Une cascade de faillites semble inévitable en France

La Banque centrale européenne a prévenu les gouvernements de la zone euro: un arrêt prématuré des soutiens à l’économie pourrait mettre en péril la reprise et entraîner des faillites. Dans le même temps, cette mise sous perfusion met en danger les finances nationales. Pour l’économiste Guillaume Travers, impossible de continuer sur le long terme.

Difficile jeu d’équilibriste financier auquel doivent se prêter les gouvernements de la zone euro. Comme vient de le rappeler la Banque centrale européenne (BCE) ce 25 novembre, les milliards d’euros débloqués pour soutenir une économie fortement impactée par la pandémie de Covid-19 devront continuer de couler pour un temps sous peine de voir la fragile reprise tuée dans l’œuf. Une «fin brutale […] pourrait entraîner […] une contraction économique plus sévère que pendant la première vague de la pandémie», alerte la Banque centrale dans son dernier rapport semestriel sur la stabilité financière.

​Les gouvernements de la zone euro, à l’instar de bon nombre de leurs partenaires à travers le monde, ont été dans l’obligation de débloquer d’importants fonds pour venir en aide à des secteurs sinistrés. Paris a ainsi mis 100 milliards d’euros sur la table dans le but de redresser l’économie. Des garanties publiques sur les prêts bancaires, des moratoires sur leur remboursement, des dispositifs de chômage partiel ainsi que des reports de charges et des aides sectorielles ont été mises en place.

«Une impasse»

Jusqu’à quand le gouvernement pourra-t-il soutenir à bout de bras des pans entiers de l’économie?

«C’est une très bonne question. Nous sommes dans un système qui a voulu que de nombreuses entreprises arrêtent de travailler. Il a donc fallu les aider pour faire face. Il est évident qu’en cas d’arrêt de ces soutiens, beaucoup se retrouveraient en faillite», répond au micro de Sputnik l’économiste et enseignant Guillaume Travers.

Ce 25 novembre sur France Inter, Bruno Le Maire indiquait que le nouveau dispositif d’aide aux entreprises qui sont contraintes de rester fermées prévoit de les indemniser à hauteur de 20% du chiffre d’affaires. Une manœuvre qui coûtera d’après le ministre de l’Économie la bagatelle de 1,6 milliard d’euros par mois à l’État.

«Nous changeons totalement le dispositif […] pour pouvoir couvrir non pas les plus petites entreprises, mais couvrir toutes les entreprises, sans exception, qui sont fermées», a expliqué Bruno Le Maire.

Certains secteurs devraient en avoir particulièrement besoin. Si les petits commerçants ont obtenu gain de cause et pourront rouvrir dès le 28 novembre, les restaurants, bars et autres discothèques restent dans le flou. Si les premiers pourraient de nouveau accueillir des clients le 20 janvier, aucune date précise n’a été évoquée pour les bars et boîtes de nuit.

Une situation plus que chaotique qui fait dire à la BCE que si le soutien devait brusquement s’arrêter, les entreprises les plus impactées par les restrictions, comme celles du secteur de la gastronomie, «pourraient faire face à de graves problèmes de solvabilité ou à un déséquilibre plus durable de leurs modèles économiques […] alors même que le reste de l’économie se rétablirait».

«Les gouvernements se sont mis dans une impasse par la manière dont a été gérée cette crise, notamment le confinement, en France et dans d’autres pays. Il me semble très difficile d’éviter une vague de faillites. La question serait plutôt de savoir quand elle aura lieu. Est-ce qu’on la repousse de quelques mois? Malheureusement, vu les circonstances, elle semble inévitable», analyse Guillaume Travers, également contributeur de la revue «Éléments».

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