« The Big Short » : comédie pédagogique en milieu schizophrénique


Avec The Big Short, Adam McKay décale son angle de tir. Loin des délires absurdes et infantiles qu’il affectionne, le sujet est cette fois plutôt grave, puisqu’il s’agit de la crise des subprimes, étincelle inaugurale d’une crise économique mondiale. Adam McKay n’en signe pas moins un film drôle, mais d’un nouveau genre dans l’ordre du rire, qu’on pourrait nommer « comique pédagogique ».

Le défi n’est pas mince : il s’agit à la fois de divertir en montrant une brochette de personnages passablement allumés, mus par des affects schizophréniques, et d’informer le spectateur en lui expliquant les mécanismes spéculatifs financiers complexes qui nourrissent leur pathologie.

The Big Short, adapté du livre-enquête éponyme du journaliste Michael Lewis, raconte l’histoire d’une brochette de financiers qui, plus clairvoyants que les autres, ont décelé le caractère délictueux des prêts hypothécaires consentis aux particuliers par les banques, et vu venir l’énormité de la crise des subprimes qui allait s’ensuivre. Tout l’intérêt du film consiste à montrer comment ces personnages, qui ont raison contre leur milieu, vont se positionner à la fois professionnellement et moralement par rapport à ce qu’ils perçoivent comme une catastrophe annoncée.

Dramaturgie pleine de tension

C’est très exactement en cette délicate articulation que le film gagne ses galons. Car, si tous entrent en lutte contre la gigantesque manœuvre qui gangrène les milieux financiers, c’est essentiellement par les mêmes moyens et pour les mêmes fins : la spéculation financière, l’enrichissement personnel, le shoot d’adrénaline.

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