[ad_1]
Jordan Belfort ou Gordon Gekko auraient-ils réussi à faire fortune aujourd’hui? Les deux traders héros des films «Le loup de Wall Street» et «Wall Street» officiaient à une époque qui semble bien lointaine sur la planète finance. Si les opérateurs de marchés existent toujours, ce sont aujourd’hui de puissants ordinateurs aux algorithmes complexes qui effectuent la grande majorité des transactions à travers la planète, entre 80 et 90% selon les sources.
L’apport du HFT à la liquidité est loin d’être prouvé ! Au mieux, il est sur-estimé. Voir par exemple ici une analyse de la liquidité fantôme : https://t.co/g1uxVmZsbrhttps://t.co/8Ue10zfXz8
— G. Capelle-Blancard (@capelleblancard) January 28, 2020
Ce phénomène porte un nom: le trading à haute fréquence ou, dans la langue de Shakespeare, le «high frequency trading» (HFT). D’après le Café de la Bourse, cette évolution technologique permet de passer 21 millions d’ordres en moins de deux minutes. Vous avez bien lu, ces algorithmes opèrent à la milliseconde.
«De nos jours, 90% des transactions sont pilotées par des algorithmes pouvant opérer sur des marchés à une échelle de cinq millisecondes. Or, agir à l’échelle des millisecondes permet de réduire à un jour plus de quatre années d’activité de trading!», explique Olivier Bossard, directeur général du MSc Finance à HEC Paris au site Forbes.fr.
Une telle vitesse d’exécution interroge. Le 6 mai 2010, le HFT a été pointé du doigt comme étant responsable du «flash crash» qui a brutalement fait chuter l’indice Dow Jones Industrial Average, provoquant une volatilité globale d’environ 1.000 milliards de dollars. En novembre dernier, des automates de trading à haute fréquence opérant sur les marchés à terme à Chicago ont été épinglés par la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), le régulateur des marchés à terme aux États-Unis. Ce dernier les a accusés d’être à l’origine de manipulations de cours qui ont occasionné des perturbations boursières. Récemment, l’Administration Trump, pourtant très pro-marchés, a visé le trading à haute fréquence comme le notent nos confrères des Échos:
«Les chiffres du chômage, qui ont une influence considérable sur les marchés financiers mondiaux, sont obtenus par les journalistes 30 minutes avant leur publication. À la fin de l’embargo, ils envoyaient leurs articles depuis une salle sécurisée du département du travail. Ils n’auront plus cette possibilité dès le 1er mars. Le département du travail estime que les traders quantitatifs, notamment les plus rapides, les traders haute fréquence (THF), étaient avantagés en recevant instantanément ces informations pour spéculer.»
En juin 2019, c’est la bourse allemande qui avait commencé à tester une limitation de vitesse pour le passement d’ordre sur la plateforme de produits dérivés Eurex. Elle souhaitait ainsi répondre à l’attitude qualifiée d’agressive de la part de traders à haute fréquence. Mais le HFT semble avoir encore de beaux jours devant lui, à en croire les récentes déclarations de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie:
«Par ailleurs, une grande partie de l’activité sur les marchés financiers est improductive, voire néfaste. C’est le cas notamment du trading à haute fréquence, qui peut totalement désorganiser les marchés boursiers, comme en 2010, où des milliers de milliards de dollars ont été effacés de la bourse américaine en quelques minutes, sans que cela ne repose sur quoi que ce soit de concret… J’ai fait partie d’une commission constituée après ce flash crash, où j’ai proposé de mettre en place une règle simple pour enrayer ce phénomène, en fixant la durée minimale des ordres de bourse à dix millisecondes. On m’a alors répondu: “tu veux retourner à l’âge de pierre?”»