Sur la crise économique qui attend l’Europe

La France, le cœur de l’idéal social européen, fait face à une crise existentielle en raison de l’impact économique du confinement qui fut mis en place pour combattre la pandémie de coronavirus.

Le Grand Est est probablement l’exemple le plus emblématique. Cette région a été qualifiée par le Financial Times de berceau de l’industrie automobile française. Jean Rottner, le président du Grand Est, a déclaré qu’il ne voyait pas l’économie se redresser à ses niveaux d’avant pandémie avant 2 à 4 ans. Le mythe de la reprise en V est considéré comme risible pour l’immense majorité de l’Europe, malgré les interventions massives des gouvernements pour limiter le chômage. Malheureusement, pour beaucoup de travailleurs cela ne fait que retarder l’inévitable.

Selon le Financial Times, la moitié des travailleurs du Grand Est, soit environ 1 million de salariés, bénéficiaient du programme de soutien du gouvernement au début du mois de mai. Le mois dernier, le secteur automobile a tourné à 8 % de sa capacité. En mai, ce chiffre pourrait n’être que de 20 %. Dans les mois à venir, on parle d’une activité de 70 à 80 % des capacités. Mais ces chiffres pourraient être optimistes, selon des hommes d’affaires locaux.

Bien entendu, cela ne concerne pas que la France. L’Espagne, l’Italie et la Grande-Bretagne ont connu des dégâts d’une ampleur similaire aussi bien dans le secteur industriel que dans les services. Cependant, le manque de flexibilité des lois sur le travail empêche les entreprises hexagonales de se réajuster rapidement. En France, l’embauche et le licenciement sont des procédures lourdes. Les entreprises ont donc sauté sur l’opportunité de la pandémie pour licencier, ou pour empocher des aides. Mais elles risquent de ne pas recruter lorsque les affaires commenceront à reprendre vu les incertitudes qui planent sur le futur.

Cette réalité va enrayer la reprise française. En tant que seconde économie de l’Union européenne, la France va ralentir le redressement économique de tout le bloc.

Récemment, le ministre des Finances Bruno Lemaire a indiqué que le gouvernement planche sur des programmes incitatifs de soutien pour l’industrie automobile et l’aérospatiale. Les politiciens ne peuvent néanmoins s’empêcher d’imposer des conditions. D’après ce que l’on sait, les entreprises devront poursuivre certains objectifs, notamment en termes de pollution (véhicules à émissions zéro), mais aussi de relocalisations.

Il est pourtant improbable de voir la population se laisser convaincre par la voiture électrique. L’année dernière, ces véhicules ont peiné pour représenter 2 % de parts de marché.

Le cas de l’Espagne

L’Espagne a mis en place le confinement le plus dur du continent. Il va perdurer dans certaines régions jusqu’au mois de juin. Cette semaine, le Financial Times a décrit les dégâts économiques importants de la pandémie dans ce pays. Il a notamment cité Pablo Hernández de Cos, le directeur de la banque centrale espagnole, qui s’attend à ce que la contraction de 5,2 % du premier trimestre s’accélère fortement durant le second. Selon lui, l’économie espagnole va se contracter de 9,5 à 12,4 % cette année. La croissance ne sera que de 6,1 à 8,5 % en 2021 (qui signifie que ce rebond sera insuffisant pour revenir à la normale). Et dans toute l’Europe, on s’attend à ce que la dette augmente de façon significative. De 95 % du PIB l’année dernière, on pourrait atteindre 120 % d’ici la fin de l’année.

Le vieux dicton qui dit que gagner la guerre ne suffit pas à gagner la paix pourrait s’appliquer à certaines économies européennes. Il faudra plus des années que des mois pour que l’activité économique retrouve ses niveaux précédents, et encore plus de temps pour retrouver des niveaux d’endettement acceptables. Si on peut se consoler en se disant que le bilan des victimes aurait pu être plus lourd, on peut se poser des questions quant au coût financier qui devra être supporté par les générations futures.

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