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Atlantico.fr : Les chiffres viennent de tomber : la croissance économique du pays est passée de 1,2% en 2019 contre 1.7% en 2018. Un ralentissement qui n’avait pas été anticipé par les économistes. Pourquoi ?
Jean-Paul Betbeze : Nous vivons un coup d’arrêt à notre croissance, par l’addition de nos problèmes et de ceux qui nous viennent d’ailleurs.
D’abord, l’activité économique française épouse ce qui se passe ailleurs. Le ralentissement de la croissance française en 2019 est significatif et accompagne pour partie ce qui s’est passé dans l’économie mondiale. Le FMI la décrivait « comme étant en proie à un ralentissement synchronisé et à des risques de dégradation croissants qui pourraient faire dérailler davantage la croissance ». Au plan mondial en effet, les tensions entre les États-Unis et la Chine ont pesé, dans un contexte géopolitique partout tendu. En Europe, la question du Brexit a été dans toutes les têtes et, en zone euro, l’Allemagne (0,5% de croissance, aux prises avec les questions de son industrie, notamment automobile) et l’Italie (0% de croissance avec des problèmes permanents de productivité et de tensions politiques internes) ont illustré les deux interrogations qui demeurent : la politique, l’industrie.
-0,1% de croissance en fin d’année : la France a en plus contribué à son propre ralentissement ! Dans un contexte mondial et européen tendu, la crise de gilets jaunes, relayée par les questions sur les retraites et les grèves, ont beaucoup pesé. C’est ainsi que l’on a l’équation : interrogations mondiales + gilets jaunes + retraites = – 0,1% du PIB au quatrième trimestre 2019. La consommation des ménages n’a progressé que de 0,2%, contre 0,4% au troisième trimestre, l’investissement des entreprises de 0,3% contre 1,6%. Au total, la croissance française sera de 1,2% en 2019, contre 1,3-1,4% prévus, et contre 1,7% en 2018. Une telle « addition » de problèmes n’avait pas été anticipée : l’idée étant que la consommation « tiendrait ».
Les grèves ont influé sur l’économie française : baisse de la production, blocage des raffineries et ralentissement services de transports… Était-il temps que les manifestations s’essoufflent? Est-ce la seule cause de cette décélération ?
Oui, les grèves ont pesé, dans les comportements de dépenses et d’investissement, et inquiété plus encore pour le futur. Nous avons vécu la fin de l’année dernière entre les déficits de la SNCF et ceux des retraites : on peut comprendre que les investissements des ménages et des entreprises baissent et que le taux d’épargne des ménages se mette à monter. Et ceci d’autant plus que le fond de la question est celui des régimes spéciaux, dont la normalisation pourra être coûteuse, sachant que la normalisation des retraites des enseignants impliquera aussi des revalorisations tout au long de la carrière, qui seront plus coûteuses encore.
Oui, aussi, les manifestations sur les retraites « s’essoufflent », mais le temps que les comptes soient faits et que se pose la question de l’équilibre à terme du système ! On retrouvera alors les mêmes questions : durée de cotisation plus longue, cotisation retraite plus forte ou retraite plus faible, cotisations plus fortes des entreprises, et tout risque de repartir !
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