Mouvement FIRE : comment faire pour atteindre l’indépendance financière

Le mouvement FIRE (Financial Independence, Retire Early) rencontre un intérêt croissant en France ces dernières années. De quoi s’agit-il ? En synthèse, ce mouvement vise à acquérir son indépendance financière dans le but de prendre sa retraite de façon anticipée.

Par retraite anticipée, vous avez peut-être en tête une retraite autour de 50 ans. Détrompez-vous ! Au sein du mouvement FIRE, nombreux sont les adeptes à envisager une retraite beaucoup plus tôt. Certains sont parvenus à prendre leur retraite entre 30 et 40 ans, et de nombreuses personnes rejoignent le mouvement en visant cet objectif très ambitieux.

Ce mouvement est relativement ancien puisqu’il trouve son origine dans un livre paru en 1992 (réactualisé depuis) : Your Money or Your Life, co-écrit par Vicki Robin et Joe Dominguez. Le mouvement FIRE connaît un certain engouement chez les milléniaux (génération Y, personnes nées entre 1980 et 2000), sous l’impulsion de blogueurs influents de l’autre côté de l’Atlantique.

Le mouvement FIRE a récemment été popularisé en France à l’occasion de divers reportages sur le sujet dans des médias à forte audience, ainsi que sur Youtube. Après avoir pris le temps de nous intéresser au sujet, nous devons reconnaître que nous sommes relativement dubitatifs quant à l’engouement autour de ce mouvement.

Nous allons vous donner notre avis sur le mouvement FIRE, et vous expliquer plus en détails, avec des calculs à l’appui, pourquoi cette méthode (ou cette philosophie de vie) nous semble compliquée à mettre en place. Et difficilement supportable sur la durée puisque peu compatible avec le mode de vie et les finances de l’immense majorité des actifs (des Français moyens). D’autant plus quand on a des charges importantes (famille avec enfants).

L’objectif de cet article n’est pas de refroidir votre espoir d’une retraite anticipée…mais de vous éclairer sur les limites du mouvement FIRE. Et surtout nous allons vous présenter des solutions concrètes et réalistes pour développer votre patrimoine, et acquérir une indépendance financière, en tirant parti des spécificités des dispositifs d’épargne et de retraite en France.

Note de Nicolas : je vous avoue que développer un patrimoine conséquent pendant 15 ans m’a permis d’arrêter un travail qui ne me plaisait plus. Alors qu’on me proposait de re-signer pour 5 ans ✍️ J’ai pu sans stress décider d’arrêter (reins assez solides et revenus passifs), pour changer de voie et m’engager pleinement dans le domaine qui m’intéresse : la finance personnelle et l’éducation financière.

SOMMAIRE

  • Mouvement FIRE : une méthode pour prendre sa retraite de façon (très) anticipée
  • Notre avis sur le mouvement FIRE
  • Comment faire pour obtenir son indépendance financière ?
  • Combien faut-il capitaliser pour enfin prendre sa retraite ?
  • Préparer sa retraite et se construire un patrimoine : optimiser la fiscalité
  • Mouvement FIRE : conclusion

Mouvement FIRE : une méthode pour prendre sa retraite de façon (très) anticipée

FIRE est l’acronyme de « Financial independence, retire early« . Ce que l’on peut directement traduire par « Indépendance financière, retraite anticipée ».

Le mode d’action des personnes rejoignant le mouvement FIRE passe par les étapes suivantes :

  1. réduire son train de vie et ses dépenses (mode de vie frugal),
  2. ce qui permet mécaniquement d’augmenter son taux d’épargne (idéalement dépasser 50 %),
  3. mettre en place un programme d’investissement sur des supports dynamiques (maximiser la performance),
  4. une fois à la retraite, adapter son mode de vie pour limiter davantage encore ses dépenses.

Pour l’essentiel des actifs, avec des salaires « ordinaires » (entre 1 et 3 SMIC), rejoindre le mouvement FIRE rime avecune réduction importante du train de vie. Car il est plus facile de vivre avec 3 000 € par mois quand on gagne 6 000 € par mois (on garde un certain confort tout en épargnant 50 % de ses revenus), plutôt que de vivre avec 1 000 € par mois quand on gagne 2 000 € par mois.

