Airbnb sera-t-il bientôt le refuge des passoires thermiques ?

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A partir de l’an prochain, les logements dits passoires thermiques seront progressivement interdits à la location, en raison de leur indécence énergétique. Sauf que cette interdiction ne s’appliquera pas aux biens destinés à la location touristique. Les propriétaires pourraient donc être tentés de changer la destination de leur logement.

Le nombre de logements mis en location va-t-il dégringoler dans les années à venir ? C’est en tout cas un risque sur lequel alertent beaucoup de professionnels de l’immobilier depuis plusieurs mois. Suite à l’adoption de la loi Climat et résilience, l’an dernier, les logements les plus consommateurs d’énergie et les plus émetteurs de gaz à effet de serre, les fameuses passoires thermiques, seront progressivement interdits de mise en location. Une première échéance a été fixée par décret au 1er janvier 2023. A compter de cette date, quelque 90.000 logements de la classe G du diagnostic de performance énergétique (DPE) seront considérés comme “énergétiquement indécents” et seront à ce titre interdits de location. Suivront tous les biens de la classe G, au 1er janvier 2025, puis ceux de la classe F, au 1er janvier 2028, et enfin ceux de la classe E, au 1er janvier 2034.

Inquiétudes du secteur

Au total, selon les données provisoires du ministère de la Transition écologique, près de 5 millions de logements seront concernés par cette interdiction de location et devront donc faire l’objet de travaux énergétiques pour rester sur le marché locatif. Soit légèrement plus que les 4,8 millions de logements estimés avant l’entrée en vigueur de la réforme du DPE. Les chiffres officiels de l’Ademe (l’agence de la transition écologique) sont attendus dans les prochaines semaines. En attendant, de nombreuses voix s’élèvent dans les rangs des professionnels de l’immobilier pour dénoncer un compte-à-rebours intenable. “Ce calendrier induit une accélération trop brutale. D’autant que nous anticipons une performance énergétique bien inférieure à celle prévue du parc existant. Nous serons probablement plus autour de 7 à 8 millions de logements indécents”, juge Jean-Marc Torrollion, le président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim).

Son inquiétude ? Qu’un grand nombre de logements sortent du marché locatif si les propriétaires n’engagent pas de rénovation de leurs biens. Ce qui renforcerait mécaniquement la pénurie de logements disponibles. Selon la Fnaim, près d’un quart (23%) du parc locatif privé est ainsi menacé à horizon 2028, et jusqu’à la moitié (48,5%) à horizon 2034. “On court à l’obsolescence programmée du parc locatif privé, puisque de nombreux bailleurs vont se détourner de la location longue durée, pour vendre leur bien ou privilégier la location meublée touristique, bien moins contraignante”, prévient Jean-Marc Torrollion, qui demande différents aménagements.

Vers un afflux des passoires sur Airbnb ?

Selon lui, plusieurs centaines de milliers de logements pourraient rapidement affluer sur les plateformes de type Airbnb, Booking ou Abritel. “La location saisonnière pourrait constituer une sorte de refuge à la non-volonté de sortir de l’indécence énergétique.

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