Alerte rouge sur l’économie française: des secteurs entiers au bord du gouffre

Les signaux d’inquiétude se multiplient pour l’économie française. Le pays se trouve dans sa deuxième phase de confinement de l’année et n’est pas prêt d’en sortir totalement. Les prévisions de croissance pour 2021 ont été revues à la baisse par l’Insee et des secteurs d’activité entiers sont proches de l’abysse. Tour d’horizon de ce tableau noir.

Les mauvaises nouvelles s’accumulent ces derniers jours sur le front de l’économie française. L’Insee a récemment publié des chiffres qui, sans surprise, montrent l’ampleur de l’impact du confinement «saison 2». L’institut de statistique prévoit une chute de 2,5 à 6% du produit intérieur brut (PIB) au quatrième trimestre.

«Nous sommes en phase avec l’Insee. Nous partageons une grande incertitude mais nous sommes dans le même mouchoir de poche», a lancé Sylvie Goulard, sous-gouverneure de la Banque de France, le 18 novembre à France Info.

Et la situation n’est pas prête de s’améliorer drastiquement, à en croire les déclarations du porte-parole du gouvernement Gabriel Attal. Il a averti le 18 novembre que le pays était encore «loin du déconfinement»: «On parle d’une adaptation éventuelle du confinement à partir du 1er décembre, si la situation sanitaire nous le permet», a déclaré celui-ci à la sortie du Conseil du ministre. Aussi a-t-il mis en avant la «tension extrême dans les hôpitaux». D’après les chiffres de Santé publique France, au 18 novembre, on comptait 32.842 personnes hospitalisées dont 4.775 en réanimation.

​Environ 20.000 nouvelles entrées à l’hôpital avaient été enregistrées entre le 6 et le 10 novembre, contre 15.960 ces sept derniers jours. Sur ces presque 16.000 malades, 2.558 ont été admis en service de réanimation, contre 3.000 au plus fort de la crise.

Ne pas «donner le sentiment que la crise est derrière nous»

Des chiffres encourageants mais qui n’autorisent pas de relâchement, selon le professeur Philippe Juvin, chef des urgences à l’hôpital Georges-Pompidou et invité de la matinale de Laurence Ferrari sur CNews ce 19 novembre. «On a aujourd’hui très clairement moins de nouveaux cas» mais «des hôpitaux qui sont encore très pleins», a-t-il résumé.

Une situation qui a fait dire à Gabriel Attal qu’il ne faut pas «donner le sentiment que la crise est derrière nous». «Nous sommes encore très loin d’avoir gagné la guerre face au virus», a-t-il martelé. Avant d’ajouter que «nous devons vivre avec les contraintes nécessaires à sa maîtrise pendant encore un certain temps».

Or ces contraintes commencent à fortement exaspérer les «commerçants non-essentiels» de France. Ils demandent une réouverture immédiate de leurs points de vente, fermés pour cause de confinement. Le 29 octobre, Véronique Weingarten, commerçante dans l’enseigne familiale La Croisée des styles, à Blotzheim en Alsace, avait entamé une grève de la faim pour protester contre la fermeture de son commerce. Devant l’insistance de ses proches, elle a mis fin à son action le 2 novembre, mais sa prise de position a attiré l’attention des médias et du public sur la difficile condition des commerçants de France, obligés de cesser leur activité. Et ils sont très nombreux comme Véronique Weingarten, à travers tout le pays.

«La réouverture est plus une affaire de jours que de semaines», a affirmé Bruno Le Maire dans Le Figaro. Le ministre de l’Économie a proposé un report du fameux Black Friday du 27 novembre au 4 décembre. Une proposition motivée en partie par le fait que la tenue d’un tel événement, dans un contexte de fermeture de nombreux commerces, pourrait être perçue comme un manque de justice vis-à-vis des petits commerçants. Ceux-ci sont soumis à la concurrence des grandes surfaces et des géants du commerce en ligne. Problème: cela semble impossible sur le plan légal.

Des «Gilets jaunes puissance 100»

Avec une possible réouverture au 1er décembre, les «commerçants non-essentiels» sont toujours mieux lotis que les cafés, bars et restaurants. Leurs portes sont également fermées depuis le 30 octobre mais ne devraient pas pouvoir rouvrir avant le 15 janvier minimum, selon des informations de France Info et du Point. Signe de la férocité de la crise, d’après une étude déclarative réalisée par les quatre principales fédérations de restaurants, bars et café du pays, 65,8% des 6.600 patrons interrogés «craignent de devoir fermer boutique» à court ou moyen terme.

«Au début du premier confinement, 11% seulement estimaient qu’ils allaient mettre la clé sous la porte, puis 16% en mai», explique au «Parisien» Franck Trouet, délégué général Paris-Île-de-France du Groupement national des indépendants de l’hôtellerie et de la restauration (GNI). «Aujourd’hui, ce chiffre a quadruplé!», ajoute-t-il.

Le secteur de l’hôtellerie ne va pas tellement mieux, à en croire le PDG du groupe Accor. Sébastien Bazin confiait récemment son inquiétude à France Info: «Il y a à peine trois semaines, au début du confinement, moins de 100 hôtels sur 1.600 étaient fermés. Il y en a plus de 300 aujourd’hui, c’est-à-dire 200 de plus. J’espère que les propriétaires vont pouvoir rester ouverts. Mais quand j’entends le gouvernement dire qu’il va s’adresser seulement à ceux qui ont une fermeture administrative, les bars et les restaurants, c’est une hérésie! Les hôtels ne peuvent pas fonctionner quand on n’a pas de bars, de restaurants et de circulation de gens.»

​Si des secteurs comme le bâtiment, l’industrie pharmaceutique, l’aéronautique, l’automobile, l’industrie chimique ou encore l’habillement-textile-chaussures profitent de ce deuxième confinement «allégé» pour maintenir une activité correcte, des pans entiers de l’économie française sont quasiment à l’arrêt. Et cela pourrait déboucher sur une situation sociale explosive, à en croire Raymond Soubie, spécialiste des politiques sociales et ex-conseiller de Nicolas Sarkozy. Récemment invité d’Europe 1, il lançait un avertissement:


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