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Puisqu’il ne correspond à la dette de personne, l’or est une valeur refuge en cas de graves tensions géopolitiques, et a fortiori de guerre. Le conflit en Ukraine ne fait pas exception, souligne Laurent Schwartz, président du Comptoir national de l’or, qui pointe le sommet atteint par l’once d’or (en euros) jeudi, jour de l’invasion de l’Ukraine.
Alors que les marchés actions ont tremblé jeudi après la déclaration de guerre de la Russie contre l’Ukraine, l’or faisait valoir son caractère de valeur refuge pour atteindre, au même moment, un sommet historique à 1.709 euros – le record en dollar n’a pas été battu car le billet vert a également profité de son statut de valeur refuge pour s’apprécier sensiblement.
« Le cours de l’or a significativement progressé depuis début février à mesure que les tensions autour de l’Ukraine se sont intensifiées » constate Laurent Schwartz, président du Comptoir national de l’or. « Les acteurs de marchés se trouvent face à une situation où tous les scénarios sont possibles, y compris celui d’une guerre mondiale entre puissances nucléaires. Pris de court, et devant la difficulté d’évaluer les probabilités et les conséquences des différents scénarios, ils se tournent logiquement vers le seul actif qui ne peut pas faire défaut ou faillite : l’or » poursuit-il.
Si les répercussions économiques du conflit armé en cours, et des sanctions économiques qu’imposeront en représailles l’occident à Moscou, sont à ce stade impossibles à quantifier, elles « devraient pousser l’inflation et l’ancrer dans la durée » avance Laurent Schwartz. L’offensive de l’armée russe s’est d’ailleurs traduite par une nouvelle flambée des tarifs énergétiques, le baril de pétrole brut ayant dépassé les 100 dollars jeudi pour la première fois depuis 2014 tandis que le gaz a atteint un sommet historique sur le marché européen, ainsi que des cours de nombreux métaux, et céréales, autant de matières premières pour lesquelles la Russie est un acteur central du marché mondial.
« En cas de sanctions/représailles sur le secteur énergétique, on pourrait assister à un nouveau choc pétrolier (et gazier) qui viendrait mettre un coup de frein à une économie mondiale déjà en train de ralentir depuis plusieurs mois » prévient ainsi Laurent Schwartz. « Il en résulterait une baisse des taux d’intérêts nominaux et réels qui est par nature favorable au métal jaune » rappelle-t-il.
« Si l’histoire ne se répète jamais, parfois elle résonne » philosophe Laurent Schwartz, qui se souvient que le cours de l’or a été multiplié par 2,8 en deux ans lors du premier choc pétrolier (1973-1974), puis par 2,5 lors du second choc, entre 1978 et 1980.
Comment Poutine construit en partie son indépendance stratégique sur l’or
Lors de la prise de pouvoir de Vladimir Poutine, en août 1999, les réserves d’or de la Russie s’élevaient à 457 tonnes. Elles atteignent aujourd’hui officiellement 2.298 tonnes. En 22 ans, ces réserves ont donc été multipliées par cinq. « Aucun autre pays au monde n’a acheté autant d’or sur la période » souligne Laurent Schwartz. La Russie détient ainsi désormais les 5e réserves mondiales d’or, valorisées à environ 140 milliards de dollars, très loin derrière les Etats-Unis (8.100 tonnes) mais aussi derrière l’Allemagne (3.300), l’Italie (2.450 tonnes) et la France (2.430).
« Il faut d’abord noter qu’il ne s’agit que de chiffres officiels tels que rapportés au FMI par les autorités russes elles-mêmes. Il est donc possible que les achats se poursuivent discrètement, loin des marchés internationaux, auprès des producteurs nationaux (rappelons que la Russie est le deuxième producteur mondial de métal jaune, derrière la Chine » ajoute le président du Comptoir national de l’or.
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