[ad_1]
La croissance européenne sera cette année sensiblement inférieure à celle des autres grandes puissances économiques. Mais ce retard peut ne pas être problématique si l’Europe arrive à résoudre ses problèmes structurels.
Dans ses prévisions de croissance publiées à l’occasion de ses réunions de printemps, le Fonds monétaire international insiste sur le fait que «la reprise n’est pas la même partout». De fait, les prévisions chiffrées font apparaître des divergences fortes entre grandes zones. Le PIB de la Chine progresserait cette année de 8,4% après avoir enregistré une hausse de 2,3% en 2020, année où la croissance a chuté partout dans le monde et où aucun autre grand pays n’a réussi à échapper à un recul. Quant aux États-Unis, leur croissance de 2021 (6,4%) serait nettement plus forte que le recul de 2020 (3,5%). La zone euro, en revanche, après une baisse de son PIB de 6,6% l’an dernier, ne ferait pas mieux que 4,4% de hausse cette année.
Comment expliquer ces écarts? En ce qui concerne la Chine, les choses sont claires: l’appareil étatique a fait merveille au moment de confiner la population pour stopper la propagation du virus; premier pays touché (dans des circonstances qui restent obscures du fait des obstacles mis aux enquêtes internationales sur l’origine du nouveau coronavirus), la Chine a été aussi le premier pays à sortir de la crise. Si les activités de services, notamment dans les secteurs du voyage et de la restauration, ont souffert des mesures de distanciation physique, l’industrie a profité pleinement de sa capacité à fournir le monde en produits de santé (masques, combinaisons, etc.) et en produits liés au télétravail et aux loisirs d’intérieur (ordinateurs, téléviseurs, etc.). Les exportations ont atteint l’an passé un record de 2.590 milliards de dollars face à des importations en légère baisse, ce qui a permis d’enregistrer un excédent commercial de plus de 533 milliards, le plus élevé depuis 2015.
Records à Wall Street
Aux États-Unis, l’administration Trump, en dépit de ses errements face au problème sanitaire, a su prendre les mesures adéquates en matière économique: plan d’aide d’urgence de 2.200 milliards de dollars en mars 2020 puis plan de relance de 900 milliards en décembre et mesures d’aide à la recherche et au développement de vaccins. Cet effort a été relayé puissamment par l’administration Biden, avec un plan de soutien de 1.900 milliards puis un plan d’investissements dans les infrastructures de 2.000 milliards étalés sur huit ans et une accélération des vaccinations. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Avec l’assouplissement des mesures sanitaires dans plusieurs États, les ventes au détail ont bondi de 9,8% en mars, avec une hausse de 10,5% des ventes de produits électroniques, de 15,1% des ventes de voitures (+71,1% sur un an!) et de 23,5% des équipements de sport et de loisir. Dans la semaine qui s’est terminée le 16 avril, à Wall Street, les indices Dow Jones et S&P500 ont établi de nouveaux records.
En Europe, les boutades des humoristes sur ces responsables politiques qui croient toujours voir la lumière au bout du tunnel et l’exaspération de l’opinion traduisent bien la lenteur des progrès enregistrés dans la vaccination, les incertitudes de la progression vers une vie plus normale et les difficultés à sortir l’économie de l’ornière de confinements plus ou moins sévères. La gouvernance de l’Union européenne n’est pas un modèle d’efficacité. On l’a vu au moment de la négociation des achats de vaccin, on le voit encore avec ces agences nationales de santé qui émettent toutes des avis différents sur l’utilisation de tel ou tel sérum. On le voit aussi à la lenteur de la mise en place du plan de relance européen de 750 milliards d’euros, proposé par la France et l’Allemagne il y a près d’un an, en mai 2020, adopté en juillet 2020, il n’est toujours pas entré en application.
Faiblesse européenne
La Commission vient de présenter son programme de financement du plan qui doit démarrer cet été et se poursuivre jusqu’en 2026. Mais ce mécanisme inédit d’endettement commun n’a pas encore franchi tous les obstacles juridiques. Les États doivent aussi, avant le 30 avril, présenter à la Commission leur programme définitif de relance qui justifiera l’aide européenne et ces programmes doivent ensuite être approuvés par le Conseil. Si tout va bien, les premiers versements devraient être effectués dans le courant de l’été…
L’Europe est une institution complexe et inachevée qui n’a pas l’efficacité des grandes puissances rivales; cette faiblesse apparaît en pleine lumière dans les périodes de crise. Et les mesures prises au niveau de chaque État sont loin de pouvoir être comparées à celles prises par les États-Unis au niveau fédéral. Les économistes de l’OFCE ont fait les calculs: «Sur les deux années 2020-2021, l’impulsion budgétaire cumulée aux États-Unis atteindrait 12,6 points de PIB, un montant bien plus élevé que dans les pays européens où l’impulsion budgétaire cumulée serait légèrement supérieure à quatre points de PIB en Allemagne, en Espagne et au Royaume-Uni, de près de trois points de PIB en Italie et en France.»
Faut-il en conclure que l’épisode du Covid-19 va creuser encore davantage le fossé qui sépare l’Union européenne de la Chine et des États-Unis? Ce n’est pas aussi évident que la photographie instantanée de la situation économique présente pourrait le laisser penser.
La Chine n’accélère plus
D’abord, il faut voir que ses concurrents ont aussi leurs problèmes. À première vue, la performance chinoise paraît impressionnante: au premier trimestre de cette année, le PIB a progressé de 18,3% par rapport au premier trimestre 2020. Mais il ne faut pas se laisser abuser par ce que les économistes appellent «l’effet de base». Le premier trimestre 2020 avait été pour la Chine celui du creux de la vague; la remontée a été rapide ensuite, mais elle commence à s’essouffler. La hausse du premier trimestre 2021 par rapport au dernier trimestre 2020 a été de 0,6% seulement, soit un chiffre nettement inférieur à celui qu’attendaient les économistes. «L’accélération observée en sortie de crise semble désormais derrière nous», estiment les conjoncturistes de l’institut Rexecode.
[ad_2]