Enquête : le rendement de l’or constaté par huissier

Depuis toujours, la valeur de l’or est sujette à caution : cours réel, trafiqué, manipulé ; stocks présents ou absents, etc. La relique barbare provoque de nombreux fantasmes. Un journaliste français a voulu en avoir le cœur net. Il s’est lancé dans l’analyse de plusieurs milliers de données sur l’évolution du cours de l’or pendant 50 ans. Et pour certifier son travail titanesque, il a fait appel à un huissier de justice.

Connaître la valeur du cours de l’or

« L’or n’a pas de rendement ». C’est un fait, nous le répétons assez souvent sur ces pages. En effet, l’or ne produit pas d’intérêts, de dividendes ou encore moins de loyers. Mais, l’or peut-il quand même rapporter ?

Pour Nicolas Delourme, journaliste d’investigation, c’est certain. Pour lui, la rentabilité de l’or se joue entre le prix d’achat et le prix de revente donc sur la plus-value potentiellement réalisée. Et tout est dans le « potentiellement ». En effet, ils sont nombreux à faire des généralités sur des périodes ou des cas particuliers : « Ah si vous avez acheté des pièces ou des lingots en 2012 (au plus haut) pour les revendre un an plus tard au plus bas, vous avez beaucoup perdu ». Nicolas Delourme, en plus de ses qualités d’enquêteur, maîtrise parfaitement l’outil informatique et l’analyse de données. Il y a 18 mois, il se lance dans un projet dont le but est de certifier les « rendements du cours de l’or ». Ce travail est aujourd’hui publié par les éditions Jean de Portal dans un rapport d’investigation de plus de 70 pages et dans une version complète de 132 pages.

Rendement de l’or : la méthodologie

On l’a vu sur un tout autre sujet ces derniers mois, les données et la méthode utilisées pour établir les calculs « font » les résultats puis l’analyse. On fait dire ce qu’on veut aux chiffres disent les réfractaires aux statistiques et aux mathématiques. Quand on a la volonté d’apporter des informations qui ne pourront pas être remises en cause, il faut alors être extrêmement rigoureux sur la méthodologie.

Les données de LMBA comme source

Nous l’avons déjà souvent expliqué ici, le cours de l’or est produit essentiellement par deux sources dont les données sont assez proches mais pas 100% similaires. Il y a donc le cours de l’or spot utilisé par les traders et les émetteurs d’ETF. On parle en général d’or « papier » même si ce n’est pas complètement exact.

PublicitéLe cours retenu par Nicolas Delourme pour son étude, c’est le fixing de la LBMA (London Bullion Market Association), l’association des grands acteurs de l’or. Deux fois par jour, le prix de l’or est « fixé » et enregistré. On a donc une donnée régulière qui ne peut pas être remise en cause sur sa temporalité : le cours de l’or chaque jour à la même heure et ce depuis 1971, soit 50 ans ! Cette date est primordiale dans l’analyse du cours de l’or. Le 15 août 1971, Nixon met fin aux accords de Bretton Woods, il suspend la convertibilité du dollar en or. Le prix de l’or est donc « libre », volatil, à partir de ce jour-là. Entre le moment de l’achat et celui de la revente, on peut perdre ou gagner de l’argent.

1506 possibilités passées à la moulinette informatique

Avec cette donnée source, le data-journaliste Nicolas Delourme a créé un code informatique pour comparer le prix de l’or sur 50 années avec toutes les solutions possibles. « différence entre le prix d’achat année n et celui de revente année n+x ». Il disposait de 1275 combinaisons de cours en dollars et de 231 combinaisons en euros. De 1971 et jusqu’en 2020, il révèle tous les calculs possibles. Par exemple : j’ai acheté un lingot d’or en 1972, revendu en 2020, ou en 2019 et liquidé en 2020 ou bien encore en 2008 et j’ai libéré mon portefeuille de son or en 2012. Et chaque plus-value ou moins-value est pointée. La visualisation graphique est efficace sous forme de points verts (gains) et points rouge (pertes).

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