La BCE en fait-elle assez pour éviter le coma de la zone euro ?

Face à l’impact de la pandémie de Covid-19, la BCE a rallongé son plan de soutien de 500 milliards d’euros. La Banque centrale européenne a renforcé son dispositif de soutien à l’économie de la zone euro en portant l’enveloppe à 1.850 milliards d’euros. Ces sommes vont-elles être utilisées intelligemment par les Etats ?

Atlantico.fr : La Banque centrale européenne vient d’annoncer de nouvelles mesures d’assouplissement monétaire destinées à stimuler une reprise économique qui s’essouffle en accordant les 500 milliards supplémentaires prévus. Ces mesures seront-elles suffisantes pour soutenir les économies européennes les plus durement touchées par la pandémie ?

Michel Ruimy : L’enveloppe du programme de rachats de dette privée et publique, lancé en urgence face à la première vague de la Covid-19, a été portée à 1 850 milliards d’euros, en hausse de 500 milliards et disponible jusqu’en mars 2022, soit neuf mois de plus que prévu. La banque centrale a également étendu ses financements à taux négatifs destinés aux banques commerciales afin qu’elles continuent de soutenir l’économie. Toutes ces mesures étaient, en fait, attendues depuis la déclaration d’octobre de la Banque centrale européenne (BCE) affirmant son intention de « recalibrer » les instruments pour faire face à l’évolution de la situation sanitaire et la menace d’un nouveau plongeon des économies de la zone euro. Rarement la banque centrale avait autant prévenu les investisseurs qu’elle allait adopter de nouvelles mesures de soutien monétaire.

Sont-elles suffisantes ? Tout d’abord, le défi de la BCE est aujourd’hui de garantir aux Etats des coûts de financement faibles, ce qui leur permettra d’emprunter pour mettre en place leurs plans de relance budgétaire indispensables. Dès lors, la balle est dans le camp des Etats, qui devront mettre en œuvre rapidement leurs stratégies, une fois l’évolution sanitaire maîtrisée. Si celles-ci ne sont pas ciblées, si elles ne se perdent pas dans des dédales administratifs et si elles n’irriguent pas l’économie réelle pour orienter l’économie vers les secteurs numérique et environnemental (dépenses productives), alors tout cet argent distribué n’aura servi à rien et les dirigeants politiques auront raté une occasion historique de changer la donne.

Ce matelas de liquidités va-t-il être utilisé intelligemment par les États ?

Selon les prévisions, les premiers effets d’un retour à une situation économique proche de celle de fin 2019 ne sont pas envisagés avant mi-2022. D’ici là, espérons que l’Europe aura atteint le seuil d’immunité collective grâce notamment aux vaccins. Il n’en demeure pas moins qu’à ce jour, la BCE continuera vraisemblablement d’agir tant que les effets de la pandémie se feront sentir. Grâce à ce soutien, les économies de la zone seront ainsi en meilleure situation pour résister aux divers impacts (nouvelles vagues de la pandémie, reconfinements éventuels…).

Pour autant, les gouvernements doivent faire face à un choix impossible : la mort sanitaire ou la mort économique. Or, les fluctuations économiques sont actuellement guidées par les évolutions de la situation sanitaire. Face à une reprise inégale – l’industrie continue de résister tandis que les services paient le plus lourd tribut aux restrictions à la mobilité -, nos dirigeants sont appelés à poursuivre leur politique de soutien budgétaire tandis que les entreprises hésitent à investir et que la défiance des ménages s’accroît.

Dans ce contexte, j’ose croire que ce matelas de liquidités sera utilisé intelligemment car n’oublions pas qu’il s’agit de dettes à rembourser et il ne faudrait pas que l’« effet de levier » espéré ne se transforme en « effet de massue ».

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