On voit de nombreux exemples d’adeptes du mouvement afficher des taux d’épargne situés entre 50 et 80 % de leurs revenus. C’est bien davantage que le taux moyen d’épargne des Français, lequel se situe autour de 15 % (hors période de pandémie COVID où ce taux a pu bondir au-delà).

Un mode de vie frugal

Se lancer dans le mouvement FIRE implique des coupes drastiques dans les dépenses :

  • habiter dans un logement plus petit et/ou excentré (où les loyers sont moins élevés),
  • limiter les sorties (restaurants, etc.),
  • limiter ou abandonner les voyages,
  • abandonner la voiture,
  • etc.

Dans un reportage paru sur ARTE, on peut suivre la vie de personnes ayant rejoint le mouvement FIRE. Certaines d’entre-elles poussent très loin le concept et finissent par adopter des réflexes ridicules et dérisoires en termes d’impact financier. À l’image de ce père de famille parti faire les courses : il appelle sa conjointe au téléphone pour lui signaler que la référence du paquet de pâtes qu’elle souhaite est un peu plus chère qu’une autre référence en rayon et lui demande son accord pour quelques centimes !

Alors bien sûr, les petits ruisseaux font les grandes rivières. Mais on pense qu’il vaut mieux consacrer un peu d’énergie à bien investir, plutôt que beaucoup d’énergie à économiser des centimes. Et une question se pose. Jusqu’où peut-on (doit-on) aller en termes d’optimisation et suivi des dépenses ? La réponse est éminemment personnelle.

Le mouvement FIRE met avant en la liberté que procure l’indépendance financière. Mais avant d’être une source de liberté, adopter la méthode FIRE implique aussi et surtout beaucoup de contraintes.

Note de Ludovic : parmi les apôtres du mouvement FIRE, certains (on ne citera pas de nom !) en font un véritable business avec des formations payantes, des livres, etc. En vendant du rêve sur les forums, Instagram, LinkedIn. Situation cocasse quand on se prétend rentier alors que l’on travaille en réalité bien davantage que des salariés ordinaires !

Le mouvement FIRE aux États-Unis et dans le monde

C’est aux États-Unis que le mouvement FIRE connaît le plus fort engouement. Et cela depuis de nombreuses années.

Le modèle de retraite aux USA repose essentiellement sur un système de retraite par capitalisation. De fait, l’indépendance financière rime tout naturellement avec la possibilité de prendre sa retraite.

D’ailleurs, l’envolée de la valeur des actifs ces dernières années, en particulier les actions et l’immobilier, a permis à quelques millions d’américains proches de la retraite de quitter leur travail un peu plus tôt que prévu.

Le mouvement FIRE a essaimé un peu partout dans le monde. Ainsi, on trouve également des blogueurs et des livres sur le sujet au Japon.

Note de Ludovic : un des blogueurs les plus influents sur le mouvement FIRE est Mr. Money Moustache. Son site mrmoneymustache.com compte près d’un million de visites chaque mois et est devenu un véritable business. Selon lui, avec un taux d’épargne de 15 % il faut 43 ans pour être indépendant financièrement. Alors qu’avec un effort d’épargne de 30 % il faut 28 ans, et avec un taux de 75 % pour les plus économes seulement 7 ans !

Le mouvement FIRE en France

Le mouvement s’est exporté en France. C’est essentiellement sur internet que le mouvement prend de l’ampleur.

En France, le mouvement FIRE se heurte à un modèle social qui n’est pas prévu pour prendre sa retraite de façon anticipée. En effet, contrairement à d’autres pays, la France privilégie un système de retraite par répartition. Une fraction significative des revenus bruts des salariés est prélevée pour financer les pensions de ceux qui sont déjà en retraite.

Un actif peut décider d’arrêter de travailler à tout moment, mais ses cotisations antérieures n’ouvriront pas de droits à la retraite tant qu’il n’aura pas atteint l’âge légal de départ en retraite. En l’absence de cotisation, il ne bénéficiera que du minimum vieillesse à la retraite.

Les épargnants français les plus motivés peuvent toutefois faire l’impasse sur ces contraintes et ne compter que sur leur patrimoine comme source de revenus (on vous explique comment faire plus bas dans l’article).

