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La Banque de France vient de publier son Rapport annuel 2020, c’est l’occasion de se pencher sur son bilan afin de comprendre comment l’institution a absorbé la crise du Covid-19 ainsi que les crises passées de la zone euro. Il faut en effet se rappeler que si la Banque centrale européenne (BCE) prend les décisions de politique monétaire, celles-ci sont mise en œuvre dans chaque pays par les banques centrales nationales. C’est à ce niveau qu’il faut porter son regard.
On constate d’abord que le total du bilan est passé de 1141 milliards d’euros en 2019 à 1740 milliards d’euros en 2020 (page 105), soit une augmentation de 34% ! C’est l’effet de la crise du Covid-19 qui se traduit notamment par des « concours aux établissements de crédit » (poste A5, page 112) qui passent de 95 à 395 milliards d’euros, soit 300 milliards de prêts aux banques en plus pour qu’elles puissent se refinancer. Ces concours de la Banque de France se font sous la forme de financement à court terme et de LTRO (Long term refinancing operations, prêts à long terme). Les banques replacent une partie de ces liquidités… à la Banque de France (« engagements envers les établissements de crédit », poste P2, page 113). Ce retour au point de départ montre que le marché interbancaire fonctionne mal, par défaut de confiance notamment.
Cette augmentation de bilan se fait, rappelons-le, par un pur jeu d’écriture, c’est ce qu’on appelle la « planche à billets », c’est-à-dire de la création artificielle d’euros qui ne correspondent pas à des transactions dans le monde réel, un excès de monnaie qui entame la valeur de l’euro, et qui risque un jour de se payer en inflation.
Un autre poste intéressant est les « titres détenus dans le cadre d’opérations de politique monétaire » (A7) qui sont « les titres acquis par la Banque de France dans le cadre des programmes d’achats de titres lancés à partir de 2009 » (page 114), soit les plans de quantitative easing (QE) du passé, initiés suite à la crise des subprimes de 2008. Ce poste se monte à 769 milliards d’euros.
Ainsi, les QE du passé et celui de 2020 se montent au total à 1164 milliards d’euros (395 + 769), soit 66% du total du bilan (1740) ; les deux-tiers ! Dans cet ensemble, ce qui autrefois constituait la base et l’élément de confiance de la banque centrale se réduit à la portion congrue : l’or (2436 tonnes) est évalué dans le rapport 2020 à 120 milliards d’euros (soit 6,8% du bilan) et les avoirs en devises à 51 milliards d’euros (2,9%)…
Le bilan de la Banque de France est gonflé comme une baudruche et, dernier pourcentage mais tellement parlant et inquiétant : il représente 81,7% du PIB de la France en 2020 (1740/2130). Certes nous comparons ici un stock (le bilan) à un flux (le PIB), mais ce chiffre montre comment la Banque de France joue un rôle de lessiveuse à bons du Trésor. Elle en possède ainsi 23,30% (Agence France Trésor, page 4) et cette part ne cesse d’augmenter. Cette fuite en avant dans la planche à billets ne présume rien de bon pour l’euro, pour la stabilité des prix, pour le système bancaire et pour l’épargnant. Attention, danger !
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