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Henry Buzy-Cazaux, président fondateur de l’Institut du Management des Services Immobiliers, analyse les freins auxquels se heurte encore le débat autour de la rénovation énergétique des logements. Tribune.
Réussir la transition énergétique des logements est subordonné à trois conditions : d’abord l’adhésion des ménages, ensuite la connaissance de la situation physique des biens concernés, enfin les moyens financiers et techniques d’améliorer l’existant. L’État semble croire, à moins qu’il ne veuille faire accroire aux citoyens, que les conditions sont désormais toutes réunies. Les circonstances sont bien moins heureuses et elles ont de quoi inquiéter. On peut même se demander à l’inverse si ce qui se passe n’est pas de nature à compromettre la réussite environnementale annoncée et voulue. On ne peut nier en outre que la nation soit après des années de débat acquise à la nécessité de protéger la planète et de la sauver du réchauffement climatique : les sondages sur les préoccupations des Français réalisés à l’occasion des élections le révèlent sans discussion possible. L’écologie a le vent en poupe et la pandémie a accentué la sensibilité de nos compatriotes au besoin de changer de monde.
À n’en pas douter, la plus grande victoire des gouvernements depuis les lois Grenelle 1 et 2 et l’impulsion donnée par des figures politiques telles que Jacques Chirac ou Jean-Louis Borloo est la conviction de l’essentiel du peuple français. Le climatoscepticisme a reculé, s’il n’a pas disparu. Pour la voiture, le logement, les ménages sont prêts à des efforts. Ils montrent des signes patents de volonté de conversion. S’agissant de l’habitat, il n’est que de regarder le carnet de commande des entreprises de rénovation depuis deux ans, malgré les circonstances économiques troublées, ou la consommation de l’aide publique phare MaPrimeRénov’. Voilà que les deux autres conditions sont en train de manquer à l’appel.
C’est surtout la faiblesse de l’outil majeur de diagnostic des biens immobiliers qui fait prendre le risque de dissuader les ménages durablement d’aller vers la vertu énergétique. L’histoire est sombre. Elle se joue en trois séquence. Le fameux diagnostic de performance énergétique (DPE) a gagné difficilement ses lettres de noblesse, jusqu’à devenir populaire. L’État a souhaité le perfectionner et au 1er juillet entrait en vigueur un DPE ajoutant à l’indication de la consommation d’énergie les émissions de gaz à effet de serre ainsi que les travaux à engager pour obtenir une meilleure note énergétique. En outre, ce DPE prenait du même coup une force juridique indiscutable, en devenant opposable. En clair, il permettait de remettre en cause un contrat de location ou de vente en cas d’informations erronées sur le bien concerné. On s’est vite aperçu que ce nouveau DPE dégradait en passoires énergétiques une proportion de biens considérables : un quart des logements visités étaient précipités dans les profondeurs du classement environnemental. Dès octobre, la ministre a suspendu l’utilisation de cet outil. Elle a exigé des techniciens du ministère qu’ils travaillent à marches forcées pour que dès la mi novembre le DPE revu et corrigé puisse être opérationnel.
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