Faut-il s’inquiéter de l’engouement pour la dette “pourrie” ?

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Les emprunts d’entreprise dits « pourris » (junk bonds, titres d’obligations d’entreprises dits « à haut rendement », censé compenser la capacité de remboursement jugée moins bonne de l’émetteur) ont le vent en poupe, sur les marchés financiers. Alors que les taux d’intérêt sont écrasés par les grandes banques centrales, ils ont été plébiscités par les investisseurs en quête de rendement, au cours des derniers mois. Ils rapportent plus car ils sont jugés risqués, mais leur succès auprès des investisseurs interroge en pleine crise sanitaire et économique. Ces emprunts d’entreprise « pourris » ont été dopés ces derniers mois par le déversement d’énormes quantités de liquidités pour faire face à la crise.

Les « junk bonds » sont des « obligations pourries », quand ces obligations ont une note de qualité (attribuée par les agences de notation) inférieure à un certain niveau. A la mi-août, les émissions de cette dette à risque aux Etats-Unis culminaient à 274 milliards de dollars, soit déjà plus que sur l’ensemble de 2019, selon les données de l’agence Bloomberg. L’Europe a de son côté connu une « accélération » en fin de premier semestre d’après l’agence Fitch Ratings, les émissions de « junk bonds » atteignant en juin 108 milliards d’euros en glissement annuel dans un marché traditionnellement moins développé qu’outre-Atlantique.

« L’appétit des investisseurs pour ces obligations vient de la recherche de rendement », explique Frédéric Rollin, senior investment advisor pour Pictet AM, insistant sur la difficulté d’en trouver aujourd’hui, alors que les marchés sont abreuvés abondamment par les grandes banques centrales. Le rendement, les obligations « junk » sont parmi les rares à en proposer, dans l’actuel environnement de taux d’intérêt très bas. La Fed soutient les entreprises dégradées récemment par les agences de notation, comme Ford ou Occidental Petroleum, en rachetant directement leur dette. La BCE achète de son côté de la dette d’entreprises bien notées, mais autorise les banques à lui déposer des titres devenus « pourris » en garantie lorsqu’elles viennent emprunter.

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