Le calme avant la tempête : les banques européennes bientôt à terre ?

À la demande de la Banque centrale et de l’Autorité bancaire, un «stress test» a débuté en Europe. L’objectif est de vérifier la solidité du secteur bancaire en ces temps de crise. Les banques du Vieux Continent sont-elles vulnérables? Dominique Garabiol, spécialiste de la finance, pointe au micro de Sputnik un problème de rentabilité sectoriel.

Il est temps de repasser au révélateur du scénario catastrophe pour les banques européennes. L’Autorité bancaire européenne (EBA), conjointement avec la Banque centrale européenne (BCE), a lancé le 29 janvier un nouveau stress test d’envergure en Europe. Pas moins de cinquante établissements du Vieux Continent (dont trente-huit de la zone euro) seront soumis à divers scénario. Une de ces hypothèses, particulièrement dure, verrait la crise sanitaire et donc économique se prolonger. Le but? Savoir si elles ont les reins assez solides pour traverser la tempête. Les simulations ont d’ores et déjà commencé. Les conclusions sont attendues pour le 31 juillet.

​Les autorités européennes assurent avoir eu la main lourde. En 2019, la Cour des comptes européenne avait émis des critiques contre l’EBA, jugeant ses scénarios trop cléments pour les banques.

«Le scénario pourrait être encore plus noir»

Pour la mouture 2021, qui avait été repoussée d’un an, Covid-19 oblige, «c’est le scénario le plus dur que nous avons eu jusqu’à présent», assure aux Échos «une source proche des autorités».

«Le scénario du pire retenu est sévère. Cependant, les banques sont particulièrement exposées à un changement de politique de la BCE. Ce qui n’a pas été retenu dans l’équation. En cas de resserrement de la politique monétaire, le scénario pourrait être encore plus noir», note au micro de Sputnik Dominique Garabiol, ancien banquier.

«Le scénario de référence pour les pays de l’UE est basé sur les projections des banques centrales nationales de décembre 2020, tandis que le scénario défavorable suppose la matérialisation des principaux risques de stabilité financière qui ont été identifiés par le Comité européen du risque systémique (CERS) et auxquels le secteur bancaire de l’UE est exposé. Le scénario défavorable reflète également les récentes évaluations des risques par l’EBA», peut-on lire sur le site de l’instance européenne.

Dans le détail, que prévoit ce scénario? Autant le dire tout de suite, il est cauchemardesque. À une chute du PIB dans l’UE de l’ordre de 3,6% entre 2020 et 2023, s’ajouterait une hausse du chômage de 4,7%. Du côté de l’immobilier, même son de cloche sinistre –pour les banques en tout cas. Les prix du résidentiel s’effondreraient de 16,1%. C’est encore pire pour l’immobilier commercial avec une dégringolade de 31,2%.

Dominique Garabiol retient que la situation imaginée du pire anticipe une baisse des marchés financiers. Ces derniers, qui tutoient actuellement des sommets, perdraient 50% de leur valeur en 2021.

Un sombre tableau qui pourrait devenir réalité, malgré les vaccins? Concernant ces derniers, «les régulateurs ne dévoilent pas d’hypothèses de base», notent Les Échos. «Il y a beaucoup d’incertitudes en la matière […] mais, en effet, si les choses tournent mal, cela peut conduire à la matérialisation du scénario défavorable», explique un expert au quotidien économique de référence.

Les banques italiennes en danger?

Les risques qui pèsent sur les établissements bancaires sont très nombreux. Malgré des mesures de restriction sanitaire qui supplicient l’économie, les gouvernements ne parviennent pas à enrayer la propagation du virus. Des variants font leur apparition. Ils sont plus dangereux car plus contagieux et plus susceptibles de résister aux vaccins. Quant à ces derniers, des problèmes d’approvisionnement compliquent les campagnes de vaccination.

Un tel contexte rend la sortie de crise incertaine. Et la conjoncture pèse de plus en plus sur de très nombreux ménages et entreprises, dont certaines ont été artificiellement maintenues en vie comme l’expliquait récemment au micro de Sputnik l’économiste Philippe Simonnot. Le «quoi qu’il en coûte» d’Emmanuel Macron aura de graves conséquences selon lui: «Cela signifie que l’exécutif a maintenu en vie des entreprises dont certaines auraient dû faire faillite même en l’absence du Covid. L’économie française va devoir composer avec une multiplication d’entreprises zombies qui n’auraient pas dû survivre. Un tel contexte est de nature à sérieusement gêner la reprise.»

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