Avis de Nicolas : on peut trouver le mouvement FIRE un peu extrême. Mais de l’autre côté du spectre, on trouve aussi que compter uniquement sur la retraite par répartition est extrême. En effet, le rapport retraités / actif se dégrade, il y aura bientôt 0,7 retraité pour 1 actif, les projections les plus pessimistes allant même jusqu’à 1 retraité par actif en 2070 ! Faudra-t-il passer l’âge légal de départ en retraite à 70 ans voire plus ? Et pour quel niveau de vie ? Donc on considère que le système de retraite par répartition n’est pas viable à long terme et qu’il faut se construire une retraite par capitalisation si l’on veut continuer de vivre confortablement, avec la possibilité d’être libre financièrement à un âge décent. Avec la preuve par les chiffres dans notre dossier : comment calculer sa retraite.

Notre avis sur le mouvement FIRE

Notre avis sur le mouvement FIRE est qu’il s’agit d’une méthode très difficilement applicable pour le commun des mortels. On imagine difficilement monsieur et madame Toutlemonde se lancer dans le mouvement FIRE.

Sauf à bénéficier de très gros revenus (top 1 % des salaires) et/ou accepter de fortes renonciations sur son train de vie. Le salaire moyen en France est de l’ordre de 2 000 € par mois. Même avec une capacité d’épargne de 1 000 € par mois et une allocation patrimoniale dynamique (performance annuelle de 6 % et davantage), il faudra épargner pendant 20 à 30 ans pour que les revenus de l’épargne atteignent ceux de ce revenu moyen. (Voir plus loin dans l’article un calcul précis du capital et de la rente escomptable en mettant en place un programme d’épargne raisonnable à horizon 20 ans).

Le mouvement FIRE implique des sacrifices importants. L’effort d’épargne est d’autant plus difficile à maintenir au début de la vie d’adulte. Car c’est une période où l’énergie et les projets ne manquent pas, et impliquent généralement des dépenses non négligeables : fonder une famille, voyager, vivre mille expériences, etc.

Le mouvement FIRE ne s’adresse donc qu’à une petite frange de la population dont les revenus très importants permettent de maintenir un taux d’épargne important sans faire une croix sur toutes les dépenses (restaurants, voyages, sorties, loisirs, achats plaisir, etc.)

Une meilleure approche ?

Vous l’avez compris, nous sommes plutôt dubitatifs sur le mouvement FIRE. Notre avis est qu’il s’agit d’une démarche beaucoup trop extrême. Nous pensons que les épargnants devraient plutôt opter pour un juste équilibre.

Selon nous, la plupart des ménages ont la possibilité de mettre en place un programme d’épargne périodique (mensuel) sur le long terme, sans avoir à faire de gros sacrifices sur leur mode de vie, en vue d’obtenir un très beau patrimoine à l’arrivée.

Par ailleurs, le mouvement FIRE soulève une question. Arrêter de travailler, mais pour faire quoi à la place ? Prendre une retraite anticipée n’est pas un but mais un moyen. Celui de consacrer davantage de temps à des occupations plus plaisantes. On peut s’interroger sur les raisons qui motivent les adeptes de ce mouvement à vouloir quitter leur travail.

Certains évoquent la volonté de quitter la « rat race » (métro-boulot-dodo) ou encore l’ennui et le peu d’intérêt pour leur travail (bore-out). Auxquels cas, pourquoi ne pas chercher un travail plus en accord avec ses aspirations plutôt que viser une retraite anticipée ?

Note de Ludovic : les motivations des adeptes du mouvement FIRE apparaissent parfois davantage comme la fuite d’une situation présente que la solution pour atteindre un objectif. D’ailleurs, de nombreuses personnes ayant atteint l’indépendance financière et ayant arrêté de travailler quelques temps se tournent les pouces… et décident finalement de reprendre une activité professionnelle.

Mouvement FIRE : du neuf avec du vieux ?

Pour parvenir à épargner plus de 50 % de leurs revenus, les adeptes du mouvement FIRE n’ont souvent d’autres choix que d’adopter un mode de vie frugal. Ce qui n’est pas sans rappeler les mouvements de la décroissance et de la simplicité volontaire.

Les adeptes du mouvement FIRE s’apparentent à des décroissants qui auraient troqué la culture des patates pour un portefeuille de fonds indiciels (ETF). Reconnaissons que la seconde option est beaucoup moins éreintante !

