Mercredi 28 juillet, le groupe pharmaceutique américain a revu à la hausse les prévisions de revenus de son sérum anti-Covid pour cette année. 33,5 milliards de dollars, contre les 26 milliards sur lesquels il tablait en mai, c’est deux fois plus que les 15 milliards qu’il prévoyait en février. En tout, le laboratoire revendique pour 80 milliards de dollars de commandes.
Un début plus que prometteur, qui commence à faire de l’ombre à son précédent best-seller: le Lipitor (appelé Tahor en France). Jusqu’à l’expiration de ses brevets aux États-Unis et en Europe fin 2011 et début 2012, cet anti-cholestérol était considéré comme le médicament le plus vendu au monde. Lors de sa dernière année pleine d’exploitation, ses ventes avaient généré plus de 10 milliards de dollars de recettes, soient 15% des 67,8 milliards de chiffre d’affaires de la firme.
Bruxelles, meilleur client… et allié de Pfizer?
Un score qu’a donc battu à plate couture le Comirnaty, nom commercial du sérum anti-Covid développé par Pfizer et BioNTech. Un filon qui est loin d’être tari, tout particulièrement en Europe, où la Commission a passé mi-mai une nouvelle commande de 1,8 milliard de doses (900 millions fermes et autant en option) supplémentaires pour couvrir les besoins des 27 jusqu’en 2023. Face aux variants, les laboratoires, Pfizer en tête, préconisent une troisième injection. Bonne élève, la Commission s’aligne. D’ailleurs, l’organe exécutif européen est aujourd’hui considéré –et de loin– comme le meilleur client du laboratoire.
Il faut dire que ce dernier doit déjà une fière chandelle à Bruxelles. En 2004, c’est la Commission qui lui avait offert sur un plateau le médicament phare d’Aventis, alors racheté par Sanofi. Au nom des règles européennes de la concurrence, Bruxelles avait forcé le français à vendre son traitement-phare contre le cancer colorectal (Campto) à Pfizer, qui le commercialisait sous licence aux États-Unis. Dans ce qui semble être un cynique retour des choses, le labo new-yorkais impose aujourd’hui son écrasante domination sur le marché européen avec l’aval de cette même Commission. Elle a en effet «sécurisé» au total 2,4 milliards de doses de Comirnaty, soit près de 55% des 4,365 milliards d’unités négociées auprès de six laboratoires.