Le cours de l’or explose: la planche à billets panique-t-elle les investisseurs?

L’once d’or a atteint le 28 juillet un record absolu à 1.981,27 dollars. Où va s’arrêter le métal jaune? Bank of America Merrill Lynch prévoit un prix à 3.000 dollars dans les prochains mois. Philippe Herlin, docteur en économie et chroniqueur pour Or.fr, livre à Sputnik France son analyse de cette nouvelle ruée vers l’or.

Deux records coup sur coup. Le 27 juillet, l’once d’or atteignait le prix de 1.945,72 dollars, balayant le précédent record datant de 2011. Déjà euphoriques, les aficionados du métal jaune ont pu se réjouir à nouveau dès le lendemain. Le cours de l’or a franchi le 28 juillet en Asie la barre des 1.980 dollars l’once.

​Si depuis, le prix du précieux métal reprend son souffle, il évolue toujours à des niveaux inédits (1.954,02 dollars à 16h00 GMT). Depuis le début de l’année, le coût de l’or s’est apprécié de plus de 25%. Comment expliquer une telle envolée? Pour Philippe Herlin, Docteur en économie et chroniqueur pour Or.fr, la raison principale est à chercher du côté des montants colossaux injectés dans l’économie par les Banques centrales:

«La planche à billets commence à faire naître une défiance sur la monnaie. Et cela concerne aussi bien le dollar que l’euro.»

Afin de faire face à la crise économique entraînée par la pandémie de Covid-19, les Banques centrales font tourner la planche à billets à plein régime. La Réserve fédérale américaine (FED) achète des dizaines de milliards de dollars d’actifs de manière hebdomadaire. Si bien qu’en juin, son bilan a dépassé les 7.000 milliards de dollars, alors qu’il était inférieur à 3.500 milliards en mars. Le bilan de la FED représentait donc l’équivalent de 32% du PIB américain à la fin du premier semestre 2020.

L’immobilier en difficulté

Ses pendantes européenne ou japonaise n’ont rien à lui envier en matière d’artillerie monétaire. À la fin juin, le bilan de la Banque centrale européenne (BCE) dépassait 52% du PIB de la zone euro. Celui de la Banque du Japon (BoJ) est quant à lui supérieur au PIB du pays (120%).

​Un tel contexte fait donc craindre une érosion de la valeur des monnaies et pousserait les investisseurs vers un actif refuge tel que l’or. Mais d’après Philippe Herlin, l’orgie de liquidités des Banques centrales n’explique pas à elle seule cet appétit pour le métal précieux.

«L’immobilier va connaître une période difficile. Notamment le commercial, avec une augmentation du nombre de faillites. La hausse du chômage dans le monde va quant à elle impacter l’immobilier résidentiel, même si les situations seront différentes selon les pays et les villes», analyse Philippe Herlin.

La pandémie de Covid-19 a fait exploser le taux de chômage à travers le globe. «Dans le scénario le plus optimiste d’évolution de la pandémie, le taux de chômage dans l’ensemble des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) pourrait atteindre 9,4% au quatrième trimestre 2020, dépassant tous les pics enregistrés depuis la Grande Dépression», expliquait ainsi l’organisme aux 37 nations, dans son édition 2020 du rapport «perspectives de l’emploi», publié le 7 juillet.

Quant aux faillites, l’assureur-crédit Euler Hermes a récemment annoncé des prédictions très sombres: +35% dans le monde d’ici 2021. Les États-Unis, première économie du globe, devraient voir le nombre de défaillances d’entreprises s’envoler de 57% d’ici 2021.

Si les investisseurs ne peuvent compter sur l’immobilier, où se diriger? Les obligations souveraines pourraient offrir une alternative afin de protéger son capital. Mais les rendements très faibles, voire négatifs les ont rendu moins attractives. «Il n’y a presque plus de perspectives de gain sur le marché obligataire», souligne Philippe Herlin.

À 15h00 GMT ce 28 juillet, le rendement de l’obligation américaine à 10 ans était de 0,579%. C’est encore moins pour le Japon avec 0,014%. La France et l’Allemagne se situent quant à elles en territoire négatif, avec respectivement -0,189% et -0,507%.

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