Mauvaise nouvelle : record de créations d’entreprises !

Cela peut sembler surprenant de ne pas se réjouir de l’augmentation du nombre de créations d’entreprises et pourtant c’est bien le cas. Derrière la bonne nouvelle théorique, il se cache de bien mauvaises nouvelles économiques en réalité.

Comme vous le savez, je n’ai de cesse de prévenir notre petite communauté d’aimables lecteurs des grandes mutations qui touchent le marché du travail.

En effet, si nous levons les yeux et que nous regardons le tableau d’ensemble d’un point de vue historique on se rend compte que la norme est le paiement à la tâche, l’absence de droits sociaux et en gros un « marche ou crève » systématique ou presque !

Il faudra attendre la montée du péril du communiste au début du 20ème siècle pour voir les premières avancées sociales. Au moment où de doctes esprits veulent interdire la fessée aux sales gosses, il ne faut pas oublier que jusqu’en 1936, même le Front Populaire faisait tirer par la troupe (à balles réelles) sur les ouvriers en grève !

Finalement ce n’est qu’à la Libération et avec l’application du programme du Conseil National de la Résistance le CNR que les avancées sociales seront massives et majeures. Le salariat, protecteur, devient la norme. C’est une révolution commencée avec la révolution industrielle. Mais historiquement, la règle est le paiement à la tâche !

Des créations d’entreprises pour se créer son propre emploi !

Europe 1 (source ici) nous le dit bien, « il n’y a jamais eu autant de créations d’entreprises qu’en 2020. L’INSEE en comptabilise près de 850 000, un record absolu. Mais dans le détail, il s’agit surtout d’entreprises individuelles et notamment de micro-entrepreneurs effectuant de la livraison à domicile, ce qui traduit les changements induits par la crise sanitaire ».

La conclusion tirée est assez fausse. Il ne s’agit pas de changement induit par la crise sanitaire, et c’est voir la réalité par le petit bout de la lorgnette, c’est un mouvement de fond de destruction du salariat vers le précariat et du précariat vers le tout auto-entrepreneuriat.

Si le nombre de micro-entrepreneurs, nouveau nom des auto-entrepreneurs, augmente, le nombre de création d’entreprise véritable, celle qui sont des « personnes morales » comme les SARL, les SAS ou les SA et qui manifestent le choix d’un statut qui ambitionne une certaine ampleur et donc d’avoir un jour des salariés est quant à lui en nette baisse.

Derrière cette augmentation des créations d’entreprises, ce que vous voyez c’est la très grande augmentation des pseudo-job payés à la tâche et effectivement les livreurs y tiennent la dragée haute puisque la demande en livraison explose, de même que le secteur des VTC par exemple qui continue à avoir le vent poupe.

Vous assistez donc à l’accélération de la mutation du marché du travail.

Même les banques veulent tester le « conseiller » auto-entrepreneur.

Ce n’est donc pas une bonne nouvelle parce que cela montre et matérialise le retour au paiement à la tâche et disons-le ce sera difficile pour beaucoup, sans même parler de la précarité que cela implique et de l’absence de mutuelle, ou encore de couverture chômage.

Il y a néanmoins dans tout cela une « bonne » nouvelle. C’est la remarquable capacité d’adaptation de notre population et de nos concitoyens. Le système « D » français a de beaux jours devant lui.

D’ici là préparez-vous à de plus en plus de précarité et d’incertitudes professionnelles.

Restez à l’écoute.

Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous !

Charles SANNAT

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