La Chine va-t-elle engloutir l’Europe ?

La Chine prend de plus en plus d’importance dans les échanges commerciaux de l’Union européenne. Le déficit commercial de l’UE avec Pékin s’est davantage creusé en 2020. Attention, danger économique? Éléments de réponses avec Jean-François Di Meglio, président d’Asia Centre, un think tank centré sur l’Asie contemporaine.

La pandémie de Covid-19 accélère un phénomène en route depuis plusieurs années: le renforcement économique du géant chinois.

Si, pour le moment, les États-Unis restent la première puissance économique mondiale, Pékin, rare économie qui a connu la croissance pendant la pandémie, a continué d’avancer ses pions en 2020. Ses échanges commerciaux avec l’Union européenne sont assez révélateurs du basculement en cours.

​La Chine est ainsi devenue le premier partenaire commercial de l’UE devant les États-Unis. Une première historique. Selon les récents chiffres d’Eurostat, en 2020, les échanges commerciaux entre l’UE et Pékin ont atteint 586 milliards d’euros, contre 555 milliards avec Washington. Si les exportations européennes vers la Chine ont augmenté de 2,2%, la hausse est moindre que dans l’autre sens (+5,6%). Résultat: le déficit commercial de l’UE avec la Chine s’est encore creusé, pour atteindre 181 milliards d’euros contre 164,7 milliards en 2019.

Le danger des «investissements prédateurs»

Jean-François Di Meglio, président d’Asia Centre, un centre de réflexion et de recherches sur l’Asie contemporaine, et enseignant à l’université Paris Dauphine, relativise au micro de Sputnik le péril économique chinois pour l’Europe:

«Le danger n’est pas dans le déficit commercial. Le temps où ce seul indicateur était signe de bonne ou mauvaise santé économique est révolu.»

Le spécialiste de l’Empire du Milieu rappelle par ailleurs l’énorme impact de la crise du Covid-19 sur le secteur de l’aéronautique, «fortement positif vis-à-vis de la Chine».

«Le vrai danger chinois pourrait notamment venir d’investissements prédateurs en Europe», souligne-t-il.

En témoigne notamment la retentissante affaire de l’aéroport de Toulouse: en 2015, à l’occasion de sa privatisation, «China Airport Synergy Investment Limited» (CASIL) raflait pratiquement 50% des parts de l’infrastructure et le contrôle de la société grâce à son pacte d’actionnaire avec l’État. Fin 2019, le groupe chinois revendait ses parts, empochant une confortable plus-value de 200 millions, sans compter 30 millions de dividendes en cinq ans. «On est là face une forme d’actionnariat prédateur. Finalement, CASIL se débarrasse une fois que la bête est saignée», soulignait à l’époque David Cayla, économiste spécialiste des aéroports.

En attendant, Bruxelles peut préférer la méthode Coué. Comme le souligne La Tribune, «au total, l’Union européenne a enregistré en 2020 un excédent commercial en nette hausse vis-à-vis du reste du monde, à 217,3 milliards d’euros, contre 191,5 milliards en 2019.»«Le chiffre est encore plus élevé pour les 19 pays de la zone euro: excédent de 234,5 milliards d’euros l’an dernier, contre 221 milliards l’année précédente», ajoute le média spécialisé dans l’économie.


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