demeure aujourd’hui un peu complexe (nécessité de passer par l’IBAN, un jour de délai). Bien sûr, il peut aussi payer chez un commerçant ou sur Internet. Au contraire de la carte bancaire, on peut faire avec une MNBC ce que permet l’argent liquide (payer de la main à la main).

Et là, on commence à percevoir l’objectif non avoué de ces nouvelles monnaies numériques : rendre l’argent liquide obsolète, contribuer à sa disparition, l’éliminer définitivement. Pour quelle raison de fond ? Sa gestion coûte cher (les DAB), il permet de travailler au noir et d’échapper au fisc, il finance des trafics illicites (drogue). Certes, mais les banques centrales pensent aussi à autre chose : l’argent liquide permet d’échapper aux taux négatifs.

Pour le moment, seuls quelques banques dans l’UE imposent un taux négatif aux dépôts de leurs clients, pour des montants en général supérieurs à 100.000 euros. Tout cela semble bien lointain, mais cette évolution est inéluctable car les taux faibles et négatifs concernent la majorité de la dette souveraine européenne, et cela va s’amplifier avec la planche à billets post-Covid. Les banques ne peuvent donc plus rémunérer cet argent qui dort sur leurs comptes, ni non plus d’ailleurs les sommes qui se trouvent dans les livrets bancaires et dans l’assurance-vie. Cependant, l’imposition d’un taux négatif provoquerait un choc sur la population, et l’argent liquide apparaitrait comme une échappatoire facile à utiliser. Voici ce qu’il faut absolument éviter pour les banques centrales, car une explosion de l’utilisation de l’argent liquide pourrait compromettre leur politique de taux négatifs : s’il y a trop de demande de cash, les banques commerciales seront obligées de fermer leurs guichets, ce qui créerait une crise de confiance, et une crise économique tout court. Les billets deviendraient un circuit monétaire parallèle qui assècherait les ressources des banques, et qui remettrait en cause tout le financement de la dette, publique et privée.

C’est pourquoi les MNBC font partie d’un plan d’élimination de l’argent liquide. Rendre ce dernier inutile, puis l’interdire. Et quand tout notre argent existera sous forme numérique, nous ne pourrons plus échapper à un taux négatif de -0,5%, -1%, etc. (qui sait où cela s’arrêtera), qui rognera nos économies. Voilà pourquoi il faut défendre l’argent liquide et déjouer ce projet car, après, il sera trop tard.

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