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Devant les tensions croissantes entre les États-Unis et l’Iran, le cours de l’or a atteint son plus haut en six ans le 6 janvier, en tutoyant les 1.600 dollars l’once. Jusqu’où pourrait-il monter ? 2020 pourrait-elle être l’année de la ruée vers l’or ? Philippe Herlin, économiste et chroniqueur pour OR.FR a confié son analyse à Sputnik France.
L’année commence très fort sur le front économique. Les répercussions de l’assassinat du général iranien Qassem Soleimani le 3 janvier par les États-Unis ne se font pas seulement sentir sur le terrain diplomatico-militaire. Alors que Téhéran réclame vengeance après le meurtre de son général le plus puissant, vu en Iran comme « l’homme qui arrêté Daesh », selon Jean-Dominique Merchet, correspondant de L’Opinion, les marchés s’inquiètent d’une escalade militaire qui pourrait conduire à un conflit armé direct entre Washington et Téhéran.
L’une des conséquences de ces préoccupations est la montée en flèche des cours de l’or. Le 6 janvier, le prix de l’once est venu tutoyer la barre des 1.600 dollars, un niveau qui n’avait plus été observé depuis plus de six ans. Si le 7 janvier, le cours du métal jaune est redescendu, son niveau reste élevé à plus de 1.550 dollars l’once à la mi-journée. Pendant ce temps, les États-Unis continuent de menacer l’Iran, qui assure de son côté plancher sur 13 scénarios de riposte après la mort de Quassem Soleimani.
Ce monde au bord de la crise de nerfs pourrait-il continuer à profiter au marché de l’or ? Les inquiétudes sur la santé de l’économie mondiale et du dollar pourraient-elles jouer un rôle dans une nouvelle flambée des cours ? Faut-il investir dans le métal jaune ?
Philippe Herlin, docteur en économie du Conservatoire National des Arts et Métiers, auteur de « L’or, un placement d’avenir » aux éditions Eyrolles et chroniqueur pour le site OR.FR, répond aux questions de Sputnik France.
Sputnik France : L’or a atteint son plus haut en six ans le 6 janvier avec des prix avoisinant les 1.600 dollars l’once. Aujourd’hui, les prix repartent à la baisse, mais évoluent toujours au-dessus des 1.550 dollars. Peut-on aller plus haut que 1.600 dollars dans un futur proche ? 2020 pourrait-elle l’année de la ruée vers l’or ?
Philippe Herlin : Il faut constater qu’avant même les événements au Moyen-Orient, le cours de l’or avait commencé à monter. En 2015, nous avions presque touché les 1.000 dollars l’once et depuis le cours a tendance à monter de façon plutôt régulière. Cela tient au fait que les Banques centrales font de la planche à billets et que les taux d’intérêt sont très bas, même s’ils le sont plus en Europe qu’aux États-Unis. D’ailleurs, la récente attitude de la Réserve fédérale américaine est assez révélatrice. Après avoir procédé à plusieurs remontées des taux, elle a recommencé à les baisser. Le fait que l’or monte régulièrement depuis 2015 démontre que c’est bien un actif de sécurité qui permet de se protéger, comme le montre la soudaine flambée des cours dans le sillage de récents événements géopolitiques majeurs.
Sputnik France : Les tensions entre les États-Unis et l’Iran sont-elles les seules à expliquer cette récente flambée des cours du métal jaune, qualifiée de « relique barbare » par certains acteurs de la finance ? Les inquiétudes sur la faiblesse de l’économie mondiale –notamment américaine– et du dollar ne jouent-elles pas un rôle ?
Philippe Herlin : La hausse récente est tellement flagrante qu’elle est forcément due à la mort de Soleimani. Autrement, il y a bien des tensions commerciales entre Washington et Pékin, mais sur la croissance, je ne suis pas forcément inquiet, notamment aux États-Unis, où elle est robuste. Plusieurs observateurs s’inquiètent de la situation des marchés qu’ils voient beaucoup trop hauts… On sait que les arbres ne montent pas jusqu’au ciel et il semble évident qu’ils finiront bien par baisser. Mais personnellement, je n’ai pas trop d’inquiétudes vis-à-vis de l’économie américaine.
Je m’inquiète plus de la situation en Europe. D’ailleurs, il est intéressant de regarder le cours de l’or en euros, dont le record est tombé. En dollars, le plus haut date de 2011, avec un prix de l’once qui avait avoisiné les 1.900 dollars. Nous en sommes relativement loin aujourd’hui. Concernant l’euro, un nouveau plus haut a été touché le 6 janvier à 1.423 euros l’once. Cela me fait dire que la situation financière et bancaire est plus inquiétante en Europe qu’aux États-Unis.
La situation est d’autant plus préoccupante que la dernière fois que le cours de l’or en euros était monté si haut, nous étions dans la période de la crise des dettes souveraines fin 2011 – début 2012. Aujourd’hui, il n’y a pas de crise de ce type. Cela signifie donc que des acteurs de la finance s’inquiètent de la situation des banques en Europe et des taux zéro qui écrasent leurs marges. Ce sont des préoccupations qui ne font pas la Une du 20 heures comme à l’époque, mais qui sont tout aussi graves.
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