L’économie de la Pénurie. Par… The Economist !

Nous sommes dans une très mauvaise situation, nous, eux, les autres, le monde entier à vrai dire. N’y voyez pas là un excès de pessimisme, bien au contraire. La résilience d’une nation provient de la bonne compréhension par sa population des enjeux et des difficultés. Les gens savent naturellement ce qui est bon pour eux, et quand ils sont informés comme il se doit ils peuvent prendre les décisions les plus pertinentes. Quand chaque famille est plus forte, c’est tout le pays qui est plus fort. La pandémie, les confinements, ont montré à quel point la population française savait faire face. C’est très rassurant pour ce qui va suivre.

Ce qui va suivre c’est quoi me direz-vous ?

Et bien c’est l’économie de la pénurie. Je vous parle depuis des mois des problèmes d’approvisionnement, de pénurie, je vous explique que cela sera durable et donc très prégnant. Les conséquences seront importantes à commencer par une inflation telle que seuls les plus anciens ont déjà vue.

Ces problèmes de pénuries multiples risquent de s’aggraver et la probabilité pour que ce soit le cas augmente. Elle ne diminue pas. Elle augmente, même si le pire n’est jamais sûr, rien à ce stade permet de pouvoir anticiper une inversion de tendance.

Je voulais vous proposer cet article de The Economist, LA référence de la presse économique anglo-saxonne. Source ici.

L’économie de la pénurie

« La rareté a remplacé la surabondance comme principal obstacle à la croissance mondiale

Une décennie après la crise financière, le problème de l’économie mondiale était le manque de dépenses. Les ménages inquiets ont remboursé leurs dettes, les gouvernements ont imposé l’austérité et les entreprises prudentes ont freiné les investissements, en particulier dans la capacité physique, tout en embauchant parmi un bassin de travailleurs apparemment infini. Aujourd’hui, les dépenses sont revenues en flèche, car les gouvernements ont stimulé l’économie et les consommateurs ont lâché prise. La poussée de la demande est si puissante que l’offre a du mal à suivre. Les chauffeurs routiers reçoivent des primes à la signature, une armada de porte-conteneurs est ancrée au large de la Californie en attendant que les ports se libèrent et les prix de l’énergie montent en flèche. Alors que la hausse de l’inflation effraie les investisseurs, les surabondances des années 2010 ont cédé la place à une économie en pénurie.

La cause immédiate est le covid-19. Quelque 10400 milliards de dollars de mesures de relance mondiales ont déclenché un rebond furieux mais déséquilibré dans lequel les consommateurs dépensent plus en biens que la normale, étirant les chaînes d’approvisionnement mondiales qui ont été privées d’investissements. La demande de produits électroniques a explosé pendant la pandémie, mais une pénurie de puces électroniques à l’intérieur a frappé la production industrielle dans certaines économies exportatrices, comme Taïwan. La propagation de la variante Delta a fermé des usines de vêtements dans certaines parties de l’Asie. Dans le monde riche, la migration est en baisse, les mesures de relance ont rempli les comptes bancaires et pas assez de travailleurs ont envie de passer d’emplois peu appréciés comme la vente de sandwichs dans les villes à des emplois en demande comme l’entreposage. De Brooklyn à Brisbane, les employeurs sont dans une course folle pour des mains supplémentaires.

Pourtant, l’économie de pénurie est aussi le produit de deux forces plus profondes.

Tout d’abord, la décarbonisation. Le passage du charbon aux énergies renouvelables a rendu l’Europe, et en particulier la Grande-Bretagne, vulnérable à une panique d’approvisionnement en gaz naturel qui, à un moment donné cette semaine, avait fait grimper les prix au comptant de plus de 60%. L’augmentation du prix du carbone dans le système d’échange de droits d’émission de l’Union européenne a rendu difficile le passage à d’autres formes d’énergie polluantes. Des pans de la Chine ont été confrontés à des coupures de courant alors que certaines de ses provinces se démènent pour atteindre des objectifs environnementaux stricts. Les prix élevés des composants d’expédition et de technologie déclenchent désormais une augmentation des dépenses en capital pour augmenter la capacité. Mais lorsque le monde essaie de se sevrer des formes sales d’énergie, l’incitation à faire des investissements à long terme dans l’industrie des combustibles fossiles est faible.

La deuxième force est le protectionnisme. Comme l’ explique notre rapport spécial , la politique commerciale n’est plus écrite dans un souci d’efficacité économique, mais dans la poursuite d’un ensemble d’objectifs, allant de l’imposition de normes de travail et d’environnement à l’étranger à la punition des opposants géopolitiques.

Cette semaine, l’administration de Joe Biden a confirmé qu’elle maintiendrait les tarifs de Donald Trump sur la Chine, qui sont en moyenne de 19%, promettant seulement que les entreprises pourraient demander des exemptions (bonne chance pour lutter contre la bureaucratie fédérale). Partout dans le monde, le nationalisme économique contribue à l’économie de pénurie. Le manque de chauffeurs routiers en Grande-Bretagne a été exacerbé par le Brexit. L’Inde a une pénurie de charbon en partie à cause d’une tentative malavisée de réduire les importations de carburant. Après des années de tensions commerciales, les flux d’investissements transfrontaliers des entreprises ont diminué de plus de moitié par rapport au pib mondial depuis 2015″.

Il y a donc deux facteurs clefs pour expliquer la pénurie, et non, le covid n’y est plus pour grand chose. La transition énergétique et écologique d’une part, et le nécessaire rééquilibrage productif conséquence d’une mondialisation mal fichue. et pour The Economist la transition écologique et énergétique pour le moment se passe mal, très mal même.

« Mais ne vous y trompez pas, les forces profondes derrière l’économie de pénurie ne disparaissent pas et les politiciens pourraient facilement se retrouver avec des politiques dangereusement erronées. Un jour, des technologies telles que l’ hydrogène devrait aider à rendre l’ énergie verte plus fiable . Mais cela ne comblera pas les pénuries pour le moment. À mesure que les coûts du carburant et de l’électricité augmentent, il pourrait y avoir un contrecoup. Si les gouvernements ne s’assurent pas qu’il existe des alternatives vertes adéquates aux combustibles fossiles, ils devront peut-être faire face aux pénuries en assouplissant les objectifs d’émissions et en revenant à des sources d’énergie plus polluantes. Les gouvernements devront donc planifier soigneusement pour faire face aux coûts énergétiques plus élevés et à la croissance plus lente qui résulteront de l’élimination des émissions. Prétendre que la décarbonation entraînera un boom économique miraculeux est voué à la déception ».

Et THE Economist de conclure inquiet…

« Les perturbations amènent souvent les gens à remettre en question les orthodoxies économiques. Le traumatisme des années 1970 a conduit à un rejet bienvenu du grand gouvernement et du keynésianisme grossier. Le risque est maintenant que les tensions dans l’économie conduisent à un rejet de la décarbonation et de la mondialisation, avec des conséquences dévastatrices à long terme. C’est la vraie menace posée par l’économie de pénurie ».

Vaste débat, vaste sujet.

2021 et 2022 seront marquées par l’inflation et l’économie de la pénurie, avec probablement un aggravation sérieuse à partir de la fin de cette année (mois de décembre) et des pénuries en augmentation et visibles dans les rayons à partir du mois de janvier et février 2022.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu.

Préparez-vous !

Charles SANNAT

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