Comment se protéger au mieux de l’inflation ?

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Selon l’Insee, l’inflation a atteint 4,5% sur un an au mois de mars et les effets de la guerre en Ukraine ne sont pas encore comptabilisés. Alors que nous ne sommes pas tous égaux face à ce phénomène, comment se protéger au mieux face à la hausse des prix ? Certaines catégories d’individus ont-elles plus de marge que d’autres ?

Sébastien Laye : Force est de constater, qu’en dépit de ceux (politiques et banquiers centraux européens) qui niaient le problème il y a encore 3 mois, l’inflation en France, à moins de 3% en fin d’année dernière, a fini par s’emballer pour converger vers les taux allemands ou espagnols prochainement (vers 6%), et peut etre un jour le niveau américain actuel (9%). Dès lors, se pose la question des gagnants et des perdants d’une ère inflationniste, mais aussi de la protection face à l’inflation. Sur le premier front, les grands gagnants sont ceux qui se sont endettés à des taux faibles et rembourseront des crédits avec des revenus en expansion au cours des prochains mois. A l’inverse, les fourmis vertueuses et épargnantes sont négativement affectées par l’inflation, les rendements réels sur leur épargne nette devenant faibles voir négatifs. Typiquement, aujourd’hui, un investissement dans une SCPI par exemple rapporte 3-4% par an: mais après les impots et l’inflation, on s’achemine en territoire négatif. Malgré tout, ceux qui disposent d’une épargne ont encore les moyens de réorienter leur patrimoine en période inflationniste, avec des rendements bruts eux qui augmenteront quand les taux d’interet augmenteront. C’est déjà le cas aux USA, mais pas en Europe, où il faudra probablement attendre la fin de l’année avant une première hausse des taux par la BCE : la situation redeviendra plus simple à ce moment là pour les épargnants, avec une inflation qui certes entame le rendement net, mais des rendements bruts en augmentation, sur l’obligataire. Pour la population la moins aisée qui ne peut épargner, l’effet de ciseau est dévastateur : les prix alimentaires et énergétiques augmentent, mais tous les métiers ne sont pas sous tension et ne profitent pas de hausses de salaires. Un ingénieur dont le profil est en forte demande ne relèvera même pas le niveau actuel de l’inflation, mais un ouvrier en pâtira. C’est une des caractéristiques actuelles de l’inflation, qui sera renforcée par l’impact dans quelques semaines de la guerre en Ukraine : elle n’est pas générale, mais concerne en fait tout actif financiarisable (matière première ou alimentaire).

Selon la nature de notre patrimoine ou de notre quantité d’épargne, qu’est il possible de faire pour se protéger de l’inflation ?

Il faut le repréciser, sans patrimoine ou épargne, il n’y a guère de parades. Pour ceux qui disposent d’un tel matelas, réallouer certains actifs me parait indispensable (portfolio rebalancing). Quels sont les actifs qui surperforment en période d’inflation ? L’immobilier (mais il faudra sans nul doute prendre un peu plus de risques que sur les produits financiers immobiliers traditionnellement vendus en France), les matières premières, les actions technologiques; il s’agit d’ailleurs des gagnants des derniers mois… Parmi les perdants en période inflationniste, on notera bien sur les obligations, et les actions de secteurs comme celui des transports.

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