Taux zéro : comment l’État piège l’épargnant

Avec les taux zéro, l’État a enfermé les épargnants dans un piège duquel il est difficile de sortir, mais c’est tout à son avantage, il peut ainsi financer son déficit budgétaire à moindre coût. Comment s’y prend-il ? Il faut commencer par se poser la question : pourquoi les banques et les assureurs achètent-ils de la dette que ne leur rapporte rien ou presque ? La réponse est simple : parce qu’ils y sont obligés par la législation… d’origine étatique.

En effet, sous prétexte de lutter contre les crises financières, les États ont mis en place des normes internationales de solvabilité qui s’appliquent aux banques (Bâle III) et aux assureurs (Solvabilité II). Ces institutions financières sont obligées d’avoir dans leur bilan des actifs considérés comme « sûrs ». S’agit-il de l’or ? Pas du tout, il s’agit des dettes étatiques des pays de la zone euro ! Le tour est joué et le piège s’est refermé.

Jadis les assureurs investissaient beaucoup dans l’immobilier, parfois même en construisant, des immeubles en portent encore témoignage, mais désormais cet investissement est devenu nettement moins rentable. En effet, compte tenu de ces fameuses « normes de solvabilité », un investissement dans de l’immobilier est considéré comme risqué, ce qui oblige l’assureur ou le banquier à geler des liquidités en contrepartie (ce qui lui coûte de l’argent). Idem s’il lui venait l’idée d’acheter de l’or physique. Par contre, de la dette de pays de la zone euro est considéré comme « sans risque », ce qui lui évite de cantonner du cash. La banque et l’assurance sont en fait obligés d’acquérir des obligations souveraines, c’est ce qu’on appelle en langage économique, et le terme est parfaitement bien choisi, la « répression financière ».

Si les banquiers et les assureurs étaient libres d’exercer leur métier comme ils l’entendent, en n’ayant de comptes à rendre qu’à leurs clients et à leurs actionnaires, la composition de leur bilan serait extrêmement différente. Il y aurait plus d’immobilier, plus d’actions (certes volatiles mais gagnantes sur la longue durée), et sans doute de l’or physique. Les rendements seraient meilleurs pour l’épargnant, mais les États en déficit auraient plus de mal à trouver des acheteurs pour leurs bons du Trésor et ils seraient obliger de les rendre plus attractifs en augmentant leur taux d’intérêt, c’est-à-dire la charge de la dette dans leur budget… C’est toute leur politique de subventions, d’aides, de dépenses sociales et d’effectifs pléthoriques qui serait remise en cause, et donc la réélection des gouvernements en place. L’horreur.

Autant faire jouer au monde de la finance le rôle du « méchant », l’accuser de tous les maux, et le réglementer. S’ils voulaient vraiment lutter contre les dangers de la finance, les États s’opposeraient aux concentrations excessives qui rendent les mastodontes bancaires « trop gros pour faire faillite » (too big to fail), et donc réellement dangereux, mais ce n’est pas du tout la voie qui est empruntée. Les gros groupes sont par nature plus contrôlables par l’État qu’une myriade de banques indépendantes.

Au bout du compte, l’épargnant est piégé avec des rendements ridicules. La porte de sortie, ce n’est pas de rechercher de meilleurs produits bancaires, c’est de sortir de ce système et d’investir dans l’or physique, car une telle endogamie entre les États et les institutions financières finit par atteindre la valeur même de la monnaie.

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