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Les mesures annoncées le 3 septembre sont plus inspirées par des considérations politiques que par une logique économique rigoureuse.
On l’attendait depuis des mois, il est arrivé le 3 septembre, et il déçoit. On le sait depuis longtemps, la politique et l’économie ne font pas bon ménage, et le plan est clairement plus inspiré par des considérations politiques que par une logique économique rigoureuse. En flattant en même temps les écologistes, les entreprises (les grandes surtout) et les territoires, il répond à une logique électorale imparable mais prend le risque de ne pas atteindre l’objectif économique annoncé. Et si la reprise n’est pas au rendez-vous, les élections seront très délicates.
Avant d’intervenir, il est essentiel d’établir un diagnostic. Si l’on veut faire de la relance, il faut mettre des ressources en face de la cause de la récession et si la cause est mal identifiée, point de relance. Or, de manière symptomatique, le gouvernement n’énonce pas un diagnostic, il indique trois objectifs: l’écologie, la compétitivité, la cohésion sociale et territoriale.
Aucun d’entre eux n’est directement relié à l’épidémie et à ses conséquences économiques. Après avoir fait, et bien fait, le nécessaire au moment du confinement, le gouvernement prend le prétexte de la nécessité d’assurer la relance pour faire de la politique pure. Les 100 milliards de dépenses annoncés ne sont pas conçus pour faire repartir l’économie dans les dix-huit mois qui viennent, mais pour coller au discours politique du moment.
Le gouvernement semble croire que, d’une manière ou d’une autre, dépenser 100 milliards fera du bien. Il risque fort d’être très déçu. En effet, pour être efficace, une relance par la dépense publique doit répondre impérativement à deux critères:
- elle doit être rapide, dans la prise de décision et dans la mise en œuvre, sinon elle arrivera trop tard;
- elle doit être temporaire, sinon le déficit public ne sera jamais résorbé.
Le plan annoncé ne répond à aucun de ces deux critères.
Trois objectifs dont un très largement illusoire
Le premier objectif est la lutte contre le changement climatique. Bien sûr qu’il faut le faire, mais ça n’a rien à voir avec une relance. En réalité, cet argent commencera tout juste à être dépensé dans deux ans. On ne rénove par l’isolation du parc immobilier, public et privé, en claquant des doigts. On ne lance pas une filière verte sans une préparation soigneuse, ou alors on gaspille l’argent. On ne relance pas le fret ferroviaire sans avoir développé un plan d’investissement et il faut ensuite commander le matériel (trains, voies ferrées), le produire, mettre en place le personnel.
Le second objectif s’attaque au manque de compétitivité supposé de l’économie française. Certes, il y a des manques, mais ils ressortent essentiellement de l’environnement réglementaire, du poids du secteur public, d’un climat social éternellement tendu, d’un système éducatif usé et d’un système bancaire craintif, toutes choses qui ne sont pas prises en charge par le plan. Candidat, Macron avait parlé de tout cela, puis il a réformé vite et avec courage avant que les «gilets jaunes» ne fassent irruption, et tout ou presque s’est arrêté.
À défaut des réformes nécessaires, relance oblige, il s’agit de dépenses publiques, essentiellement des subventions ou des baisses d’impôts. Le plus gros paquet est consacré à une baisse de la fiscalité qui pèse sur les entreprises, baisse explicitement annoncée comme pérenne et non financée.
Cet objectif, et l’argent qui va lui être consacré, est très largement illusoire. Ainsi, par exemple, il s’agit de rapatrier la production de médicaments. Cette idée est hautement populaire mais remplacer un employé indien par un employé français a un coût exorbitant. Le déficit de la sécurité sociale, qui commençait juste à être jugulé, va exploser. Si l’on veut quand même tolérer ce déficit, ne vaut-il pas mieux embaucher des médecins et des infirmières ou acquérir des équipements de haute technologie?
Derrière tout cela se profile la petite musique de la réindustrialisation. Si la France et les autres pays avancés se sont désindustrialisés, c’est qu’il vaut mieux se concentrer sur les activités à forte valeur ajoutée car de haute technologie et laisser filer les activités de basse technologie vers les pays en développement où les salaires sont une fraction de ce qu’ils sont chez nous et où les compétences techniques sont rares.
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