Au Brésil, inflation et faim vont de pair

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« Moins de viande, plus de légumes et beaucoup de créativité »: c’est avec ce mantra en tête que la Brésilienne Marli Fumagalli fait son marché à Sao Paulo, obligée de changer ses habitudes alimentaires par la hausse des prix.

L’inflation galopante se reflète dans les assiettes, dans un pays de 213 millions d’habitants, soit 13% de la population, vit sous le seuil de pauvreté, avec des inégalités béantes encore creusées par la crise du coronavirus.

« Je suis toujours dans le rouge. Pour la viande, j’ai juste les moyens d’acheter des abats, que je mélange avec des légumes ou des pommes de terre », explique Mme Fumagalli, 69 ans, qui doit nourrir sa mère et ses deux filles avec sa modeste retraite.

En août, l’inflation sur un an a atteint 9,68%. Mais les prix des aliments ont augmenté de 14%.

« Cette inflation au-dessus de la moyenne pour les aliments a plombé le budget des familles les plus pauvres depuis 2020, et ça continue cette année », explique Joelson Sampaio, économiste de la Fondation Getulio Vargas (FGV).

Selon une étude de la FGV publiée en avril, 27,7 millions de Brésiliens vivent sous le seuil de pauvreté, soit 12,98% de la population, qui gagne moins de 261 réais (41 euros) par mois. En 2019, le pourcentage s’élevait à 10,97%, avec 23,1 millions de personnes vivant dans la misère.

– Le boeuf, un luxe –

Au marché où Mme Fumagalli fait ses courses, le boucher José Guerreiro ne propose presque plus de viande de boeuf, mais davantage de volaille.

« J’essaie de varier les fournisseurs pour trouver les meilleurs prix, mais ça monte sans arrêt, il y a un effet boule de neige », déplore-t-il.

Le prix du boeuf a augmenté de 30,7% en un an, soit trois fois plus que l’inflation. Une situation paradoxale pour un pays au cheptel gigantesque, premier exportateur mondial de viande bovine.

D’après un sondage récent de l’institut Datafolha, 85% des Brésiliens ont réduit leur consommation d’au moins un type d’aliment cette année, et 67% ont mangé moins de viande rouge.

Autre donnée encore plus préoccupante: 35% des sondés disent également consommer moins de riz et de haricots noirs, les aliments de base des familles brésiliennes.

« Le premier réflexe des consommateurs est de remplacer certains aliments par d’autres, puis de réduire les portions et enfin de se priver de certaines denrées », explique Joelson Sampaio.

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