La demande des investisseurs en pièces et lingots d’or a fortement progressé au troisième trimestre, contrairement à la joaillerie, dans un contexte économique incertain déclenché par la pandémie de Covid-19 qui favorise les valeurs refuge, selon le Conseil mondial de l’or (CMO).

Celle-ci a atteint 222,1 tonnes entre juillet et septembre 2020, soit 49% de plus qu’à la même période l’an dernier, selon un rapport trimestriel de l’organisation publié jeudi.

La demande d’or depuis le début de l’année est au même niveau qu’en 2009

« La demande des investisseurs privés en lingots et pièces d’or a repris, et assez fortement », a commenté le porte-parole du CMO John Mulligan auprès de l’AFP, « notamment en Chine, en Turquie mais aussi en Europe. »

L’aversion de ce type d’investisseurs pour le risque a été l’un des principaux moteurs pour ces placements en faveur de l’or, en sa qualité de valeur refuge, a-t-il précisé.

Ce statut du métal jaune est également à l’origine des niveaux atteints par les prix ce trimestre, qui ont pulvérisé le 8 août leur record historique à 2.075,47 dollars l’once et évoluaient toujours ces jours-ci aux alentours de 1.900 dollars.

Dans le sillage des pièces et lingots, les titres financiers cotés (ETF) indexés sur le cours de l’or ont eux aussi attiré des flux importants sur le trimestre, pour atteindre un total de 272,5 tonnes sur la période, une augmentation marquée « bien qu’à un rythme plus lent qu’au premier semestre », nuancent les auteurs du rapport.

Bijoux à genoux

Ces bonnes performances n’ont cependant pas réussi à compenser la chute de la demande en joaillerie, tombée à 333,0 tonnes entre juillet et septembre 2020 soit 29% de moins que l’année dernière à la même période.

L’Inde, qui représentait près d’un quart de la demande en bijoux l’an dernier au troisième trimestre, a vu celle-ci fondre en raison de la pandémie de Covid-19 qui a lourdement affecté le pays et entraîné le report de nombreux mariages, événements propices à l’achat d’or par les familles.

La Chine, berceau de la pandémie, conserve sa place de premier marché de la joaillerie mais sa demande a elle aussi ralenti, de l’ordre de 25% d’une année sur l’autre.

Les deux pays « ont été les principaux responsables de la baisse en volume mais cette faiblesse a été mondiale », commentent les auteurs du rapport, qui pointent du doigt le ralentissement économique et le prix élevé de l’or, dissuasif pour de nombreux acheteurs de bijoux.

La demande industrielle a également marqué le pas, avec une baisse en volume de 3% par rapport au troisième trimestre 2019. Tous segments de marché pris en compte, la demande totale en or a diminué de 19% par rapport au troisième trimestre 2019, à 892,3 tonnes.

Les banques centrales, en première ligne depuis le début de la crise pour défendre leurs monnaies, ont pour leur part davantage vendu d’or qu’elles n’en ont acheté au troisième trimestre, une première depuis près de dix ans. Avec -12,1 tonnes, le solde net est pour la première fois négatif depuis le troisième trimestre 2011.

Deux pays sont principalement responsables de ce résultat: la Turquie et l’Ouzbékistan qui se sont respectivement allégés de 22,3 et 34,9 tonnes d’or.

Néanmoins, « les banques centrales restent des acheteurs nets depuis le début de l’année, avec une demande pour les trois premiers trimestres atteignant 220,6 tonnes », souligne l’étude.

Du côté de l’offre, la pandémie de Covid-19 a aussi affecté l’extraction minière, en baisse de 3%, qui n’a pas été exempte d’une baisse d’activité voire de fermetures ponctuelles dans certains pays producteurs. Les prix soutenus ont cependant encouragé la filière du recyclage de l’or, en hausse de 6%.