L’UE est-elle capable d’ébranler le trône du roi dollar ?

La veille de l’investiture de Joe Biden, la Commission européenne aurait lancé une «offensive» contre la suprématie du dollar en cherchant à renforcer l’euro ainsi que l’autonomie stratégique de l’UE face aux sanctions et embargos des États-Unis. Réelle volonté de s’émanciper de l’oncle Sam ou énième vœu pieux? Analyse.

Face aux ingérences américaines dans ses relations diplomatiques et commerciales, l’Union européenne est-elle décidée à sortir les griffes? Le Financial Times aurait consulté un «projet de document d’orientation» de la Commission européenne qui soulignerait la nécessité de «protéger» les Vingt-Sept des «effets d’une application extraterritoriale illégale» des sanctions unilatérales américaines, telles que celles qui ont visé l’Iran.

Dans ce document qui «révèle la profondeur de la frustration de l’UE après quatre ans d’administration de Donald Trump», figurerait une série de mesures visant à «renforcer l’autonomie stratégique» de l’Union européenne. Une série de mesures que la Commission «devrait» adopter avant l’investiture de Joe Biden. Ou plutôt se contenter d’aborder, comme le relate de son côté Euractiv qui a également pu «consulter» cette «initiative» de l’exécutif européen devant être présentée sous forme de «communication».

Des Européens «frustrés» à cause de leur passivité?

Selon le quotidien financier londonien, le fameux document «signale que « les marchés financiers mondiaux dépendent trop du dollar américain »». Un véritable scoop! Renforcer le rôle de la monnaie unique face au dollar ou filtrer les investissements directs étrangers seraient des pistes à l’étude. Euractiv confirme que cette «offensive» européenne s’effectuera «par le biais de dialogues, d’ateliers et d’enquêtes en collaboration avec des acteurs financiers, législateurs, investisseurs institutionnels et autres acteurs publics et privés».

Réelle volonté d’agir? Déjà en 2018 lorsque Donald Trump a réinstauré les sanctions à l’encontre de l’Iran en dehors de tout cadre onusien, les chancelleries européennes se sont courageusement contentées de faire part de leurs «regrets» et de supplier les départements d’État et du Trésor d’épargner les entreprises européennes. Les suppliques de ministres européens n’étaient accompagnées d’aucune mesure de rétorsion en cas de fin de non-recevoir. La direction du Trésor américain les a balayées d’un revers de main.

Les Européens, dont les réclamations ne sont même pas remontées jusqu’à Mike Pompeo et encore moins jusqu’à Donald Trump, devaient ainsi tirer un trait sur leurs investissements sur le marché iranien.

​Depuis cet épisode, il y a près de trois ans, l’Union européenne n’a pas donné corps à une quelconque volonté de riposter à ce type de mesures unilatérales des autorités américaines. Même quand celles-ci sont contraires à leurs intérêts commerciaux et diplomatiques.

À titre d’exemple, l’idée de s’émanciper du système interbancaire SWIFT (géré par une entreprise belge), évoquée à l’époque du rétablissement de l’embargo américain sur la République islamique, est restée lettre morte. Tant et si bien qu’elle refait surface aujourd’hui. Quant à la nécessité de créer un «outil financier indépendant» qui permettrait aux entreprises européennes de commercer librement, que penser d’Instex? Créé en janvier 2019, ce mécanisme de «troc» avec l’Iran a été mis en œuvre pour la première fois en mars 2020 afin de livrer 500.000 euros de matériel médical allemand…


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