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Les fortes divisions existantes entre pays du nord et du sud de la zone euro reviennent sur le devant de la scène. Les différences de conception sur la nature à donner au plan de relance de Bruxelles pour lutter contre la crise économique rendent possibles un éclatement de la zone euro. L’économiste Gérard Lafay analyse la situation pour Sputnik.
«L’opposition entre le nord et le sud de la zone euro est plus forte que jamais.»
Gérard Lafay, professeur émérite en sciences économiques, sent bien que la situation est plus que délicate au sein de l’Union européenne. Les européistes se sont-ils un peu trop vite enthousiasmés? La présentation d’un vaste plan de relance d’un montant de 750 milliards d’euros par la Commission européenne les avait conquis. Le pro-européen journal Le Monde l’avait même qualifié de «chance historique pour l’Europe», dans un édito convoquant l’esprit de Jean Monnet.
Fonds de relance de 750 milliards d’euros. Les négociations continuent.Mais c’est trop tôt pour savoir qui est prêt à faire des concessions. L’unité des frugaux (Autriche Pays-Bas Danemark Suède ) pourrait s’effriter. Mais ils doivent compter avec leurs parlements pic.twitter.com/ALlpYff2Vt
— Patrick MartinGenier (@MartinGenier) June 4, 2020
Mais la nature inédite de ce plan, qui prévoit des emprunts au nom de l’Union européenne, a refroidi plusieurs pays du nord, notamment les «quatre frugaux» que sont les Pays-Bas, l’Autriche, la Suède et le Danemark. Le fait que ce plan vienne «abonder le budget de l’Union européenne pour la période 2021-2027, qui représente quelque 1.100 milliards d’euros, sur lequel les Européens doivent également trouver un accord», comme le rappelleLe Monde, rend la situation d’autant plus délicate.
Des réformes structurelles en contrepartie?
La forte place accordée aux subventions (500 milliards d’euros) par rapport aux prêts (250 milliards) crispe du côté des «frugaux». Le 9 juin, Matti Vanhanen, le nouveau ministre finlandais des Finances, a rappelé l’opposition de son pays au plan proposé par la Commission. Helsinki souhaite en réduire le montant et remplacer les subventions aux États, que l’ensemble des 27 devrait payer, par des prêts que seuls les pays bénéficiaires devraient rembourser.
«La question est de savoir dans quelle mesure le plan de relance de l’UE reposera sur des mesures au niveau européen et sur des mesures nationales, et il s’agit ici de trouver un équilibre approprié entre les deux», a notamment lancé Matti Vanhanen.
Le 9 juin s’est tenu un nouvel Ecofin, la réunion des ministres des Finances de la zone euro. Le plan de relance de la Commission a occupé la plus grande part des débats et les pays du nord ont rappelé leur opposition. Gernot Blümel, représentant de l’Autriche, a jugé la proposition de Bruxelles «inacceptable, que ce soit en termes de montants ou de contenus».
Pour Gérard Lafay, ce plan serait également préjudiciable à la France:
«La France toucherait moins que certains de ses voisins, en cotisant beaucoup. Cela serait un mauvais calcul pour Paris.»
Autre point d’achoppement: la conditionnalité des aides. Plusieurs pays du nord de l’Europe réclament que les sommes allouées dans le cadre du plan de relance obligent les bénéficiaires à mettre en place des réformes structurelles.
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