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En période de crise, l’or reste une valeur refuge dont le cours monte, stimulé par la baisse des taux d’intérêt, rappelle, dans une tribune au « Monde », l’expert du négoce et de l’industrie minière Didier Julienne.
Il est de bon ton chez les économistes de considérer comme des illettrés les épargnants qui placent leur pécule sur un support en or, car pour eux, comme cet actif ne rapporte ni intérêts ni dividendes, il serait tout simplement inutile.
Mais ces mêmes économistes n’ont jamais enseigné jusqu’à présent qu’en raison des décisions des banques centrales, les taux d’intérêt puissent devenir négatifs sur le long terme. Or nous ne maîtrisons pas les conséquences de ces « taux de désintérêt » sur la confiance des acteurs économiques, puisque le prêteur paye au lieu d’être rémunéré.
Ceci est particulièrement important pour l’or, car ses prix sont plus influencés par les taux d’intérêt réels (TIR) que par les fondamentaux du marché physique ‘ production, consommation, stocks. Le TIR est le produit d’une soustraction entre les taux d’intérêt et l’inflation. Négatif, il est favorable au cours de l’or, et inversement.
Depuis la politique accommodante conduite par les autorités monétaires, la première partie de la soustraction, « le taux de désintérêt », est de façon atypique négative. La seconde partie, l’inflation, est encore imperméable à la création monétaire des banques centrales et reste quasiment nulle, en conséquence le TIR guide les prix de l’or vers une hausse, également aidée par l’absence d’alternative crédible provenant des marchés obligataires et d’actions aux rendements érodés par la crise.
A cette configuration monétaire s’est ajoutée l’épidémie de Covid-19, avec l’augmentation colossale de l’endettement des pays qui ont soutenu leurs économies. En outre, de nouveaux investisseurs institutionnels sont désormais autorisés à investir en fonds d’or physique ‘ les plus récents étant les fonds de pension chiliens. A cela s’ajoutent certaines hypothèses financières de sortie de crise qui encouragent les banques centrales à dynamiser l’économie en fixant leurs taux à ‘ 3 %, pour rediriger la monnaie vers l’économie réelle. Toutefois, des taux à ‘ 3 % avec un objectif d’inflation de 2 % donneraient un TIR à ‘ 5 % et des prix de l’or inimaginables, multipliés par 3,5 ou plus.
En conséquence, depuis 2015, la cotation de l’or est passée de 1 050 dollars[environ 900 euros] l’once, à près de 2 100 dollars l’once en août 2020 et il s’est depuis stabilisé à 1 900 dollars l’once.
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