Trêve de sarcasme, voyons comment les épargnants peuvent réellement acquérir leur indépendance financière sans tomber dans les excès du mouvement FIRE.

Pour acquérir son indépendance financière, il faut se créer un patrimoine. Alors se posent les questions : comment construire ce patrimoine ? Et comment en tirer une rente durable ?

En pratique, voici les paramètres qui vont déterminer la vitesse à laquelle le patrimoine croît :

  • le taux d’épargne mensuel (les adeptes du mouvement FIRE cherchent à dépasser 50 %, mais épargner 30 % de ses revenus est déjà bien) ;
  • l’allocation patrimoniale (déterminer la répartition de son patrimoine : x % en fonds euro, y % en actions, z % en immobilier…avec plus d’actions dans son patrimoine on obtient un patrimoine plus conséquent sur le long terme) ;
  • la qualité des supports d’investissement (épargner sur les meilleures assurances vie , le meilleur PEA, les meilleures SCPI, etc.) ;
  • les optimisations fiscales pour obtenir le meilleur rendement net d’impôt.

Pour rappel, notre vision du patrimoine diversifié (construire son allocation patrimoniale) :

Investissement : immobilier et actions sont les 2 piliers

En matière d’investissement, pour se construire un patrimoine sur le long terme, il faut privilégier des actifs offrant une bonne protection contre l’inflation. C’est notamment le cas des actions et de l’immobilier. Ce sont les 2 piliers selon nous, au coeur de la pyramide.

D’autres classes d’actifs offrent également une bonne protection contre l’inflation et peuvent trouver leur place dans un patrimoine diversifié (forêt, or, matières premières, etc.) C’est la pointe de la pyramide ci-dessus, pour maximum 10 % de son patrimoine.

Le bas de la pyramide (résidence principale, épargne de précaution et fonds euro) apporte la sécurité, mais un rendement très faible.

L’investissement immobilier

L’immobilier a un avantage sur les autres classes d’actifs, du fait qu’il est possible d’investir dans l’immobilier en profitant du levier du crédit pour démultiplier son patrimoine. Avec des loyers couvrant tout ou partie des mensualités du crédit (mais difficile d’atteindre l’autofinancement vu l’ensemble des charges à supporter).

Aussi, les SCPI (pierre-papier, un placement très en vogue en raison de ses bonnes performances sans effort de gestion), peuvent également être souscrites à crédit.

Ayez à l’esprit qu’en raison de la forte hausse des prix de l’immobilier, il est de plus en plus difficile de trouver des opérations d’investissement immobilier locatif autofinancées (à cash flow positif). En effet, les loyers progressent moins vite que les prix des biens, donc les rendements locatifs se tassent.

L’investissement en actions

Les actions sont une classe d’actif incontournable dans un patrimoine diversifié. Le plus simple est d’investir via des fonds actions (notamment des ETF). Les adeptes du mouvement FIRE sont nombreux à se tourner vers les fonds indiciels (ETF) pour construire leur patrimoine. Il s’agit d’une bonne pratique.

En France, il est possible d’optimiser la fiscalité des gains en logeant ses fonds actions dans une assurance vie, un plan d’épargne en actions ou un plan d’épargne retraite (voir plus bas).

Avis de Ludovic : nous vous recommandons vivement de prendre connaissance du fonctionnement de ces 3 enveloppes, qui sont réellement intéressantes pour optimiser la fiscalité de ses revenus du capital. Car le but est d’obtenir le plus de revenus nets d’impôt. Nous allons revenir plus loin sur le cas de l’assurance vie.

Combien faut-il capitaliser pour enfin prendre sa retraite ?

On l’a vu, pour être retraité (ou indépendant financièrement, ou rentier), il va falloir se construire un bon patrimoine.

Dans le mouvement FIRE, le FIRE number représente le capital qu’un individu estime devoir accumuler pour pouvoir prendre sa retraite, en couvrant ses dépenses avec les revenus de ses placements.

De nombreux adeptes du mouvement FIRE s’appuient sur la règle de 4 %. Cette règle dit que l’épargnant doit vivre chaque année avec 4 % de son patrimoine. Donc au moment de son départ en retraite anticipée, il doit détenir un capital investi représentant 25 fois ses dépenses annuelles.

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