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Alors que les professionnels de l’immobilier se félicitent de la bonne tenue du marché en 2020, malgré la crise, Henry Buzy-Cazaux, président de l’Institut du Management des Services Immobiliers, met en garde contre une bombe à retardement qui se prépare.
Évidemment, à écouter les satisfecits de la plupart des figures de l’immobilier, ou les silences d’autres, on pourrait se dire qu’il faut juste souhaiter à ce secteur que tout continue à l’identique. Pourtant, il n’en est rien et tant de choses devraient s’améliorer en 2021! On n’en fera pas ici une revue, le temps et la place nous manqueraient, mais on pointera l’essentiel.
Une pensée d’abord pour deux pans majeurs de l’immobilier, les commerces, les bureaux, les locaux logistiques. Certes, il est normal qu’on parle d’abord des utilisateurs de ces locaux d’activité, de ceux qui sont encore privés d’activité, dont une partie ne résistera pas à cette terrible crise malgré les aides publiques, malgré l’imagination pour trouver du chiffre d’affaires de substitution. Entre tous, les restaurateurs et les cafetiers ou encore les artistes, bien sûr. Combien d’entreprises tertiaires souffrent aussi. Les marchés immobiliers qui dépendent de ces acteurs économiques sont devenus imprévisibles. Certes, les spécialistes ne restent pas là à regarder leur matière première dépérir, et ils anticipent les évolutions liées au télétravail… sans qu’on sache comment cette modalité va s’installer. Ils tentent également de mesurer les besoins résiduels…sans connaître la mortalité qui va affecter les entreprises et les commerces. Les investisseurs à la tête de ces locaux n’y voient pas plus clair. Quel vœu formuler pour cette partie de l’immobilier atteinte directement par la crise ?
Que les entreprises n’oublient pas que leur raison d’être consiste à lier des femmes et des hommes en un destin commun, et que les rencontres en un même lieu pour partager, innover, créer, se tromper et corriger les trajectoires, sont décisives. Que la crise ne les mène pas à trouver que les lieux physiques correspondent à une vision éculée du travail. L’enjeu n’est pas de sauver l’immobilier, mais ce que signifie l’immobilier, ce partage spatial et vital. Vrai aussi pour les commerces de proximité, qu’on a un peu vite remplacés par les plateformes de distribution telles qu’Amazon. Quel idéal de la ville, du quartier, du village sommes-nous en train de bâtir, qui plus est avec un enthousiasme communicatif ? Que la crise emporte une rationalisation des locaux, qu’elle en transfigure l’aménagement, ne serait-ce que parce que les exigences sanitaires vont sans doute peser longtemps sur nous, soit. Qu’on rêve d’une civilité sans lieux d’échange, non.
Et le logement ? Va-t-il bien ? Non, c’est une bombe à retardement qui se prépare. Elle se préparait avant la pandémie et le pire est arrivé en 2020 : le logement est plus élitiste que jamais, et il distille dans la démocratie et dans la république un authentique poison. L’épisode jamais fini des Gilets jaunes, l’a-t-on oublié, a eu pour origine le refus des augmentations de prix des carburants, par une population vivant dans des territoires excentrés, délaissés au fil des décennies, obligés d’aller chaque jour chercher la vie dans les villes. Les Gilets jaunes ont fait le procès d’une absence d’aménagement du territoire. Des métropoles concentrant toute l’attractivité, et le reste du pays à la traine, à la solde des zones tendues. Les transactions se seront faites en 2020 avec les plus favorisés : c’est heureux pour eux et pour le marché, mais c’est la situation des 60% de ménages dont le pouvoir d’achat a été affecté par la crise qui est préoccupante. Parmi ceux-là, ceux qui avaient un projet logement ont dû pour la plupart y renoncer. Les primo-accédants, les plus jeunes, les femmes et les hommes de l’aéronautique, de l’événementiel, du spectacle, des métiers de la table.
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