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Il n’est plus possible de nier la hausse des prix, le tout est de savoir si elle sera pérenne. Actuellement, les biens concernés sont, dans leur grande majorité, les produits de base, ce qui montre une tendance de fond et laisse prévoir une transmission à l’ensemble des produits de consommation courante. On constate une envolée du prix des matières premières essentielles comme l’énergie avec le pétrole et le gaz naturel (+20% depuis le début de l’année), des métaux comme l’acier, le cuivre, l’aluminium, le bronze, le laiton, et aussi d’autres matériaux comme le plastique et le bois. Le prix des matériaux de construction grimpe : le coût du ciment, du gypse (constituant du plâtre), des résines, a crû d’environ 15-20 % sur huit mois selon Saint-Gobain. Les matières premières agricoles comme le blé sont également touchées, et l’alimentation animale voit déjà ses prix bondir. Le transport de marchandises est également concerné avec une forte hausse du prix du fret maritime, le conteneur – l’un des vecteurs de la mondialisation – coûte de plus en plus cher.
Le tout est de savoir si ces hausses sont purement conjoncturelles, auquel cas il ne faut pas s’inquiéter, ou durables. S’agit-il d’un simple rattrapage après les confinements et la dépression économique dus au Covid-19 ? Dans ce cas, la tension sur les prix peut s’expliquer, et elle devrait refluer d’ici quelques mois. Ou s’agit-il d’une nouvelle vague de hausse des prix ?
La plupart des économistes expliquent que l’inflation telle que nous l’avons connue dans les années 70 (plus de 10% aux États-Unis, en France, etc.) n’est plus possible car à l’époque les salaires étaient indexés sur l’inflation, les deux se renforçaient ainsi l’un l’autre. Depuis, la mondialisation tire les salaires vers le bas et empêche ce couplage. Justement, c’est sans doute en train de changer. La Chine n’est plus si bon marché, ses salaires augmentent et son nombre d’actif diminue à mesure que sa population vieillit. Si d’autres pays prennent le relais (le Bangladesh pour le textile par exemple), le réservoir n’est pas infiniment extensible. D’autre part, la fragilité et la dépendance à l’étranger constatées lors de la crise sanitaire va pousser de nombreux pays à faire revenir des chaînes de production, ce qui renchérira les coûts de fabrication.
Mais surtout, s’il n’y a plus d’indexation salaires-prix comme dans les années 1970, nous pouvons constater la mise en place de quelque chose de tout à fait comparable avec les plans de relance massifs, le chômage partiel généreux (en Europe), les chèques directement distribués aux familles (aux États-Unis) : une indexation revenus-prix. Il ne faut plus seulement prendre en compte le salaire mais les revenus globaux des ménages incluant les prestations gouvernementales, quelles qu’en soit la forme. Après une telle crise, les gouvernements veulent se faire réélire, et ils se montrent très généreux, au prix d’une explosion du déficit budgétaire. L’enchainement revenus des ménages-prix à la consommation semble se remettre en œuvre, et il dépasse de loin les gains réels de productivité. La voie vers l’inflation est ouverte.
L’indice des prix vient de tomber aux États-Unis : l’inflation s’accélère à 0,6% en mars et grimpe à 2,6% sur un an. Les Américains connaissent déjà la hausse des prix, le gallon d’essence ayant augmenté de plus de 40% sur un an. Les Européens n’en sont pas encore à ce stade, mais cela ne va sans doute pas tarder.
La suite c’est quoi ? Regardons du côté du Brésil : « l’inflation s’envole » annonce Capital, à 6,1% par an, ce qui ne semble tout de même pas grand-chose. Mais c’est déjà la panique à la banque centrale qui veut relever son taux directeur au-delà des 2,75% actuels ; les analystes envisageant 3,5%. Ce qui, là encore, ne semble pas énorme. Mais un tel taux mis en place par la Banque centrale européenne suffirait à faire exploser en vol plusieurs pays (Grèce, Espagne, Italie, France), et un bon paquet de « banques systémiques »… Ceux qui ne se soucient pas de l’inflation sont des inconscients.
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